Une enquête, publiée par Le Parisien ce mercredi 4 janvier, a révélé l’existence d’un rapport confidentiel de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Réalisé entre la fin du mois de juin et du mois de novembre 2020, ce rapport dresse les failles et les erreurs commises par le ministère au début de la pandémie.
Parce qu’il ne pouvait pas être dévoilé au grand public, Le Parisien a mis environ deux ans pour se procurer ce rapport de 205 pages dressé par les quatre inspecteurs de l’Igas. Ce document, commandé par le ministre de la Santé de l’époque Olivier Véran, avait pour but de mettre en lumière « les réussites, les difficultés et les lacunes » du ministère dans la gestion du Covid-19 dans les premiers mois de la pandémie. Celui-ci dresse la liste de dysfonctionnements accablants tels que l’impréparation, la désorganisation et un circuit de décision « peu lisible », relatent nos confrères.
Un centre de crise sous-dimensionné
Au total, 32 recommandations ont été formulées par les quatre inspecteurs de l’Igas, afin de mieux anticiper une récidive. Ceux-ci ont tout d’abord regardé la réactivité du ministère de la Santé, face à l’annonce de la pandémie. Il s’avère que le Corruss (Centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales), qui a été activé en amont de la crise, soit le 27 janvier, s’est révélé sous-dimensionné, le service n’étant composé que de onze agents.
En cas d’activation du niveau 3, il aurait fallu impérativement « mettre en place un centre de crise véritablement ministériel » avec des renforts « préalablement désignés et formés à la gestion de crise », conseille le rapport. L’appel à des « renforts massifs » n’a été fait qu’à partir du 10 mars, soit 24 heures avant que le Covid-19 soit désigné comme pandémie mondiale par l’OMS. Cependant, les agents de « tout profil » recrutés en urgence et n’ayant pas forcément les compétences nécessaires, se sont épuisés au cours de leur mission. De plus, le rapport pointe l’activation tardive de la cellule interministérielle, celle-ci n’ayant pas été activée avant le 17 mars, à savoir la date du premier confinement.
Lorsque l’OMS a recommandé le port du masque afin d’éviter la propagation du virus, la gestion de l’achat de ces masques a été confiée à Santé publique France. Or cet opérateur extérieur au ministère a également été pointé du doigt par l’Igas, en raison d’échanges d’informations difficiles entre lui et la cellule interministérielle, « entraînant des incompréhensions parfois majeures » indique le rapport. De ce fait, les soignants ont été confrontés à un manque cruel de stocks de masques.
25 organigrammes différents en trois mois
Les agents de l’Igas dénoncent aussi l’impact important d’une « fragmentation du pilotage de la crise » sur les pensionnaires des maisons de retraite. Ils expliquent dans leur rapport que le ministère de la Santé « n’est jamais parvenu à s’organiser de manière structurée et durable », pointant plus de 25 organigrammes réalisés en trois mois, certains d’entre eux n’ayant pas été transmis qu’un nouveau était élaboré, souligne Le Parisien.
« L’organisation de la gestion de crise a connu un éclatement tel qu’au cours de la mission, aucun acteur rencontré n’a semblé en avoir une vision claire et exhaustive, quel que soit son niveau hiérarchique », stipule encore l’expertise réalisée par l’Igas, ajoutant que « ce manque de vision d’ensemble a conduit à des activités conduites en doublon, mais aussi à l’absence de prise en charge de certains sujets, en particulier par anticipation ».
Ce rapport devait permettre de « tirer les leçons de manière constructive, collective et transparente » en cas de nouvelle vague épidémique. Pour le réaliser, les inspecteurs de l’Igas ont interrogé 375 personnes, notamment des membres de cabinets ministériels, des directeurs d’agences régionales de santé, d’hôpitaux, des préfets et des élus. Le quotidien francilien précise que d’après des sources proches du dossier, ce document permettra de déterminer la responsabilité des membres du gouvernement dans cette gestion de crise sanitaire, devant la Cour de justice de la République (CJR).
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