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Covid-19 : l’examen des «RKI-files» se poursuit, de nouvelles révélations

août 4, 2024 19:47, Last Updated: août 4, 2024 19:47
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Plus d’une semaine après la publication des « RKI-files » non biffés sur la gestion de la crise du Covid-19 en Allemagne, la polémique enfle de plus belle, de nouvelles révélations venant nourrir une controverse déjà bien installée. L’une d’entre elles : en mars 2024, avant de publier les procès-verbaux de ses échanges avec le gouvernement fédéral de février 2020 à avril 2021, l’Institut Robert-Koch aurait préalablement modifié leur contenu, en plus de noircir certains passages, dénonce le Pr Stefan Hombourg auprès d’Epoch Times. Pour l’universitaire, cette altération de la vérité est une action illégale qui, en droit allemand, constitue un délit de faux.

« Explosifs ». À l’instar de Der Spiegel et du Berliner Zeitung, la presse outre-Rhin n’hésite plus à employer ce terme pour qualifier le contenu des fameux « RKI-files ». Le 23 juillet, Aya Velázquez, une journaliste indépendante, dévoilait l’intégralité de ces fichiers obtenus par le biais d’un employé anonyme de l’Institut Robert-Koch. Inaltérés, ces documents contiennent les procès-verbaux des communications entre le gouvernement fédéral et la cellule de crise de cet institut national de santé publique durant l’épidémie de Covid-19, de février 2020 à juin 2023.

Comme l’a rapporté Epoch Times dans un article détaillant les premières découvertes issues de ces « RKI-files », les documents dévoilés jusqu’à présent montrent des divergences d’opinions marquées entre experts scientifiques et responsables politiques durant cette période. « Pandémie de non-vaccinés », port du masque FFP2 en extérieur, ou encore fermeture des écoles, autant de sujets sur lesquels l’organisme d’État adoptait en interne un positionnement à rebours de celui des décideurs politiques, sans toutefois les contredire en public.

Par exemple, en ce qui concerne le port du masque en extérieur, devenu obligatoire dans l’espace public fin avril 2020, les « RKI-files » indiquent que l’établissement fédéral avait pourtant souligné, à plusieurs reprises entre octobre 2020 et janvier 2021, l’absence de preuves scientifiques corroborant l’efficacité de cette mesure en dehors du secteur médical.

Depuis le 23 juillet, l’examen des fichiers se poursuit. On apprend désormais que l’institut notait dès le 9 mai 2020 qu’« il n’y a aucune preuve de l’utilité du port du masque à l’extérieur ».

En revanche, les procès-verbaux des délibérations internes venant d’être passées au crible font état d’une adhésion du centre épidémiologique à d’autres mesures sanitaires controversées. « Même si le RKI, en tant qu’autorité liée par des instructions, a été soumis à de nombreuses décisions arbitraires de la part de politiciens, il a également lui-même promu de nombreuses mesures Covid irrationnelles, sans aucune preuve – même pour les enfants », écrit Aya Velázquez sur son site Internet ce 2 août dans le cadre d’un long article, où elle égrène, à partir de ces fichiers, une série de découvertes sur la période allant de mai à décembre 2021.

Volte-face sur les masques dans les établissements scolaires

Parmi les mesures soutenues, le port du masque pour les enfants à l’école, auquel l’institut Robert-Koch s’est initialement opposé en cas de faible taux d’incidence, avant d’opérer un virage à 180 degrés, seulement une semaine plus tard, selon les documents disponibles. « Au Schleswig-Holstein, l’obligation de porter un masque dans les écoles va être supprimée. Cela correspond à nos recommandations : si l’incidence est inférieure à 35, pas d’obligation de porter un masque pour les étudiants plus jeunes, optionnel pour ceux plus âgés », peut-on ainsi lire dans une entrée en date du 9 juin 2021.

