Cuba est une plaque tournante majeure pour un mouvement totalitaire mondial et son réseau de renseignements a étendu son influence dans tout l’hémisphère occidental, affirme Orlando Gutierrez‑Boronat, coordinateur de l’Assemblée de la résistance cubaine.
Les Cubains communistes ont fourni la structure de renseignement et la structure organisationnelle permettant au régime chinois d’étendre son pouvoir sur le continent américain, révèle M. Gutierrez‑Boronat pour l’émission Crossroads d’EpochTV.
Selon lui, Cuba, avec sa position stratégique clé, a été une plateforme idéale pour influencer les États‑Unis et l’Amérique latine.
« Ils sont [un] ennemi considérablement important pour les États‑Unis et le continent américain. »
M. Gutierrez‑Boronat cite Herbert Marcuse, l’éminent spécialiste marxiste de l’école de Francfort : « La révolution communiste à Cuba est essentielle pour la révolution communiste aux États‑Unis. »
Le Parti communiste de Cuba est très confiant dans le fait qu’il gagne du terrain en Amérique latine et aux États‑Unis, estime le militant. Pour les communistes, « bien que la nation [américaine] soit plus forte, culturellement, elle est plus faible ».
« Ils ont donc une vision à très long terme sur la façon de corroder nos institutions, de les pénétrer par le bas afin d’affaiblir notre détermination à résister à la tyrannie. »
Les communistes cubains attendent le moment propice ou la polarisation et la division interne aux États‑Unis permettra une lutte des classes, déguisée en lutte raciale, explique‑t‑il.
« Toutes ces faiblesses laissent l’idéologie totalitaire de prospérer plus facilement. Et pour de nombreux jeunes, cela rend leur détermination à résister à cette tyrannie totalitaire beaucoup plus faible. »
Bien que Cuba soit un petit pays, il est très influent aux États‑Unis en raison de son histoire et de sa culture, rappelle M. Gutierrez‑Boronat.
Pendant les 63 années de leur règne, les services de renseignements cubains ont essaimé tout le continent américain et ils se sont enracinés, poursuit le militant. Ils ont identifié, recruté et placé de manière stratégique des structures clés du communisme, et c’est ce qu’ils apportent comme contribution au Parti communiste chinois (PCC).
« Les Chinois établissent une très forte présence en Amérique latine et ce que les Cubains leur fournissent, ce sont de très bons renseignements sur tous les gens importants en Amérique latine. »
« La Chine ne s’est pas contentée d’investir dans une structure insulaire, elle a investi dans un service de renseignement qui fonctionne depuis de très nombreuses années. Et ce service de renseignement est très clair sur le fait que l’ennemi, ce sont les États‑Unis, et [que son but, c’est] la destruction de la culture et de la vie des Américains. »
Le régime communiste cubain a influencé le Venezuela, signale M. Gutierrez‑Boronat. Selon lui, le dirigeant vénézuélien Nicolás Maduro a été recruté par les communistes cubains, formé à Cuba. Le régime cubain l’a soutenu et aidé à atteindre le pouvoir. Désormais, il en est redevable au régime.
Le régime a également influencé le Nicaragua, a joué un rôle très actif dans la subversion de la Colombie et la chute de son économie, et a une alliance très étroite avec le gouvernement du Mexique et le président du Honduras, ajoute M. Gutierrez‑Boronat.
« Le gouvernement de l’Argentine est également un sympathisant de ce régime. »
Le président argentin Alberto Fernández a signé un accord avec le régime chinois lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin le 6 février, a écrit l’analyste politique Anders Corr pour Epoch Times.
L’accord stipule que l’Argentine adhérera à l’Initiative ceinture et route (ICR), reconnaîtra les revendications de la Chine sur l’île démocratique de Taïwan, cessera de reconnaître Taïwan en tant que pays autonome et acceptera 23,7 milliards de dollars supplémentaires de prêts pour le développement d’infrastructures chinoises.
En décembre 2021, le Nicaragua a saisi l’ancienne ambassade de Taïwan pour la remettre aux mains de Pékin, après avoir rompu unilatéralement les relations diplomatiques avec l’île autonome en faveur de la Chine et déclaré Taïwan comme faisant partie du territoire chinois.
Le nouveau président hondurien Xiomara Castro a lancé l’idée de rompre les liens diplomatiques avec Taïwan en faveur du régime chinois pendant sa campagne électorale. Toutefois, après la présence du vice‑président taïwanais William Lai lors de son investiture, fin janvier, il s’est ravisé et a décidé de maintenir des relations diplomatiques avec Taipei.
Nouvelle phase du communisme
En juillet 2021, ADN Cuba, un réseau d’information cubain indépendant, en langue espagnole, révélait que la Police armée du peuple, la force paramilitaire chinoise de sécurité intérieure, formait les Bérets noirs de Cuba. Les Bérets noirs constituent un groupe militaire spécialement entraîné pour réprimer les manifestations antigouvernementales.
On pense que c’est cette même Police armée du peuple qui a été envoyée par Pékin pour réprimer les manifestants du mouvement pro‑démocratie de Hong Kong en 2019.
