Lieu de rassemblement des consommateurs de crack depuis un an dans le nord-est de Paris, le campement de Forceval a été démantelé mercredi par la police dans le but d’empêcher sa reconstitution ailleurs dans la capitale, mais des élus et associations en doutent.
Entamée peu avant 07H00, l’opération d’expulsion semblait bouclée quelques heures plus tard et les abris, des cabanes ou des tentes, ont été démontés par les services de nettoyage de la ville de Paris. Quelques toxicomanes étaient visibles dans les rues environnantes, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Mais pour le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, intervenu à l’issue du conseil des ministres, « l’évacuation » avait « toujours lieu » à la mi-journée car « il y a une mobilisation des forces de sécurité sur 24 heures ».
Depuis plus de deux ans, les consommateurs de crack – un dérivé fumable et très addictif de la cocaïne, baptisé « drogue du pauvre » en raison de son faible coût (10 euros la dose) – ont été déplacés à plusieurs reprises au gré de la colère des riverains. Errant Place Stalingrad, ils ont été dirigés près du périphérique, square Forceval (XIXe arrondissement), plus à l’écart. Un mur, vite baptisé le « mur de la honte », y a même été érigé.
Sur instruction du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, un millier de policiers et gendarmes sont mobilisés pendant une semaine, selon des sources policières, afin d’empêcher toute reconstitution ailleurs.
Les riverains soulagés mais inquiets
Du côté des associations de riverains et de commerçants, c’est le « soulagement » qui prédomine, teinté d’inquiétudes. « Il y a une dispersion des usagers et dans quelques mois, on les verra dans les halls d’immeuble », prédit Marie Debrus, référente des risques liés aux usages des drogues chez Médecins du Monde.
Avertie mardi de l’opération, la mairie de Paris n’avait toujours pas officiellement réagi mercredi en début d’après-midi. Mais pour l’adjointe EELV à la santé Anne Souyris, ce démantèlement sans « dispositif global » de prise en charge des toxicomanes est « complètement contreproductif ».
En supprimant ce campement, l’objectif du gouvernement est d’en finir avec « la promiscuité entre les vendeurs et les consommateurs », a pourtant défendu Olivier Véran.
Une opération « inévitable et nécessaire »
De son côté, la Place Beauvau a précisé que « les personnes recherchées seront interpellées, tout comme les étrangers en situation irrégulière qui seront placés en CRA (Centre de rétention administrative, ndlr) en vue de leur expulsion ». « Les autres occupants seront orientés vers des dispositifs d’hébergement avec accompagnement médico-social ou dans des unités de soins ».
Pour le maire PS du XIXe arrondissement François Dagnaud, cette opération était « inévitable et nécessaire pour restaurer la vivabilité de nos quartiers » mais « pas suffisante ». La reconstitution du camp est un « risque que tout le monde doit avoir à l’esprit », a-t-il prévenu.
Laurent Nuñez a été nommé en juillet à la tête de la PP et le ministre lui a donné « un an » pour éradiquer le problème du crack. Le 25 septembre, il a promis que le site fermerait.
D’après les acteurs associatifs, entre 300 et 400 personnes la journée et 150 la nuit, dont 35 à 40% de femmes, étaient présents dans ce square. Les dealers y vendaient les cailloux (dose de crack) au milieu des consommateurs.
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