Mais le 16 juin, voilà qu’il appelle désormais les plus jeunes à se masquer au nom de la « solidarité » envers les plus « vulnérables », et ce en dépit des faibles taux d’incidence. « La recommandation selon laquelle les personnes vulnérables devraient se protéger avec des masques FFP2 n’est pas utile, car elles ne peuvent souvent pas porter de masques FFP2. Ici, une forme de solidarité est nécessaire. Les jeunes devraient être spécifiquement ciblés », estimait désormais l’organisme, affirmant même, le 25 juin, que « le port du masque […] devrait toujours être respecté indépendamment des seuils d’incidence ».

Pourtant, le 30 juin, constatant une hausse du nombre de cas, le RKI notait qu’il s’agissait là d’« une indication que les mesures de lutte contre les infections dans les écoles ne préviennent ni la transmission ni la maladie ». Le 7 juillet, celui-ci l’expliquait in fine en raison d’un manque de respect des geste barrières… par les enfants : « L’augmentation des infections respiratoires aiguës montre une diminution de la conscience du risque et de la distanciation sociale. »

Pour rappel, au cours de l’épidémie du Covid-19, diverses études scientifiques ont montré que le port du masque était efficace pour réduire transmission et contamination, tandis que d’autres travaux de recherche ont conclu à une inefficacité de cette mesure prophylactique, voire à une efficacité négative. Le 30 janvier 2023, la prestigieuse revue Cochrane Library, dont les travaux constituent un gold standard de la médecine fondée sur les preuves, a publié une étude sur l’effet des masques dans la transmission des virus respiratoires aigus. Ses résultats, accusés par quelques pro-masques d’être « biaisés », signalent que l’absence de masque, comparée au port d’un masque chirurgical, fait probablement « peu ou pas de différence » dans le nombre de malades atteints d’une grippe ou d’un Covid (confirmés par un test de laboratoire).

En cela, cette analyse rejoint les conclusions d’une importante étude financée par l’Université de Hong-Kong, soutenue par l’Organisation de la santé, et publiée en mai 2020, quelques mois après le début de l’épidémie de Covid-19. Celle-ci stipule que même si « des études mécanistiques soutiennent l’effet potentiel des masques et de l’hygiène des mains, les preuves issues de 14 essais contrôlés randomisés sur ces mesures n’ont pas démontré un effet substantiel sur la transmission ».

« L’Institut Robert-Koch a légitimé la vaccination des enfants par des raisons non épidémiologiques »

Le RKI s’est également positionné favorablement envers une vaccination des plus jeunes, bien qu’en même temps, celui-ci reconnaissait que les « enfants présentent peu de risques de développer une forme grave de la maladie » (30 juin 2021, page 9).

Le 19 mai, il remarquait aussi que « même si la vaccination des enfants n’est pas recommandée par la Commission permanente de vaccination, Jens Spahn prévoit quand même un programme de vaccination », précisant le 28 mai qu’il n’existe pas encore de données de sécurité disponibles sur la vaccination des enfants.

Mais à partir du mois de juillet, l’Institut Robert-Koch semblait s’être décidé à promouvoir l’injection à destination de cette population. Tout d’abord, le 14 juillet, pour inciter les jeunes dès 20 ans à se vacciner, il estimait nécessaire de rendre la vaccination « cool ». Puis le 30 juillet, évoquant les discussions autour de l’extension de la vaccination aux « enfants en bonne santé » de 12 à 17 ans, il écrivait que « les objectifs de vaccination doivent être redéfinis » : « Auparavant, l’objectif était de prévenir les cas graves/décès et la surcharge du système de santé. Si la prévention des cas légers, des conséquences psychologiques, etc. étaient également inclus comme objectifs, cela modifierait l’évaluation ». En d’autres termes, « la vaccination des enfants a été légitimée par des raisons non épidémiologiques, telles que les “conséquences psychologiques“ », estime Aya Velázquez.

Pourtant, plusieurs procès-verbaux font état de la connaissance en interne des taux d’infections élevés « inquiétants » dans les pays avec un fort taux de vaccination, dès mai 2021. Le 30 juin suivant, l’établissement fédéral partageait quelques raisons pour expliquer cette hausse des infections, citant « une combinaison de plusieurs facteurs », tels qu’« un assouplissement prématuré des mesures avec des personnes non-vaccinées ou partiellement vaccinées » et une « conformité insuffisante aux mesures d’hygiène ».

