Farouk Ben Abbes, figure de l’islam radical, a été condamné vendredi à quatre ans de prison ferme pour son activité sur Ansar Al-Haqq, qui a été le site jihadiste francophone de référence à la fin des années 2000 et un vecteur d' »incitation » au jihad.
C’est la première fois que ce Belgo-Tunisien de 32 ans, cité dans plusieurs dossiers antiterroristes sans y être poursuivi, est condamné dans une telle affaire.
Condamné également à une interdiction définitive du territoire français, Farouk Ben Abbes est reparti libre du tribunal : il sera convoqué ultérieurement pour purger ces quatre ans en prison. Cette peine, qui peut être frappée d’appel, ne sera toutefois pas mise à exécution tant qu’elle n’est pas définitive, ont précisé ses avocats.
Le procureur avait demandé six ans de prison assortis d’une incarcération immédiate.
Farouk Ben Abbes a été reconnu coupable du délit d’association de malfaiteurs terroriste, tout comme trois autres hommes âgés de 32 à 35 ans, comme lui anciens administrateurs du site.
Désormais fermé, Ansar Al-Haqq, dont le nom signifie « Les partisans de la vérité », était une référence du web jihadiste en langue française à une époque où le jihad armé se menait notamment en Afghanistan ou au Pakistan.
Procès #AnsarAlHaqq > Délibéré de la 16e chambre du TC de Paris: Farouk Ben Abbes condamné à 4 ans d’emprisonnement + interdiction définitive du territoire, David Ramassamy condamné à 3 ans d’emprisonnement, Nordine Zaggi condamné à 4 ans d’emprisonnement
— CAT (@CAT_Centre) July 6, 2018
Association de malfaiteurs
Alors que la défense soutenait que le site ne faisait que de l' »apologie du terrorisme » – un délit qui serait aujourd’hui prescrit -, le tribunal correctionnel a jugé qu’il s’agissait bien d’une association de malfaiteurs, le site ayant « incité » au jihad, avec « une vocation de recrutement » pour le combat armé « dans la lignée de ce qu’Al-Qaïda recherchait, mener le jihad médiatique ».
Si les faits sont anciens, « le recul qui est le nôtre aujourd’hui » permet de mesurer « quelle a été l’influence et l’importance d’un site comme Ansar Al-Haqq », a souligné la présidente.
Les deux autres prévenus présents au tribunal, Nordine Z., qui avait notamment mis à disposition le logiciel de cryptage « Mujahideen Secret », et David R., qui a participé à la création du site, ont été condamnés à respectivement quatre et trois ans de prison. Le parquet avait demandé cinq ans et leur incarcération immédiate.
Le quatrième prévenu, Léonard Lopez, parti en 2015 pour le jihad et qui serait aux mains des Kurdes de Syrie, a été condamné à cinq ans assortis d’un mandat d’arrêt.
En matière #antiterroriste, le principe de légalité cède face à l’objectif sécuritaire. L’association d’association de malfaiteurs #terroriste est interprétée comme un instrument de police administrative au service du juge judiciaire. https://t.co/yR6gPnDep9
— Vincent BRENGARTH (@v_brengarth) July 7, 2018
Un jihad médiatique
Communiqués, revendications d’attentats, logiciel de cryptage… Plus qu’un simple lieu de propagande, Ansar Al-Haqq était « un outil mis à la disposition d’organisations terroristes pour recruter, voire pour communiquer« , avait souligné le procureur.
Simple membre, puis administrateur alors qu’il se trouvait clandestinement dans la bande de Gaza entre 2008 et 2009, Farouk Ben Abbes y avait posté des centaines de messages, traductions de communiqués ou du sommaire d’un ouvrage intitulé « 39 moyens pour servir le jihad et y participer ».
Un slogan, « Le jihad médiatique est la moitié du combat », accompagnait chacun de ses messages
Doté d’une « capacité à influencer », Ben Abbes est notamment « celui qui a failli donner à Ansar Al-Haqq une ampleur internationale » en tentant de l’arrimer au Front médiatique global islamiste (GIMF), affilié à Al-Qaïda, a estimé le procureur.
Farouk Ben Abbes avait nié jeudi tout recrutement pour le jihad et avait assuré comme ses co-prévenus n’avoir diffusé cette propagande que pour « informer ».
« Une véritable tartufferie » aux yeux du procureur.
La fondatrice du forum, la Française Marion Tailleumier, avait été condamnée l’an dernier en appel à six ans de prison.
Les avocats de la défense avaient plaidé la relaxe de leurs clients, dénonçant une justice rendue trop tard, dans un contexte de sévérité accrue face aux récents attentats jihadistes, et des poursuites pour association de malfaiteurs terroriste sans aucun élément « matériel » pour les étayer.
« On échappe au pire, mais sur le fond ce n’est absolument pas satisfaisant », a réagi l’un des avocats de Farouk Ben Abbes, William Bourdon. Selon son confrère Vincent Brengarth, Ben Abbes « n’a plus aucun lien avec cette mouvance islamiste radicale ».
D. S avec AFP
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