Vingt-sept hommes en situation irrégulière, placés en centre de rétention administrative après l’évacuation mercredi d’un campement des consommateurs de crack à Paris, ont déposé un recours vendredi.
Le tribunal a rejeté 24 recours et maintenu en rétention les requérants dans un délai maximum de 28 jours. Seuls trois ont bénéficié d’une annulation de la procédure.
Ces hommes avaient été arrêtés mercredi matin dans le secteur du square Forceval, dans le nord-est de Paris, après une opération policière diligentée par la préfecture de police sur instruction du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
« Des procédures montées grossièrement »
Les recours se sont déroulés dans une annexe du tribunal judiciaire de Bobigny située au pied des pistes de l’aéroport de Roissy par la Cimade, qui dispose d’une antenne a proximité au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne).
« On condamne ce type d’interpellation d’autant que ces personnes ont besoin d’un parcours de soin, beaucoup sont en sevrage forcé », a fait valoir Louise Lecaudey, responsable régionale rétention à la Cimade. « On a affaire à des procédures à la va-vite, sans interprète. Des OQTF (obligation de quitter le territoire) ont été notifiées à des personnes venues de pays en guerre comme la Syrie, le Soudan, la Somalie », a-t-elle ajouté.
Parmi les requérants, Hamadou Diallo, 22 ans, un Ivoirien sans-abri qui a été interpellé à 09H20 et sa retenue s’est achevée à 19H02. « Dix heures sans avoir été alimenté », sans « examen sur sa vulnérabilité avant son placement en CRA », a alerté Me Sophie Weinberg. Pour cette avocate qui défend plusieurs hommes retenus, la préfecture de police a mené « des procédures de masse mais n’a pas eu les capacités à faire respecter les droits de chacun ».
« On a des procédures montées grossièrement. On a demandé à un de mes clients l’adresse de sa tente! », s’est emportée l’avocate.
Depuis plusieurs années, les autorités peinent à résoudre la problématique du crack, un dérivé fumable et très addictif de la cocaïne, baptisé « drogue du pauvre » en raison de son faible coût (10 euros la dose). Les consommateurs ont été déplacés à plusieurs reprises, au gré de la colère des riverains au nord de la capitale.
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