Chose surprenante, celui-ci est allé jusqu’à affirmer que « les données sur l’efficacité des vaccins ont été déterminées pendant que l’application des mesures d’hygiène était en vigueur, c’est-à-dire qu’une efficacité de 90 à 95 % des vaccins à ARNm s’applique lorsque des masques sont portés ; la pression infectieuse augmente à mesure que le nombre de personnes portant des masques diminue ».

En résumé, « tous les facteurs possibles ont été pris en compte pour expliquer ce phénomène — sauf, bien sûr, la vaccination elle-même », tacle Aya Velázquez. D’ailleurs, malgré ces résultats peu probants, la recommandation du RKI du 30 juin reste claire : « Intensifier les campagnes de vaccination, considérer la vaccination comme une préoccupation mondiale ».

Vaccinés et non vaccinés : le RKI pour des restrictions sans distinction

La semaine dernière, la découverte de l’opposition de l’agence chargée du contrôle des maladies à la théorie de la « pandémie des non-vaccinés », notamment promue par Jens Spahn, avait fait polémique, l’organisme se voyant accusé de ne pas l’avoir démentie à cette époque. « Les médias parlent d’une pandémie de non-vaccinés. D’un point de vue technique, ce n’est pas correct. Toute la population y contribue », écrivait-il bel et bien le 5 novembre 2021.

Néanmoins, selon les documents fuités, l’Institut Robert-Koch n’était pas opposé à l’idée d’imposer des restrictions politiques de libertés aux non-vaccinés pour les inciter à se faire vacciner, à condition que les mesures sanitaires soient, ultérieurement, de nouveau appliquées à tout le monde, tant aux vaccinés qu’aux non-vaccinés. « À court terme, une plus grande sévérité, et donc une pression sur les personnes non vaccinées, a du sens ; à long terme, les mesures pour les personnes vaccinées doivent à nouveau être renforcées », écrivait l’établissement le 8 septembre 2021, à la page 14.

Le 5 novembre, après avoir contesté l’existence d’une pandémie de non-vaccinés, l’institut demandait en effet « si exclure les vaccinés de la mise en quarantaine était toujours justifié ». Avant de reconnaitre : « La communication ne peut pas être modifiée. Cela provoquerait une grande confusion. […] Mettre sous quarantaine des gens qui se sont doublement vaccinés est incompréhensible ». Et de noter le 12 novembre : « Jusqu’à présent, il a toujours été important pour le législateur de souligner les avantages pour les personnes vaccinées, y compris le fait que les personnes vaccinées provenant de zones à risque sont exemptées de quarantaine ». De quoi se demander si certains responsables politiques ont délibérément laissé croire aux citoyens qu’ils retrouveraient leur liberté de manière permanente après la vaccination, tout en sachant pertinemment que cette promesse ne serait pas tenue.

Les rappels vaccinaux, un vœu, à l’origine, de Pfizer

Autre découverte issue des « RKI-files » : ceux-ci révèlent que les rappels vaccinaux étaient en réalité une question hautement politisée. Le 30 juillet 2021, cette mesure « est en train d’être discutée à l’OMS », mais sa mise en œuvre « est essentiellement réclamée par des politiciens et par Pfizer », constatait le RKI, qui précisait, sans détour : « Pas suffisamment de données à ce jour ».

Le 3 septembre, il soulignait : « De nombreuses discussions à l’échelon national et international sur la vaccination de rappel, avec des avis divergents, sont très influencées politiquement. Le rapport du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) ne voit pas d’urgence pour les vaccinations de rappel ».

Et le 29 octobre : « Le ministre a recommandé la vaccination de rappel pour tout le monde (mais ce n’est pas encore recommandé par la Commission permanente de vaccination) et la double vaccination pour les personnes guéries (l’OMS n’a pas encore de données à ce sujet). Question : quel est réellement le bénéfice supplémentaire ? »

« Tentatives d’harmoniser la politique Covid entre l’Allemagne et la France »

Au-delà des procès-verbaux, les documents qui ont fuité à l’initiative d’un employé de l’institut Robert-Koch contiennent des correspondances privées, ainsi qu’une lettre du 25 juin 2020 signée d’Emmanuel Macron et adressée à l’épidémiologiste suisse Didier Pittet, chargé de présider la mission d’évaluation de l’exécutif sur la gestion de la crise Covid. Partagé sur son site Internet par Aya Velázquez, ce courrier, qui détaille les attentes du président de la République sur ce projet, était néanmoins déjà accessible au grand public, disponible ici.