« Je crois que ces États totalitaires ‑ l’Iran, la Russie, la Chine, Cuba, le Venezuela ‑ ont un commandement conjoint où ils analysent, étudient et mettent en œuvre des politiques pour réprimer les soulèvements populaires. Il y a un modèle similaire qu’ils ont répété dans chaque pays à partir de ce qu’ils ont appris sur la façon d’écraser un soulèvement populaire. Avant le début des années 1990, les communistes ne pouvaient pas arrêter les soulèvements populaires, maintenant, ils ont appris à le faire », précise M. Gutierrez‑Boronat.
La stratégie asymétrique utilisé par les communistes repose sur le détournement des médias sociaux, de la culture et de la technologie afin que tous ces éléments (et bien d’autres) deviennent finalement des armes à leur avantage. Tout est très coordonné, poursuit M. Gutierrez‑Boronat.
Les activistes appellent cela « la nouvelle génération du communisme ». Pour faire face à cette nouvelle phase du communisme, il faut adopter le même type de stratégie que celle utilisée pour vaincre l’Union soviétique, estime‑t‑il.
« Si nous ne nous mettons pas au même niveau avec une stratégie cohérente, nous serons vaincus à long terme. »
« La chute de l’Union soviétique est le résultat d’une combinaison de forces qui ont été coalisées et canalisées de manière très efficace par une stratégie proactive mise en œuvre par les États‑Unis. Et cela a réuni à la fois la défiance politique, l’organisation de la base, comme cela s’est passé en Pologne, mais aussi des moyens militaires. Les États‑Unis n’ont pas hésité à s’armer et à se protéger. Et aussi, la pression exercée sur les régimes post‑soviétiques en Afghanistan, au Nicaragua, en Angola a été essentielle pour abattre le communisme. »
L’Occident soutient le régime communiste cubain
L’Occident offre cependant souvent un soutien financier au régime communiste de Cuba.
Bien que les sanctions contre le régime cubain mises en œuvre par le président de l’époque, Donald Trump, et maintenues par le président Joe Biden aient épuisé la base monétaire de l’armée cubaine, certains pays occidentaux comme la France, l’Italie et l’Espagne ont conclu des accords de coopération avec Cuba, rappelle M. Gutierrez‑Boronat. Ces accords ont permis de renflouer les forces armées cubaines parce que se sont ces forces armées qui contrôlent en dernier lieu l’économie cubaine, explique‑t‑il.
Le Club de Paris, un groupe informel de créanciers internationaux, « a tendu une bouée de sauvetage au régime de Cuba » dans les mois qui ont suivi le 11 juillet 2021, date à laquelle la manifestation contre le régime communiste a éclaté dans le pays, indique M. Gutierrez‑Boronat.
En octobre 2021, le Club de Paris, dont le rôle est d’aider les pays débiteurs incapables de rembourser leurs dettes, a accepté de reporter de novembre 2021 à 2022 un paiement annuel de la dette cubaine, selon Reuters.
En 2015, le Club de Paris a effacé 8,5 milliards de dollars de dette souveraine du régime cubain sur les 11,1 milliards de dollars dont il était redevable depuis 1986. Cuba a accepté de rembourser le reste en versements annuels jusqu’en 2033, mais n’a que partiellement rempli ses obligations en 2019 et était en défaut de paiement l’année suivante, selon Reuters.
« Les élites du monde libre ont perdu [leur] colonne vertébrale (…) pour résister à l’autoritarisme », affirme M. Gutierrez‑Boronat.
L’économie planifiée de Cuba est étroitement contrôlée par le régime communiste. La plupart des entreprises cubaines sont la propriété de l’État. L’État contrôle « le commerce de gros, le crédit, le commerce extérieur et les investissements étrangers », selon un rapport de la Coface for Trade, une compagnie d’assurance‑crédit.
« Dans les années 1950, le revenu par habitant de Cuba était un des plus élevés du continent américain. Aujourd’hui, c’est l’un des plus faibles », a écrit Jorge Salazar‑Carrillo, professeur d’économie à la Florida International University, pour The Conversation.
« C’est en grande partie le résultat de décennies de politiques ratées et de réformes promises qui ne se sont jamais concrétisées. »
Le professeur, qui a travaillé au sein du gouvernement cubain dans les premiers jours qui ont suivi la révolution communiste, a déclaré que la crise économique de Cuba n’est pas le résultat des sanctions américaines imposées sur les produits cubains (contrairement à ce qu’ont affirmé de nombreux analystes, militants et le gouvernement cubain), elle a été causée par le gouvernement cubain dont le modèle économique n’est « pas viable ».
Cuba a été dirigé pendant plus de six décennies par les frères Fidel et Raúl Castro, qui ont mené une révolution en 1959 dans cette île des Caraïbes de 11 millions d’habitants, installant un pays dirigé par des communistes aux portes des États‑Unis.
En 2021, Miguel Díaz‑Canel a succédé à Raúl Castro en tant que chef du Parti communiste cubain, dirigeant de facto le pays. Si son ascension mettait fin à l’ère Castro, il a fait savoir qu’il continuerait à consulter ses prédécesseurs sur les décisions stratégiques.
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