Le parti de Laurent Gbagbo a dénoncé mardi des « irrégularités » sur la liste électorale, dont l’ex-président ivoirien est radié, comme l’inscription d’enfants ou de personnes décédées, à quatre mois des élections municipales et régionales.
Lors d’une conférence de presse à Abidjan, Habiba Touré, présidente de « Safe », un organe créé par le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) pour lutter contre la fraude électorale, a affirmé que la liste était « truffée d’irrégularités et d’éléments frauduleux ».
La Commission électorale indépendante décrédibilisée
Mme Touré, également cheffe de cabinet de Laurent Gbagbo a d’abord assuré, captures d’écran de la liste à l’appui, que des mineurs « entre 3 et 14 ans » étaient inscrits.
Puis, elle a relevé des noms de personnes « nées au XIXe siècle » avant d’évoquer le cas de personnalités décédées, mais toujours inscrites comme le père de la littérature ivoirienne Bernard Dadié, mort en 2019. Enfin, Mme Touré a déploré le fait que plusieurs personnes condamnées pour des crimes, et donc supposément déchues de leurs droits civiques et politiques, sont toujours inscrites sur la liste électorale.
Selon elle, ces cas « décrédibilisent totalement la Commission électorale indépendante (CEI), qui apparaît comme un outil pour éliminer des adversaires politiques, plutôt que comme une autorité administrative indépendante ». Interrogé par l’AFP mardi, un porte-parole de la CEI n’a pas souhaité faire de commentaire et rappelé que des recours pouvaient être faits jusqu’au 10 juin prochain.
« Tous les moyens légaux » pour inscrire Laurent Gbagbo
Le 20 mai dernier, la commission avait publié la liste électorale sans le nom de M. Gbagbo, indiquant qu’il faisait partie des 11.000 personnes déchues de leurs droits civiques et politiques, suite à une condamnation. Si M. Gbagbo a été acquitté par la justice internationale de crimes contre l’humanité commis lors de la sanglante crise post-électorale de 2010-2011, il reste sous le coup d’une condamnation à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire pour le « braquage » de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en 2011.
Cette condamnation, prononcée en 2018 alors qu’il était emprisonné à la Haye, avait entraîné la déchéance de ses droits civiques et politiques et donc sa radiation des listes électorales. Le PPA-CI a affirmé dimanche qu’il se donnerait « tous les moyens légaux » pour l’inscrire. Après les violences meurtrières de la présidentielle de 2020, la Côte d’Ivoire a connu une période d’apaisement du climat politique. Mais ces dernières semaines ont été marquées par des tensions entre le camp de l’actuel président Alassane Ouattara et celui de Laurent Gbagbo, opposés lors de la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3000 morts.
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