La journaliste a également mis en ligne un email du Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique durant la crise sanitaire, envoyé le 25 octobre 2020 à l’institut Robert-Koch, mais aussi une liste de destinataires qui incluent, notamment le Government Office for Science (GO-Science) au Royaume-Uni, l’Institut supérieur de la santé en Italie, ou encore l’Institut de santé Carlos III en Espagne.

Dans ce message, le scientifique demandait si « nous ne devrions pas encourager nos gouvernements à donner une réponse qui, si elle n’est pas identique, soit au moins coordonnée », citant « deux avantages » : d’une part, « une meilleure perception de la situation par les citoyens des différents pays » et, d’autre part, « une meilleure acceptation des mesures si, au lieu d’être prises pays par pays, elles reflètent une vision plus globale ».

Aux yeux de la journaliste, cet échange fait état des « tentatives évidentes d’harmoniser la politique de lutte contre le Covid entre l’Allemagne et la France » en vue de favoriser « une meilleure acceptation par la population ».

Cette vision, Jean-François Delfraissy la prônait toutefois ouvertement plusieurs mois plus tôt. Dans un entretien donné au média belge Le Soir le 12 avril 2020, celui-ci estimait déjà qu’« on ne peut pas avoir des réponses chacun dans son coin » et que « les comités scientifiques doivent se rapprocher ». Et d’ajouter : « Il faudrait une réponse commune, du moins avec les sept ou huit pays européens avec lesquels nous partageons la même approche. Il ne serait pas souhaitable qu’un pays décide de rendre le masque obligatoire et l’autre pas. Plus il y aura de décisions partagées, mieux ce sera. Sinon, les citoyens européens ne comprendraient pas. J’ajoute que les décisions seraient aussi mieux acceptées car elles seraient perçues comme le fruit d’un consensus et non pas comme la décision d’un gouvernement national contre lequel on peut ne pas avoir confiance. »

Pour le Pr Stefan Homburg, qui analyse les documents fuités au côté d’Aya Velázquez, il s’agissait là de viser une stratégie « permettant aux gouvernements de pouvoir justifier leur politique sanitaire désastreuse en faisant valoir que leurs voisins avaient adopté les mêmes mesures », confie-t-il à Epoch Times.

Origine artificielle du virus : une hypothèse possible dès janvier 2020, y compris pour ses détracteurs

Au fur et à mesure de l’analyse du contenu des « RKI-files » et des éléments d’informations qui en ressortent, de nouvelles questions sont également soulevées. L’une d’entre elles vient du Pr Roland Wiesendanger, physicien renommé au sein de la communauté scientifique : Christian Drosten, virologue allemand à l’hôpital de la Charité, et le gouvernement allemand savaient-ils depuis le début de l’épidémie que le virus n’était pas d’origine naturelle ?, s’interroge-t-il dans une note de blog.

Une hypothèse formulée sur la base d’une photo qui aurait été prise par un employé de l’institut le 5 février 2020 lors d’une conférence donnée par Victor Corman, également virologue à l’hôpital de la Charité, lequel travaille étroitement avec Christian Drosten. Présente dans les « RKI-files », cette image montre une diapositive pointant l’existence dans le séquençage du virus d’un site de clivage de la furine. Un morceau du génome du Sars-CoV-2 dont la « présence y est tellement remarquable que de nombreux scientifiques y voient une raison suffisante pour considérer l’hypothèse d’une fuite de laboratoire », rapportait le Figaro en janvier 2021.

Pour rappel, c’est ce site qui est largement responsable de la grande capacité du virus à infecter les cellules humaines, alors que les virus de la famille du Sars-CoV-2 ne comportent pas de tel séquençage. En d’autres termes, sa présence tend à confirmer la piste d’une modification génétique du virus en laboratoire. Et cette image prouve que cette information « était déjà connue au sein des cercles d’experts nationaux dès février 2020 », souligne le Pr Wiesendanger.

