Deux tours génoises, patrimoine militaire de la marine corse, ont été rénovées ces dernières années. Un enduit à la chaux couvre désormais la pierre emblématique de ces forteresses. Les habitants et les amoureux de la Corse sont outrés.
Surplombant les côtes capcorsines, elles s’étendaient jadis sur 92 km, formant une ceinture de protection. Il y a quelques siècles, elles défendaient le littoral de l’invasion des barbaresques et contrôlaient le trafic maritime. D’une centaine (96 recensées par la Direction régionale des Affaires culturelles) de tours génoises construites au XVIe siècle, seul 15 ont résisté aux ravages du temps. Ces sentinelles, devenues le symbole même du cap Corse, sont caractérisées par les pierres fabriquées avec le rocher de schiste sédimentaire.
Après des années de sollicitation par certaines mairies, en 2017, la collectivité de Corse a obtenu des subventions européennes à hauteur de 1,5 million € pour la restauration de ces tours. Deux bâtisses ont été rénovées, la tour de Miomu à Santa-Maria di Lota et la tour d’Albu à Ogliastro. La restauration a été faite avec un enduit à la chaux. La pierre apparente a cédé sa place à des murs lisses et blancs, la tour a reçu un nouveau look qui offense et divise experts et simples internautes.
La voilà bien bétonnée le tour d’Albu, cela permettra aux générations suivantes de gratter pour retrouver un vestige d’une autre époque. https://t.co/tQosHzKIFa
— A. Martin (@Tchatchwork) July 29, 2020
Ce qu’il faut savoir, c’est que ces constructions, hautes de 9 à 17 mètres et rondes pour supprimer tout angle mort et ainsi guetter facilement toute activité maritime, ont été systématiquement enduites à la chaux au moment de leur construction.
Antoine-Marie Graziani, historien et auteur du livre Les Tours du littoral de la Corse, explique à France 3 : « Ce n’est pas une nouveauté, c’est une polémique qui apparaît de manière régulière à chaque fois que l’on touche au patrimoine », et puis il rajoute : « J’ai consulté énormément de documents, et l’utilisation de la chaux était systématique. »
Sébastien Celeri, architecte du patrimoine, explique lui aussi que l’enduit à la chaux pourra « sauver l’édifice pour encore trois siècles » et que ces pierres apparentes auxquelles on est habitués et qu’on apprécie « traduisent aussi l’état d’abandon de la Corse, que l’on retrouve aussi dans les villages ».
Selon Monique Traeber-Fontana, présidente de la Fédération d’associations et de groupements pour les études corses et spécialistes des églises baroques, il n’ y a pas toujours une solution idéale. « Parfois, lorsque les bâtiments sont déjà dans un état de ruine avancé, il n’est pas forcément légitime de les restaurer dans leur état d’origine. Il faut veiller à ne pas devenir sectaire et surtout rester fidèle à la destinée d’un bâtiment », explique-t-elle à France 3.
Une troisième tour est sur le point d’être rénovée à Nonza.
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