Après des scandales à répétition et une perte encore colossale au troisième trimestre, Credit Suisse annonce des milliers de suppressions de postes, une transformation radicale de sa chaotique banque d’investissement et une augmentation de capital qui va lui donner un grand actionnaire saoudien.
Son nouveau directeur général, Ulrich Körner, a dévoilé « une série de mesures décisives » visant à mettre l’accent sur la gestion de fortune, la banque suisse (qui englobe sa banque de détail en Suisse) et la gestion d’actifs. Sa banque d’affaires va, elle, être « radicalement » transformée.
Mais dès les premiers échanges, l’action a piqué du nez, les investisseurs s’inquiétant aussi bien de sa perte au troisième trimestre qui a gonflé à 4 milliards de francs suisses (4 milliards d’euros), des retraits de fonds de clients et de son augmentation de capital qui va se dérouler dans un contexte peu porteur pour le secteur bancaire.
A 14H46 GMT, l’action chutait de 17,53% à 3,928 francs suisses, loin derrière le SMI, l’indice de référence de la Bourse suisse, en baisse de 0,79%.
« La réaction est négative, ce qui n’est pas bon. Je pense que les marchés attendaient des choses plus drastiques », a estimé Carlo Lombardini, avocat et professeur de droit bancaire à l’Université de Lausanne.
La banque va-t-elle faire faillite ?
« La banque ne va pas faire faillite, cela reste une belle banque. Mais la question est de savoir comment elle va générer des revenus dans un marché difficile » avec « des clients qui réduisent l’argent qu’ils déposent », a-t-il ajouté. Avec ces retraits, Credit Suisse « risque de passer à côté des bénéfices de la remontée des taux » pour le secteur bancaire.
La banque, dont la réputation a été ternie par des scandales à répétition depuis la faillite de la société financière britannique Greensill et l’implosion du fonds américain Archegos en mars 2021, a essuyé des sorties de capitaux de 12,9 milliards de francs à l’échelle du groupe au troisième trimestre.
Après une première réorganisation l’an passé, le nouveau patron a cette fois voulu procéder à une forte coupe dans la banque d’affaires, qui a aligné une perte avant impôts de 3,7 milliards de francs en 2021, puis de plus de 1,6 milliard de francs sur les neufs premiers mois de 2022.
« Les dernières années ont été décevantes », a reconnu M. Körner, lors d’une conférence avec les analystes. Mais « nous sommes absolument déterminés à relever nos grands défis une fois pour toute », a insisté ce banquier considéré comme un spécialiste des restructurations.
Credit Suisse va se recentrer sur ses activités les plus stables et réduire sa banque d’affaires pour se concentrer sur ses pans les plus utiles à la gestion de fortune et à sa banque suisse. Elle va raviver sa marque First Boston, du nom d’une banque d’affaires américaine qu’elle avait absorbée en 1990, où seront rassemblées ses activités de marché de capitaux et de conseils.
La suppression de 9.000 postes
Elle a également annoncé la suppression de 9.000 postes d’ici 2025 à la fois à travers des licenciements et des départs naturels.
« Credit Suisse est à un moment critique de son histoire », a déclaré Axel Lehmann, son président, devant les analystes.
Pour financer ses projets, la banque compte lancer une augmentation de capital d’environ 4 milliards de francs suisses (4 milliards d’euros), dans laquelle la Banque nationale saoudienne va investir 1,5 milliard de francs.
Elle prendra ainsi une participation pouvant aller jusqu’à 9,9%, devenant ainsi un actionnaire de référence aux côtés notamment de la société américaine Harris Associate (10,05% des parts) et du fonds souverain du Qatar (5,03%).
Un actionnaire saoudien pour près de 10% du capital
La banque indique ainsi qu’elle place « le niveau de capital et la solvabilité au premier plan, quitte à diluer fortement les actionnaires existants », considère-t-il.
Mais ce choix n’est pas au goût de tous. La fondation Ethos, qui représente des caisses de pension en Suisse, s’est félicitée que la banque « semblait enfin avoir compris qu’il fallait arrêter avec la banque d’investissement », mais s’est montrée « critique sur l’entrée au capital d’un nouvel actionnaire stratégique ».
Cet actionnaire saoudien « va obtenir près de 10% du capital pour seulement 1,5 milliard », alors que « les actionnaires actuels ont subir un effet de dilution très important », a-t-elle indiqué à l’AFP.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.