Pourtant, le 19 février 2020, Christian Drosten, au côté d’autres scientifiques, publiait un papier dans la revue média The Lancet dans lequel celui-ci écrivait : « Nous nous unissons pour condamner fermement les théories du complot suggérant que le Covid-19 n’est pas d’origine naturelle. » Une déclaration qui visait, selon leurs propres termes, à témoigner de leur « solidarité envers les scientifiques et professionnels de santé chinois qui protègent la santé mondiale » durant la crise du Covid-19 et à « soutenir l’appel du directeur général de l’OMS pour promouvoir […] l’unité face à la désinformation ».

De quoi susciter un certain étonnement au regard de la chronologie des évènements qui avaient précédé et qui sont désormais connus du public. Le 8 mars 2023, le Parti républicain américain, majoritaire à la Chambre des représentants, a organisé une audition sur les origines du Covid-19. À cette occasion, Robert Redfield, virologue et ancien directeur des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), a témoigné avoir tout de suite pris au sérieux la piste d’une fuite de laboratoire, à cause de « la biologie du virus lui-même, dont sa rapide et haute infectiosité entre humains ». Une prise de position qui lui avait d’ailleurs valu, en mars 2021, un titre incendiaire du New York Times : « L’ancien directeur du CDC favorise une théorie démentie sur l’origine du Covid-19 ».

À l’époque, il a fait part de ses analyses à ses homologues, y compris Anthony Fauci et Francis Collins, alors directeur des Instituts nationaux de santé. « En janvier 2020, j’ai dit de nombreuses fois à Fauci au téléphone que j’étais déçu que la science ne se soit pas lancée dans une enquête active » sur les deux hypothèses, a-t-il raconté. « Je leur ai dit que, en tant que virologue, je ne trouvais pas du tout que ça ressemblait au Sars ou au Mers… ».

Or, le 1er février 2020, Jeremy Farrar, chercheur britannique et Scientifique en chef de l’OMS depuis 2023, a organisé un appel incluant Fauci et Collins, auquel Redfield n’a pas été convié, mais auquel Christian Drosten a pris part. « Il y avait eu une décision a priori qu’il y avait un seul narratif à mettre en avant et que quiconque n’était pas d’accord serait écarté. Je n’étais jamais que directeur du CDC et j’ai été écarté », a ironisé Robert Redfield. Une situation de blocage corroborée à cette même occasion par Jamie Metzl, chercheur en génétique, ancien de l’OMS et du gouvernement Clinton : « Quand certains ont commencé à soulever cette théorie, on a fait face à un consensus fabriqué dont je ne trouvais pas la justification. On a tenté de placer des papiers dans des revues scientifiques, sans aucun succès, il y avait un mur… », a-t-il témoigné, ajoutant un peu plus tard « qu’il n’y a aucun doute que les NIH finançaient des recherches sur le gain de fonction ».

Durant cette conférence téléphonique du 1er février 2020, plusieurs « caractéristiques frappante du virus du Sars-CoV-2 indiquant une origine artificielle ont été identifiées », a rappelé le Pr Roland Wiesendanger dans sa note, ajoutant : « Il est apparu clairement, au plus tard lors de la conférence de Victor Corman, documentée dans les fichiers du RKI en date du 5 février 2020, que le virus SARS-CoV-2 est très probablement un virus créé artificiellement en laboratoire ». Mais Drosten a manifestement choisi d’adopter une position identique à celle du Dr Anthony Fauci, qui reléguait cette piste au rang de « miroir aux alouettes qui disparaîtrait avec le temps ».

