Côtes-d’Armor : 2 hectares de poireaux bio détruits, faute d’acheteurs

Par Emmanuelle Bourdy
4 mai 2022 20:06 Mis à jour: 4 mai 2022 20:08

Contraints de détruire 2 hectares de poireaux, faute d’avoir pu les vendre, des maraîchers installés dans les Côtes-d’Armor déplorent le fait que les consommateurs n’aient plus les moyens d’acheter des produits bio.

Basés à Trévou-Tréguignec, une commune située à environ 14 km de Lannion, les deux maraîchers, Pierre Adam et son fils Matthieu, exploitent 120 ha de terre dans le Trégor et sur lesquelles ils cultivent neuf légumes différents. Mais récemment, ils ont dû détruire une partie de leur production, les consommateurs se détournant de plus en plus du bio en raison notamment de la crise du pouvoir d’achat et de la concurrence étrangère, rapporte France 3 Bretagne.

Il ne s’agit pas de « surproduction mais de sous consommation »

Au total deux hectares de poireaux doivent être broyés, ce qui représente une perte de chiffre d’affaire de 30 000 € pour le père et le fils. Pierre Adam explique qu’il ne s’agit pas de « surproduction » mais de « sous consommation », et faute d’avoir pu trouver des acheteurs à temps pour ses poireaux bio, ces derniers sont montés en graine. « Les consommateurs n’achètent pas les produits bio parce qu’ils n’en ont pas les moyens et aussi parce que les prix sont trop élevés », précise encore à France 3 celui qui s’est converti au bio il y a 10 ans, à un moment où la demande était là.

Outre ce facteur, Mathieu Adam et son père s’insurgent contre les prix appliqués en rayons, qui ne tiennent pas compte du fait que le prix d’achat a été revu à la baisse. Les deux maraîchers vendent leur production à la coopérative Prince de Bretagne, et ces derniers les redistribuent aux grandes surfaces ainsi qu’à quelques grossistes.

« C’est vrai que les surfaces détruites le sont surtout dans des grosses exploitations, c’est logique », indique encore Pierre Adam. « Celui qui est en circuit court commercialise à peu près sa marchandise, peut-être pas en totalité, mais le circuit court ça peut être une solution, mais pas à grande échelle », poursuit-il.

D’autres maraîchers dans la même situation

Un autre point a été soulevé par le président de la Frab, Julien Sauvée. Il indique en effet que « depuis le 1er janvier, les cantines devraient s’approvisionner avec 20 % de produits bios ou locaux, aujourd’hui on n’en est à 4 % seulement. Et on entend des maires qui disent qu’ils ne trouvent pas de produits bio donc on est bien sur la difficulté d’accessibilité de ces produits. Il faut qu’on travaille là-dessus ». Il considère en outre que si le bio a fait ses preuves en termes de quantité et de qualité, l’accent n’a pas suffisamment été mis sur la distribution, qu’il estime être « l’enjeu du moment ».

Mathieu et Pierre Adam, dont l’exploitation compte huit salariés, ne sont malheureusement pas les seuls maraîchers dans cette situation. Quatre autres maraîchers basés dans le Trégor et plusieurs autres encore, du côté de Saint-Malo, subissent la même chose, précise France 3.

Pour l’heure, des associations caritatives vont pouvoir récupérer les poireaux qui peuvent être sauvés, et ce qui restera sera donc détruit. Les maraîchers s’inquiètent de savoir si les pommes de terre vont ou non connaître le même sort ? Elles sont actuellement arrachées au compte-goutte, alors que l’an dernier à la même époque, tout avait été vendu.

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