Couvre-feu à Paris : des clients verbalisés pour avoir fini leurs courses à 18h06

Par Léonard Plantain
2 février 2021 06:49 Mis à jour: 2 février 2021 06:49

Mercredi 27 janvier, alors qu’ils se dépêchaient de terminer leurs courses, plusieurs clients d’un Franprix à Paris ont été verbalisés à la sortie de ce dernier, à 18h06. Une situation qui a été largement relayée sur les réseaux sociaux.

Ce mercredi, à Paris, les clients d’un supermarché Franprix situé dans le 20e arrondissement ont été verbalisés pour non-respect du couvre-feu. Ils terminaient leurs courses à 18 h 06 quand la police est intervenue. La préfecture de police a par ailleurs confirmé à la verbalisation « du gérant et des clients » en raison de l’horaire, relate Actu Paris.

Selon la préfecture : « Le gérant de ce commerce avait déjà été mis en garde. » Cependant, pour 6 minutes, la pilule ne passe pas pour les clients, qui dénoncent un manque d’humanité et de lucidité face à une situation déjà compliquée.

Selon Arnaud Cosson, un des clients ayant témoigné sur les réseaux sociaux, cette situation « en dit long sur ce qui se passe en ce moment en France ». Il raconte : « Je vais vous raconter une anecdote qui m’est arrivée hier. Une anecdote sur le contexte liberticide, sur l’absurdité, le manque d’humanité et d’empathie de certains policiers qui souffrent déjà bien assez de leur image. »

Il commence : « Avec ma chérie nous arrivons à 200 m de chez moi, il est 17 h 53. N’ayant pas eu le temps de faire nos courses, nous décidons de prendre le nécessaire dans un Franprix. Nous faisons la queue, une dizaine de personnes devant nous, une 20aine derrière. Le responsable accélère la cadence, commence à baisser un rideau, nous payons, nous sommes sur le point de sortir, il est 18 h 04 ».

D’un coup, 4 policiers arrivent, « en tête le major, les yeux injectés de sang » qui déclare : « Plus personne ne sort, pièces d’identité, c’est pas compliqué tout le monde sera verbalisé !!! » « Ce sont ses premiers mots, pas un bonsoir. Je crois à une blague, mais non », précise Arnaud.

L’instant d’après, « on présente nos papiers, on essaye de leur faire entendre raison, je lui présente notre attestation qui explique notre activité du moment qui est censée justifier notre présence tardive », mais le chef de brigade ne veut rien entendre et répond sèchement : « Je m’en fous de votre attestation, elle sert à rien ! Si vous aviez été dans la rue ok. Là vous êtes dans un magasin qui devrait être fermé. Donc vous pouvez en vouloir au gérant, c’est de sa faute ! »

Ce à quoi Arnaud répond : « Non ce n’est pas de sa faute, les gens font leurs courses en fin de journée, certaines personnes ne peuvent pas faire autrement, elles ont un boulot, alors forcément vers 18 h ça bloque. »

« C’est pas mon problème », rétorque alors le chef de brigade. « Donc là on va prendre une contravention ? » demande Arnaud. Mais à partir de là, « il nous ignore ». C’est son jeune collègue, « qui visiblement applique les ordres, mais qui semble bien ennuyé de suivre ces directives, qui nous répond un peu gêné : ‘Apparemment, oui' ». Résultat, chaque client a reçu 135 euros d’amende.

Cette scène a également été décrite par Aurélie Sfez, une journaliste présente avec « une poignée de clients qui ont couru comme moi pour trois steaks hachés, des couches et du yaourt. Les policiers sont arrivés en opération commando, ils nous ont crié dessus » :

De son côté, Arnaud ne décolère pas : « Je n’ai rien contre la police, je leur trouve bien du mérite vu le contexte actuel. Mais lui là, c’était un p***** de *******. Voilà aujourd’hui en France, on prend des contraventions parce qu’on a débordé de 6 minutes de ce p***** de couvre-feu qui nous rend déjà bien assez chèvres. On en est là. Est-ce qu’on est en train de vivre nos dernières heures de liberté ? »

« On est sur quelle planète ? On devrait continuer de s’indigner face à la violence envers les policiers… mais en ayant à faire face à ce genre de mec, qui alimente et attise la rancœur des plus sensibles, on ne s’étonnera plus dans quelques mois que certains explosent », déplore-t-il.

Interrogé par 20 Minutes, un témoin a affirmé avoir échangé avec un policier sur place, qui lui aurait expliqué que les policiers étaient déjà venus « quatre fois » pour dire au gérant de fermer « à 18 heures pile ». Sur le moment, le policier lui a assuré que les clients ne seraient pas verbalisés, mais cela n’a pas été le cas.

Selon la Préfecture de police : « Les policiers ont procédé au contrôle du magasin et ont découvert la présence de clients à l’intérieur après le début de couvre-feu. Le gérant et les clients étaient contrôlés et verbalisés en application stricte des règles du respect des mesures du couvre-feu. En effet, s’agissant des clients, seules les activités correspondant aux motifs de sortie avec attestation peuvent être faites pendant le couvre-feu, lesquelles n’incluent pas les courses alimentaires. »

De son côté, l’enseigne Franprix a confirmé l’intervention des forces de l’ordre avant l’heure du couvre-feu : « Il y avait une dizaine de clients dans le magasin à ce moment-là. » Les policiers ont alors dit au gérant de fermer son magasin « à 17 h 50 pour être vide à 18 heures. » Ce qui n’a pas été respecté.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.