Aux yeux du Pr Wiesendanger, toujours est-il que l’Institut Robert-Koch et l’hôpital de la Charité « étaient au courant » des caractéristiques inhabituelles de ce virus ; aussi, « il est fort probable que les dirigeants politiques du gouvernement de l’époque en avaient également connaissance ». C’est pourquoi le physicien s’interroge : « Est-ce donc l’inquiétude suscitée par les propriétés imprévisibles d’un nouveau type de virus créé artificiellement en laboratoire qui a poussé la chancelière Angela Merkel à évoquer l’une des pires catastrophes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, lors d’une émission de télévision allemande à une heure de grande écoute ? »

« Quoi qu’il en soit, cette déclaration ne se fonde pas sur la situation épidémique de l’époque – nous le savons depuis la publication des “RKI-files“. Il faut répondre dès maintenant, et non dans quatre ans, à la question de ce qui a conduit à la mise en place de mesures sanitaires disproportionnées par les responsables politiques de l’époque », a-t-il conclu.

La Chine maintient l’opacité sur l’origine du virus

Début 2021, une équipe dépêchée par l’OMS à Wuhan pour enquêter sur les origines du Covid-19, dans la mesure de ce qui lui est permis par le régime chinois, avait penché dans son rapport d’enquête pour l’hypothèse de la transmission à l’homme par un animal.

Au sein de l’OMS, on juge encore à ce jour « hautement improbable » l’hypothèse de la fuite d’un laboratoire du pays chef de file de la très controversée stratégie zéro-Covid. À l’inverse, bien qu’il n’existe pas de consensus sur la question entre les dix-sept agences de renseignement des États-Unis, le FBI, lui, a annoncé en février 2023 juger « très probable » cette éventualité. Une piste aussi jugée « probable » par le Département américain de l’Énergie, qui possède une agence de renseignement.

En février 2023, l’hypothèse désormais privilégiée par le ministère américain de l’Énergie avait, sans surprise, suscité l’ire de Pékin : « Il convient de cesser d’agiter cette théorie d’une fuite de laboratoire et d’arrêter de salir la Chine », avait fulminé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Mao Ning, lors d’un point de presse. Toutefois, si une enquête permettrait de faire la lumière sur cette affaire, le Parti communiste fait barrage, maintenant les investigations au point mort…

Pourtant, comme l’a déclaré le Dr Steven Quay, lors d’une audition sur les origines du Covid-19 organisée le 18 juin 2024 par le Sénat américain, à partir de ses travaux : « Je peux conclure que le premier évènement d’infection au SARS-CoV-2 chez l’homme s’est produit peu après l’insertion du site de clivage de la furine dans le laboratoire », confirmant ses premières conclusions dans une étude qu’il avait rédigé pour le Département d’État fin 2020.

Covid long : une vaccination conseillée sans justification scientifique

Les dernières informations passées en revue dans les « RKI-files » viennent révéler d’autres contradictions entre avis scientifiques rendus par l’organisme d’État et déclarations des responsables politiques. L’une d’entre elles concerne l’efficacité de la vaccination contre le Covid long.

Le 29 juin 2022, il était demandé par mail à l’Institut Robert-Koch de « déterminer si la vaccination a un effet protecteur contre le Covid long ». Le lendemain, le 30 juin, celui-ci déclarait qu’il « est impossible de répondre de manière concluante à cette question, car les preuves ne sont pas encore claires à ce jour. » « Mais cela n’a pas empêché le ministre de la Santé Lauterbach de tweeter publiquement peu de temps après, le 10 juillet, que la vaccination protégeait contre le Covid long », tacle le journal allemand Berliner Zeitung.

En effet, 10 juillet 2022, l’homme politique écrivait sur X : « Le danger associé au Covid long est largement sous-estimé. […] Les gens ne devraient pas s’exposer à la légère à une infection qui peut changer leur vie. Les vaccinations réduisent considérablement le risque d’infection. » Plus surprenant, un an plus tôt, le 23 juillet 2021, celui-ci estimait déjà sur le même réseau social que, selon lui, le « Covid long est la raison la plus importante pour vacciner les enfants ».

La durée de l’immunité acquise révisée à des fins politiques ?

Une autre controverse suscitée par les « RKI-files » concerne le certificat de rétablissement. En janvier 2022, sa période de validité passait en Allemagne de six à trois mois. Ce mois-là, en France, Olivier Véran annonçait une décision semblable : la durée de validité du sésame, dont bénéficiaient les personnes se prévalant d’un résultat de test PCR ou antigénique positif, serait réduite de six à quatre mois.

