Ce 6 juin 2024, 80 ans après le Débarquement, l’évêque Mgr Jean-Yves Riocreux, a tenu à célébrer la messe avec le calice qui a appartenu au père De Naulois, aumônier du commando Kieffer.
Quand on pense au Débarquement, on pense surtout aux Alliés, les soldats américains, britanniques ou canadiens qui ont touché le sol français ce 6 juin, par voie aérienne ou maritime. Mais un petit nombre de Français, 177 précisément, ont également participé à ce débarquement du jour le plus long.
À l’initiative de Philippe Kieffer, des Français qui avaient rejoint les Forces françaises libres (FFL) de Charles de Gaulle au Royaume-Uni, ont été formés afin de constituer une unité d’élite. Ce commando de 177 Français, sous uniforme britannique, a débarqué le 6 juin 1944.
« Qu’adviendrait-il… s’il ne se trouvait plus d’hommes ou de nations capables de soutenir des luttes désespérées ? »
Parmi eux, se trouvait l’abbé René De Naurois, un jeune prêtre ayant fui la gestapo à Toulouse en 1942, après avoir participé à des actes de résistance en protégeant des Juifs de la déportation, relate le média Aleteia.
Passionné de culture allemande, le prêtre eut vite fait de comprendre « l’essence maléfique du nazisme”, d’où son engagement dans la résistance.
« Qu’adviendrait-il sur cette terre de traditions, de fidélités, d’honneur et de sacrifice s’il ne se trouvait plus d’hommes ou de nations capables de soutenir des luttes désespérées ? » interrogeait l’aumônier de la France libre.
Un chroniqueur d’Aleteia, Michel Cool, se souvient des mots de René de Naurois décrivant ce débarquement du commando Kieffer à Ouistreham : « On a sauté à la mer avec de l’eau jusque sous les bras. Je m’apprêtais à affronter l’une des plus puissantes armées du monde, fort d’un seul couteau en poche — et à bout arrondi encore (précisa-t-il avec humour) ! Et tout de suite la casse, des blessés, des morts. Je n’avais pas le droit de m’arrêter sur la plage car nous présumions que les aumôniers et les brancardiers du génie soigneraient leurs soldats… »
L’aumônier va alors commencer à administrer les derniers sacrements et assister les derniers instants de ces soldats, toutes nationalités confondues. L’abbé s’est souvenu ainsi de ce jeune soldat allemand, qui, agonisant mais reconnaissant au prêtre de le bénir, va lui caresser le visage avant de rendre l’âme…
« Marqué par cette expérience effroyable »
30 ans plus tard, en 1976, le jeune prêtre Riocreux, alors curé de la cathédrale de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, rencontre le père René de Naurois, lequel « s’était lancé dans la recherche scientifique et il était devenu un spécialiste des oiseaux ; il est venu en Nouvelle-Calédonie pour cela », explique Mgr Riocreux sur Aleteia.
Selon Mgr Jean-Yves Riocreux, « il a été très marqué par cette expérience effroyable, il a mis des mois à s’en remettre ».
Décédé à l’âge de 99 ans en 2006, l’abbé René de Naurois repose en Normandie dans le cimetière militaire britannique de Ranville (Calvados). Pour ses actes héroïques, le prêtre a été décoré de la Croix Militaire Britannique, la Croix de Guerre et il a été fait Commandeur de la Légion d’Honneur.
Le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem lui a aussi décerné le titre de “Juste des nations” pour son action en faveur des juifs persécutés en France occupée.
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