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Daesh a t-il détruit l’avion Russe qui survolait l’Égypte ?

novembre 3, 2015 11:40, Last Updated: octobre 30, 2019 15:29
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Un combattant barbu et souriant, tenant un lance-roquettes, regarde vers le ciel. Dans le ciel sont écrits les mots : « Un beau temps et un ciel clair… sont parfaits pour abattre les avions russes. »

Telles sont les images de propagande partagées via Twitter, le samedi et le dimanche suivant le crash de l’avion de ligne russe dans la péninsule du Sinaï en Égypte, tuant les 224 personnes se trouvant à bord.

#EGYPT #ISIS La campagne de propagande du groupe terroriste affirme avoir abattu un avion civil russe#Russian Avions civil dans le #Sinai. pic.twitter.com/0z4BuRtAHw

Un groupe associé à l’EI, appelé Wilayat Sinaï, a revendiqué la responsabilité d’avoir abattu l’avion. Wilayat Sinaï a renforcé sa présence dans la péninsule après que les extrémistes de la région lui ai prêté allégeance en 2014, proclamant la région « Province du Sinaï. »

Après une série d’attaques mortelles, la plupart du Sinaï est maintenant une zone militaire contrôlée.

Après que le vol 9268 de Kogalymavia se soit écrasé samedi matin, Daech a pris la responsabilité de faire circuler une déclaration concernant une attaque terroriste dans les média sociaux, affirmant avoir mené l’attaque à cause des frappes aériennes Russes en Syrie. Plus tard, le groupe a commencé à faire circuler la photo d’un homme barbu tenant un lance-roquette, suggérant qu’il a abattu l’avion.

Selon une traduction, l’EI aurait déclaré que « les soldats du califat ont réussi à abattre un avion russe dans le Sinaï ».

Revendication peu probable

Des experts ont décrit les déclarations du groupe comme improbables. Il est douteux qu’un homme armé d’un système de défense aérienne (MANPADS) soit capable de frapper un avion voyageant au dessus de 30 000 pieds, hauteur à laquelle volait l’appareil russe. Les MANPADS constituent une menace pour les appareils volant à basse altitude, comme les hélicoptères.

Débris de l’A321 écrasé dans la péninsule du Sinaï. KHALED DESOUKI/AFP/Getty Images)

« Qu’ISIS ait abattu ou non l’avion russe, ils voulaient s’en accorder le crédit » a tweeté samedi, Ian Bremmer, expert géopolitique, président du Groupe Eurasia. « L’intervention du [Président Russe Vladimir] Poutine en Syrie a fait de la Russie une cible principale ».

Un autre analyste, Mokhtar Awad, du Centre du Progrès Américain, souligne que dans la vague affirmation de Wilayat Sinaï, ils n’expliquent pas « comment ils ont pu ‘abattre’ l’avion ». « Le plus sophistiqué des missiles portables sol-air ne peut atteindre cette altitude et ne représente une menace seulement que lors des périodes de décollage ou d’atterrissage, mais l’avion avait déjà grimpé à son altitude de croisièreavant qu’il ne commence à subir des failles techniques ». a-t-il déclaré à the Gardian.

Awad a déclaré que la filiale d’ISIS « pourrait avoir sauté les étapes pour accroître son crédit ».

Charles Lister, expert du Moyen-Orient et travaillant au Centre Brookings de Doha, a aussi noté sur Twitter : « L’arme anti-aérienne la plus puissante » qu’ISIS détient dans son arsenal est le MAPADS SA-18 Igla, qui ne peut atteindre qu’environ 10 000 pieds d’altitude.

Creusant dans la revendication de l’ÉI, Lister a déclaré qu’il y avait plusieurs possibilités: d’abord, la revendication d’ISIS est fausse; ensuite, ils pourraient avoir placé une bombe dans l’avion. Finalement, l’ÉI a obtenu des missiles anti-aériens capables de toucher l’avion.

Il a précisé que la troisième option reste le scénario « le moins probable » puisque l’Égypte n’a pas déclaré « avoir perdu » de système de défense aérienne avancée. L’option de la bombe « est possible », mais d’après lui, ISIS a formulé des allégations douteuses dans le passé concernant des attaques terroristes. Comme dans le cas de l’attaque du Musée du Bardo en Tunisie, quelques mois plus tôt, qui avait été par la suite été discréditée. Plus tard, le gouvernement tunisien a accusé une filiale d’Al Qaida d’être responsable.

Veillée aux chandelles et fleurs à Simferopol, le 1er novembre. (MAX VETROV/AFP/Getty Images)

Les autorités russes ont nié avec véhémence l’implication de Daesh dans l’attaque. Le Ministre des Transports, Maksim Sokolov, a affirmé aux médias Russes: « Cette information ne peut être considérée comme fiable ».

« Nous sommes en contact étroit avec nos collègues égyptiens et les autorités aériennes du pays. Actuellement, ils n’ont aucune information qui pourrait confirmer de telles insinuations » a-t-il continué.

Victor Sorochenko, responsable de l’unité d’enquête sur l’accident d’aviation de Russie, a confirmé que l’Airbus A321 s’est disloqué dans les airs. Il a déclaré que les débris étaient dispersés sur une étendue d’environ 12 miles et ne se trouvaient pas dans un seul champ de débris. « La destruction [de l’avion] s’est produite dans les airs et les fragments se sont dispersés sur une large zone » a-t-il déclaré, selon le média public russe, Russie Aujourd’hui.

Sokolov a déclaré que les données de l’appareil et les enregistreurs de voix dans le cockpit ont été retrouvés, mais a insisté sur le fait qu’on ne sait quand les boîtes seront examinées.

L’appareil se rendait de Sharm el Sheik, Égypte à Saint Petersburg, Russie. Selon Aviation Week, il a quitté l’aéroport de Sharm el Sheik à 5 :49 heures heure locale. À 6 h 13, heure locale, le contact radar a été perdu alors que l’avion traversait la Péninsule du Sinaï.

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