Cette décision, à l’époque, avait suscité la stupéfaction, étant donné que, comme le rapportait le Figaro, les études scientifiques indiquaient une protection acquise après une infection au Covid-19 variant de six mois à deux ans, selon les recherches. À travers un raisonnement tortueux, le gouvernement français se justifiait en mettant en avant le besoin de « cohérence » et d’« harmonisation » avec la campagne de vaccination, devant suivre la logique d’une injection correspondant à une infection.

Outre-Rhin, les courriels de l’Institut Robert-Koch révèlent que ce choix était en réalité « sans fondement scientifique » et « purement politique », émanant de la Conférence des ministres-présidents (MPK) et mise en œuvre par le RKI, explique Aya Velázquez, en se basant sur un email du 11 janvier 2022.

« Nous avons préparé une proposition préliminaire contenant les spécifications techniques du certificat de rétablissement. Ces spécifications sont très étroitement basées sur les informations figurant dans les résolutions de la Conférence des ministres-présidents. Mais malheureusement, en regardant de plus près, quelques problèmes se posent. Une question ouverte : savoir si les délais peuvent être basés sur le début des symptômes, comme le stipule la résolution MPK, ou s’ils doivent être basés sur la date du test, ce que le texte du règlement met explicitement en avant. Une autre question : savoir s’il convient de parler de « troisième mois complet » pour la durée maximale, comme le fait la résolution MPK, ou de spécifier 90 jours, ce qui pourrait être plus clair », écrivait Ute Rexroth, cheffe adjointe du Département d’épidémiologie des maladies infectieuses au sein du RKI, qui précisait par ailleurs que cette nouvelle période de trois mois, au lieu de 180 jours, différait des standards internationaux.

L’Institut Robert-Koch a-t-il modifié certains des procès-verbaux en amont de leur publication en mars ?

C’est ce que dénonce le Pr Stefan Homburg auprès d’Epoch Times. Pour preuve, il s’appuie sur une entrée datant du 25 mars 2020 présente dans les documents fuités, mais absente du dossier transmis par le RKI en mars dernier. À cette date, après un procès remporté par un média allemand, Multipolar, l’institut avait dû transmettre les procès-verbaux de ses réunions de février 2020 à avril 2021, dont il avait, en revanche, noirci environ un tiers du contenu total.

Dans ce procès-verbal du 25 mars 2020, où la baisse du nombre de cas est évoquée, Ute Rexroth estimait qu’il est « risqué d’établir un lien de causalité » avec la mesure de confinement, appelant à faire preuve de « précaution » : « Nous sommes généralement à la fin de la saison grippale », rappelait la scientifique. Or, ce passage ne figure pas dans la version des fichiers de mars 2024. « Selon le droit allemand, il s’agit d’un cas d’“Urkundenfälschung“, c’est-à-dire un délit de faux », estime l’universitaire auprès d’Epoch Times.

Le Pr Homburg raconte avoir essuyé en 2020 une pluie de critiques après avoir soutenu que la vague de cas prendrait fin dans le pays même sans passer par un confinement. Pourtant, « la cheffe adjointe du Département d’épidémiologie des maladies infectieuses, Ute Rexroth, qui a préparé les fichiers et en a ensuite modifié certains, a fait la même analyse que moi (et tous les manuels d’épidémiologie) », observe-t-il. « Cependant, en public, l’Institut Robert-Koch et les politiciens se sont longtemps accrochés au mensonge selon lequel une catastrophe médicale se produirait sans confinement ».

Pour vérifier ses affirmations concernant cette altération des documents, il recommande de comparer les deux versions des « RKI-files », celle publiée au printemps dernier et celle fuitée en juillet, que l’organisme fédéral indique toutefois, dans un communiqué de presse du 23 juillet, n’avoir encore « ni contrôlé ni vérifié ». Pour ce faire, il convient de se connecter sur le site Internet rki-transparenzbericht.de.

À titre indicatif, Aya Velázquez rapportait sur X lundi dernier que leur serveur avait déjà été visé par plus de trois millions d’attaques informatiques. Bien que la page web en soit sortie indemne, l’accès aux documents était alors temporairement bloqué.

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