FIGAROVOX/TRIBUNE – Aurore Bergé a annoncé le 27 juillet la création d’un « passe colo » pour les enfants dès 2024. C’est l’énième illustration d’une politique des chèques qui s’avère coûteuse, inefficace et méprisante pour les Français, déplore Nicolas Lecaussin.
Rappelez-vous ! Lorsque le passe sanitaire a été instauré en juin 2021, les Français ont un peu râlé, évidemment, contre cette forme de coercition mal déguisée, mais ils l’ont finalement accepté. La perspective de devoir payer son test à chaque sortie n’était peut-être pas non plus étrangère à cette soudaine bonne volonté… Il s’agissait d’une obligation. Comment s’étonner alors qu’un passe sous forme de cadeau ne recueille pas l’unanimité ?
En février 2019, le gouvernement avait lancé le « passe culture » destiné aux jeunes. Pour quels résultats ? La Cour des comptes vient de rendre un avis sur l’élaboration et l’usage de ce passe. En décembre 2022, il comptait 2,6 millions de jeunes bénéficiaires pour un coût d’environ 270 millions d’euros par an. Entre autres données, la Cour précise qu’il y a «une forte prépondérance des mangas» dans les achats de livres, que le spectacle représente 46% des montants dépensés, la pratique artistique 19%, le cinéma 14% et la visite des musées 7%. La Cour se concentre surtout sur les aspects techniques du passe, de sa mise en œuvre et de son efficacité, dénonçant le « manque de traçabilité du service fait ». Ce qui sous-entend que personne ne sait si le passe contribue réellement à rendre les jeunes plus « cultivés ».
Ce mot -passe- plaît au gouvernement. Aurore Bergé, la nouvelle ministre de des Solidarités et des Familles, vient d’annoncer la création d’un « passe colo » dès 2024, pour permettre « à 80% des enfants à peu près » de partir en colonie de vacances. Le passe sera doté de 200 à 350€ par enfant et permettra d’envoyer les enfants en colonie de vacances. Le dispositif sera destiné aux « familles [qui ont] jusqu’à 4000 € de revenus, ça veut dire non seulement des familles avec des revenus modestes mais aussi beaucoup de familles de classes moyennes », a précisé la ministre. Ce n’est plus la famille qui part en vacances, c’est l’État ! On nous rebat les oreilles avec cette antienne sur ceux « qui ont la chance de pouvoir partir ».
Ce n’est pas une « chance », c’est un repos mérité, bien gagné pour la plupart. Tous les budgets ne permettent certes pas d’embarquer tout le monde pour trois semaines à l’autre bout du monde, mais les touristes qui viennent de l’autre bout du monde pour visiter la France lui trouvent bien des attraits que les Français peuvent eux aussi apprécier à moindres frais. En outre, accorder une subvention à ces pauvres gens des classes moyennes qui ont tant de mal à s’en sortir, c’est un peu comme accorder la grâce d’une aumône à qui l’on presse par ailleurs sans vergogne. Certains se passeraient bien de cette condescendance… qu’ils paient en tant que contribuables.
Article écrit par Nicolas Lecaussin. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.
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