Un réfugié né en Syrie et soupçonné d’avoir appartenu au groupe Etat islamique (EI) est au cœur de l’enquête des services antiterroristes après le coup de filet visant sept hommes suspectés de projeter une « action violente » et qui a eu lieu lundi, dans le Finistère.
Interpellés à Brest et dans plusieurs communes du département, ces sept hommes âgés de 16 à 38 ans transférés mercredi soir au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), devaient être présentés dans les prochaines heures à la justice antiterroriste. Selon des sources concordantes, ils sont soupçonnés d’avoir préparé un projet d' »action violente » en France.
Parmi eux, figure un homme né en Syrie et arrivé en France début 2015. Ce trentenaire, qui disposerait d’un passeport palestinien, a obtenu le statut de réfugié quelques mois après son entrée sur le territoire français, selon une source proche de l’enquête. D’après des sources concordantes, Mohammad D. est soupçonné d’avoir appartenu au groupe Etat islamique (EI).
Selon une des sources proches de l’enquête, il s’agirait du personnage central de cette cellule, démantelée dans le cadre d’une information judiciaire pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».
Bénéficiant probablement d’une « aura » liée à son passé d’ancien membre de l’EI, ce trentenaire a agrégé autour de lui une communauté de personnages radicalisés de la région brestoise suivis depuis des années par les services spécialisés.
Parmi eux, le responsable d’une boucherie halal de Brest qui a servi de lieu de rendez-vous à ce petit groupe où figuraient également quelques convertis et un lycéen de 16 ans, fils d’un commerçant brestois.
Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, le propriétaire de la boucherie, Wahid B. âgé d’une trentaine d’années, avait été interpellé après avoir mimé un tir à l’arme automatique au passage d’une patrouille de police.
Après son interpellation, 15.000 euros avaient été découverts à son domicile ainsi que des images de propagande islamiste, selon le quotidien régional Le Télégramme. Cette affaire lui avait valu une condamnation à trois ans de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme ».
Ce commerçant brestois est par ailleurs soupçonné d’avoir voulu se rendre en Syrie en septembre 2014, en compagnie de son épouse – décrite par les autorités comme radicalisée- et de leurs deux enfants mineurs.
Si aucune arme et aucun explosif n’ont été découverts lors des perquisitions menées lundi, les enquêteurs ont néanmoins mis à jour plusieurs découvertes inquiétantes comme des tutoriels récemment téléchargés permettant la confection d’explosifs ou de poison, mais aussi du matériel de propagande et plusieurs allégeances au nouveau calife de l’Etat islamique.
Selon les investigations, les suspects auraient également cherché à se procurer des armes et évoqué des « cibles » potentielles, par exemple des grands rassemblements.
En octobre, un Tunisien avait été interpellé avec des proches, par la DGSI, dans le nord de la France, mis en examen et écroué. Il est soupçonné d’avoir combattu en Syrie-Irak avant de rentrer en Europe en 2017, probablement via l’Allemagne. Si les enquêteurs n’avaient pas mis au jour de projet d’attentat, son profil questionne les services, avait commenté à l’automne, une source proche du dossier.
Interrogé sur BFMTV jeudi matin, le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez a rappelé que le risque terroriste demeurait « très élevé » en France en précisant que 60 attentats avaient été déjoués depuis fin 2013.
« On saura à l’issue de ces investigations si nous avons eu, ou pas, le 61e », a-t-il indiqué.
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