Crash du Rio-Paris: Airbus et Air France relaxés, les proches des victimes «écœurés»

Par Epoch Times avec AFP
18 avril 2023 13:15 Mis à jour: 18 avril 2023 13:19

« Responsables mais pas coupables » : quatorze ans après le crash du Rio-Paris qui a fait 228 morts, la justice française a relaxé lundi Airbus et Air France, tout en reconnaissant leur responsabilité civile, suscitant l’« écœurement » des proches des victimes.

Le tribunal correctionnel de Paris a mis hors de cause les deux entreprises sur le plan pénal, jugeant que, si des « imprudences » et « négligences » avaient été commises, « aucun lien de causalité certain » n’avait « pu être démontré » avec l’accident le plus meurtrier de l’histoire des compagnies françaises.

Le tribunal a prononcé sa décision dans une salle d’audience remplie de proches des victimes, des équipes d’Air France et d’Airbus ainsi que de journalistes. À l’annonce de la relaxe, certaines parties civiles se sont levées, stupéfaites, comme pour quitter la salle, avant de se rasseoir quand la présidente a commencé à aborder le volet civil.

Sur ce plan, le tribunal a jugé que les « fautes » des entreprises avaient conduit à une « perte de chance », soit à augmenter la probabilité que l’accident arrive, déclarant Airbus et Air France « responsables civilement » des dommages.

« Désespérance, consternation et colère »

Le tribunal a renvoyé la question de l’évaluation des dommages et intérêts à une audience le 4 septembre. « Nous attendions un jugement impartial, ça n’a pas été le cas. Nous sommes écœurés », a réagi Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF447. « Il ne reste de ces 14 années d’attente que désespérance, consternation et colère ».

« On nous dit : Air France et Airbus sont ‘‘responsables mais pas coupables’’. Et c’est vrai que nous, on attendait le mot ‘‘coupables’’ », a admis Me Alain Jakubowicz, un de leurs avocats. Le conseil a néanmoins voulu retenir la « responsabilité » civile mise en lumière par le tribunal : « non, cet accident n’est pas dû à la fatalité », « oui, cet accident aurait dû être évité ». « Ça n’a pas de sens pour moi », a réagi, la voix tremblante, Ophélie Toulliou, qui a perdu son frère dans l’accident, partageant son « sentiment d’injustice » et son « incompréhension ».

Air France « prend acte du jugement », selon un communiqué. « La compagnie gardera toujours en mémoire le souvenir des victimes de ce terrible accident et exprime sa plus profonde compassion à l’ensemble de leurs proches (…) »

Décision « cohérente », selon Airbus

Airbus a estimé que cette décision était « cohérente » avec le non-lieu prononcé à la fin de l’instruction en 2019. L’avionneur « exprime » lui aussi sa « compassion » aux proches des victimes, et « réaffirme (son) engagement total (…) en matière de sécurité aérienne ».

Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s’était abîmé en pleine nuit dans l’Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d’équipage.

Le constructeur de l’avion, Airbus, a bien commis « quatre imprudences ou négligences », selon le tribunal, notamment ne pas avoir fait remplacer un modèle de sondes Pitot, qui semblait geler plus souvent, sur tous les A330, compte tenu de la multiplication des incidents dans les mois précédant l’accident.

Air France a elle aussi commis des « imprudences fautives », a souligné la présidente Sylvie Daunis, liées aux modalités de diffusion d’une note de prévention sur le gel des sondes, adressée à ses pilotes. Cependant, « il doit être démontré que sans » ces fautes, « le décès des victimes ne se serait pas produit », ce qui n’est pas « certain », a estimé le tribunal.

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