Crash du Rio-Paris en 2009: jugement lundi pour Airbus et Air France

Par Epoch Times avec AFP
15 avril 2023 11:10 Mis à jour: 15 avril 2023 11:15

Airbus et Air France ont-ils une responsabilité pénale dans le crash en 2009 du vol Rio-Paris ? Le tribunal correctionnel de Paris se prononce lundi, quatorze ans après la catastrophe qui a fait 228 morts.

Jugés pour homicides involontaires, le constructeur européen et la compagnie française, qui contestent toute faute en lien avec l’accident, encourent 225.000 euros d’amende. Mais les enjeux de la décision dépassent de loin cette sanction.

Rappel des faits

Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro et Paris s’est abîmé en pleine nuit dans l’Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d’équipage. Dans l’A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens. Il s’agit de l’accident le plus meurtrier de l’histoire des compagnies aériennes françaises.

Les premiers débris, ainsi que des corps, ont été retrouvés dans les jours suivants. Mais l’épave n’a été localisée que deux ans plus tard après de longues recherches, entre des hauts reliefs sous-marins, à 3900 mètres de profondeur.

Les boîtes noires ont confirmé le point de départ de l’accident : le givrage des sondes de vitesse Pitot alors que l’avion était en croisière, dans la zone météo difficile du « Pot au noir », près de l’équateur. Déstabilisé par les conséquences de cette panne, l’un des pilotes a adopté une trajectoire ascendante et, dans l’incompréhension, les trois navigants n’ont pas réussi à reprendre le contrôle de l’avion qui a décroché et heurté l’océan seulement 4 minutes et 23 secondes plus tard.

Parquet : culpabilité « impossible à démontrer »

Les investigations ont montré que des incidents de sondes similaires s’étaient multipliés dans les mois précédant l’accident. Air France a-t-elle suffisamment formé et informé ses équipages ? Airbus a-t-il sous-estimé la gravité du problème et trop peu alerté les compagnies ? Ces questions ont été minutieusement débattues pendant les deux mois du procès, du 10 octobre au 8 décembre. À l’heure des réquisitions, surprenant l’audience, le parquet a demandé la relaxe des deux entreprises, estimant que leur culpabilité était « impossible à démontrer ».

Colère des parties civiles

Un réquisitoire « que les parties civiles n’ont pas accepté, exclusivement à charge contre les pilotes et en faveur de deux multinationales », a fustigé Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF447, qui représente les proches des victimes. « Ce que nous espérons, ce que nous attendons, c’est que le tribunal prononce enfin une décision impartiale et condamne Airbus et Air France, les coupables des négligences et manquements. C’est ce pourquoi nous nous sommes battus depuis pratiquement quatorze ans », a-t-elle déclaré.

Les conseils des sociétés n’ont pas souhaité s’exprimer avant le jugement. Leurs avocats avaient plaidé la relaxe, une « décision humainement difficile, mais techniquement et juridiquement justifiée », selon le conseil d’Airbus. Pendant l’audience, le tribunal a questionné experts, gendarmes, pilotes et autorités de contrôle aérien pour tenter de comprendre les réactions de l’équipage dans le cockpit mais aussi la dangerosité, à l’époque, des différentes sondes Pitot.

Décision lundi très attendue

Après la catastrophe, le modèle installé sur l’Airbus du vol AF447 a été remplacé dans le monde entier. Le drame, qui a marqué la communauté des pilotes, a entraîné d’autres modifications techniques et une formation renforcée au décrochage ainsi qu’au stress des équipages. Les débats ont été très techniques, parfois tendus entre les parties civiles et les représentants d’Airbus, accusé d’avoir « méprisé » les victimes – ce dont ils se sont défendus. Pendant cinq demi-journées, certains proches ont aussi pris la parole, rendant hommage à leurs disparus et décrivant les dégâts irrémédiables de l’accident sur leurs vies.

Lundi, le tribunal pourrait condamner les deux entreprises, sanctionner seulement l’une et pas l’autre, ou encore relaxer les deux sociétés. Cette décision très attendue intervient après une procédure-marathon, qui a déjà connu des rebondissements.

Après une décennie d’expertises, le parquet avait requis le renvoi de la seule compagnie Air France et les juges d’instruction avaient prononcé un non-lieu le 29 août 2019. Les familles des victimes et les syndicats de pilotes avaient fait appel, comme le parquet : le parquet général avait alors réclamé le renvoi des deux entreprises et, le 12 mai 2021, la chambre de l’instruction l’avait suivi, ordonnant le procès.

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