Ce mardi 19 septembre, le militant du parti Reconquête Damien Rieu a été relaxé dans l’affaire qui l’opposait à Karim Benzema. Il était accusé de diffamation par le footballeur, après avoir publié sur X (anciennement Twitter) deux messages le concernant, à l’automne 2020.
Le tribunal correctionnel de Lyon a finalement relaxé Damien Rieu ce mardi, mettant fin à cette affaire largement médiatisée dans laquelle il était poursuivi pour diffamation, après une plainte déposée par le joueur de foot Karim Benzema. L’ex-star de l’OL reprochait au militant proche d’Éric Zemmour deux tweets postés en 2020.
Deux tweets sources de polémique
L’un des tweets montrait Karim Benzema aux côtés d’un ancien imam de Meaux (Seine-et-Marne), sept jours après l’assassinat de Samuel Paty. La mosquée de cet imam venait d’ailleurs d’être perquisitionnée. En juin dernier, devant la sixième chambre du tribunal de grande instance de Lyon, l’avocat du Ballon d’or 2022, Me Sylvain Cormier, avait pointé des messages « dont le but était de déshonorer et salir » son client.
« Vous laissez entendre qu’il participe au financement occulte de mosquées perquisitionnées. Et vous essayez de l’associer au terrorisme. Vous vous dites lanceur d’alerte alors qu’en vérité nous avons à faire à un idéologue qui désigne tout musulman un tant soit peu célèbre, comme islamiste », avait-il assuré.
Pourtant, la justice n’a pas considéré ce premier tweet comme diffamatoire, contrairement au second tweet. Ce dernier dévoilait trois photos de djihadistes armés, l’index en l’air, ainsi qu’une quatrième photo montrant le footballeur en train de faire le même geste. Ces clichés étaient accompagnés du commentaire : « Je crois que Benzema veut nous passer un message. »
Pour ce second message, Damien Rieu a bénéficié du bénéfice de la bonne foi, étant donné qu’il s’était basé sur un élément factuel pour appuyer son tweet. En effet, ce tweet était en lien avec un « like » que Karim Benzema avait mis sur deux publications du post Instagram de la star du MMA (Arts martiaux mixtes), Khabib Nurmagomedov. Le combattant mentionnait que ceux qui diffusent les caricatures de Mahomet sont des « ennemis de l’Islam » et Allah devrait faire « descendre son châtiment sur celui qui empiète sur l’honneur du prophète ».
Le footballeur avait liké une publication justifiant la décapitation de Samuel Paty
En juin dernier, Damien Rieu avait quant à lui déclaré être un « lanceur d’alerte », soulignant : « C’est Karim Benzema qui devrait être à ma place. »
« Si j’ai rédigé ces tweets c’est parce que Karim Benzema envoie des signaux particulièrement ambigus quand il ‘like’ une publication de quelqu’un qui justifie la décapitation de Samuel Paty et les attentats jihadistes. Quand on est très suivi et notamment par un public musulman, on a une responsabilité », avait encore plaidé Damien Rieu. À sa sortie d’audience, il avait enlevé sa chemise, arborant un t-shirt sur lequel on pouvait lire le message du combattant de MMA que Karim Benzema avait liké, souligne Le Figaro.
De son côté, le procureur de la République avait estimé, toujours en juin dernier, que ce deuxième tweet représentait « une allusion insultante à l’égard de ceux qui luttent vraiment contre le terrorisme islamique et ceux qui en ont souffert dans leur chair ».
« Vous vous dites lanceur d’alerte alors qu’il s’agit d’agiter les esprits les plus racistes », avait ajouté le parquet, demandant une peine de 10.000€ de dommages et intérêts.
L’avocat du footballeur envisage de faire appel
« Je viens de gagner mon procès face à Karim Benzema et ses compromissions islamistes ! » s’est félicité Damien Rieu ce mardi, ainsi que le rapporte Actu.fr. Son avocat, Me Pierre-Vincent Lambert s’en est également réjoui. Dans sa décision, le tribunal correctionnel de Lyon a jugé que « ce message, même diffamatoire dans les termes, pouvait bénéficier de la bonne foi », ce qui entraîne la relaxe en matière de droit de la presse.
À la sortie du palais de justice, l’avocat du joueur a déclaré à CNews : « Accorder la bonne foi à Damien Rieu, c’est une aberration. » Il avait par ailleurs demandé 40.000€ d’amende, en compensation du préjudice, ainsi que 3.000€ de frais d’avocat à l’issue de sa plaidoirie. Il a indiqué sa volonté de faire appel.
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