Donald Trump présentera dès samedi après-midi une candidate pour succéder à la progressiste Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême, fort d’une majorité consolidée au Sénat, bien décidée à voter sur sa confirmation sans attendre l’issue de la présidentielle américaine.
Les démocrates sont vent debout, arguant qu’il faudrait attendre l’élection du 3 novembre, qui opposera Donald Trump à Joe Biden, avant tout vote.
Car les enjeux sont immenses. Si le Sénat, à majorité républicaine, confirme sa candidate, le président aura placé trois juges, nommés à vie, au temple du droit américain qui en compte neuf au total.
De quoi ancrer dans le camp conservateur pendant des décennies cette institution qui tranche, aux Etats-Unis, les principales questions de société.
??#EtatsUnis Pourquoi la bataille de succession à la Cour Suprême américaine, au delà de l’enjeu crucial sur les droits fondamentaux (IVG, peine de mort, Obamacare), pourrait aussi (dé)faire le scrutin du 3 novembre prochain, explications de @SimonGrivet de @univ_lille ⤵️ pic.twitter.com/lXzUfre5sT
— Pauline Paccard (@PaulinePaccard) September 23, 2020
Bouleverser la campagne électorale
Le décès vendredi à 87 ans de Ruth Bader Ginsburg, icône féministe de la gauche américaine, a ainsi bouleversé la campagne électorale, jusqu’ici dominée par la pandémie de Covid-19 qui a fait plus de 200.000 morts aux Etats-Unis.
Donald Trump pourrait, avec la bataille pour le contrôle de la Cour suprême, remobiliser sa base.
En 2016, beaucoup d’électeurs chrétiens évangéliques sceptiques face au milliardaire deux fois divorcé avaient été convaincus de voter pour lui grâce à sa promesse de nommer des juges conservateurs. Et lui avaient, en partie, offert une victoire surprise.
La dépouille de Ruth Bader Ginsburg sera exposée à la Cour suprême mercredi et jeudi, puis au Capitole vendredi. Elle sera inhumée dans l’intimité la semaine prochaine au cimetière national d’Arlington, près de Washington.
Le choix de Donald Trump annoncée samedi
D’ici là, les Américains sauront qui Donald Trump a choisi pour la remplacer: sa décision sera annoncée samedi à 17H00 heure locale, a-t-il fait savoir.
Le 45e président des Etats-Unis, qui avait dit envisager cinq magistrates, a indiqué mardi être « très proche » d’une décision.
Parmi les favorites figurent, en tête, Amy Coney Barrett, 48 ans, et une magistrate d’origine cubaine, Barbara Lagoa, 52 ans, née en Floride de parents ayant fui le régime communiste de Fidel Castro. Un atout potentiel pour le milliardaire républicain puisque cet Etat devrait jouer un rôle clé dans la présidentielle.
Cour suprême : Amy Coney Barrett, candidate rêvée de la droite religieuse américaine https://t.co/J5oAhTn96Z pic.twitter.com/FWvGlfxAVM
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) September 22, 2020
« Nous estimons absolument que nous pouvons » accomplir, avant l’élection, tout le processus de nomination, a déclaré mardi la porte-parole de la Maison Blanche, Kayleigh McEnany.
C’est le Sénat américain qui a le pouvoir de confirmer, à la majorité simple, les juges à la Cour suprême nommés par le président.
Une femme, d’origine cubaine pour la cour suprême? Barbara Lagoa serait le premier choix de D.Trump (presse américaine). C’est aussi bataille électorale. Voilà pourquoi. @F2Washington @loicdelamornais pic.twitter.com/pfoEFZCCUK
— Agnès Vahramian (@AgnesVahramian) September 21, 2020
Le chef républicain de la commission judiciaire
Le calendrier n’a pas encore été fixé et tous les regards sont désormais tournés vers le chef républicain de la commission judiciaire, Lindsey Graham. C’est lui qui fixera la date de l’audition de la candidate.
Ses 22 membres voteront ensuite pour ou contre la transmission de son dossier en séance plénière. Et le Sénat devra alors approuver, ou non, la nomination.
Il faut en moyenne près de 70 jours entre une nomination et un vote final. Mais l’équipe de Donald Trump a déjà passé au crible les dossiers des candidates et plusieurs ont récemment été confirmées à leurs postes de magistrates par ces mêmes sénateurs républicains, ce qui devrait accélérer la procédure.
Mitch McConnell, le Sénat votera « cette année »
D’autant que le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, n’a pas l’intention de perdre du temps. Le Sénat votera « cette année », martèle-t-il.
Et ce fin stratège s’est vu assuré mardi d’une majorité consolidée pour procéder au vote.
Les républicains ont 53 sièges contre 47 à la chambre haute. Il aurait fallu que quatre sénateurs de son camp sortent des rangs pour faire dérailler la procédure.
Deux sénatrices républicaines modérées se sont dites contre la tenue d’un vote avant l’élection. Mais un grand critique de Donald Trump, Mitt Romney, a annoncé mardi qu’il ne s’y opposerait pas.
Il ne reste que 42 jours avant la présidentielle et le vote anticipé a déjà démarré dans plusieurs Etat.
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