INTERNATIONAL

Le Danemark dans le viseur de l’armée russe ?

janvier 16, 2017 16:00, Last Updated: janvier 18, 2017 10:31
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Les informations sur l’évolution des relations entre les États-Unis – et ses alliés européens de l’OTAN – avec la Russie de Vladimir Poutine sont ambivalentes : d’un côté, l’annonce par Donald Trump, ce vendredi 13 janvier, d’une possible levée des sanctions internationales à l’encontre de Moscou ; de l’autre, l’arrivée – le 6 janvier – de centaines de tanks américains en Allemagne et le repositionnement de missiles russes aux emplacements leur permettant de toucher plusieurs capitales européennes.

Alors que les expressions publiques sur ces sujets sont habituellement rares et indirectes, depuis que l’administration américaine a directement accusé Moscou d’avoir biaisé le résultat des élections présidentielles aux États-Unis, la détérioration des relations avec la Russie est de plus en plus présente dans les discours politiques européens.

Une sécurité menacée

Le ministre de la Défense danois a franchi un nouveau pas dans cette direction en considérant publiquement que la sécurité de son pays est directement menacée par les attaques de pirates informatiques russes et par la proximité d’armes capables de frapper la ville de Copenhague. Dans une interview-choc accordée le 12 janvier au quotidien danois Berlingske, Claus Hjort Frederiksen ne s’embarrasse pas de langue de bois : « Tout le monde au Danemark doit savoir que nous sommes sous le coup de différentes menaces. Et que nous devons agir ».

Pour son premier entretien avec la presse depuis sa nomination en novembre dernier, le ministre de la Défense a surpris en focalisant l’intégralité de son message sur le risque russe. Il l’explique par le contenu alarmant d’un rapport émis au mois de décembre 2016 par les services secrets danois et par, plus récemment, ses entretiens avec les responsables militaires danois : « Nous sommes en mesure de confirmer que les Russes installent à Kaliningrad de nouveaux missiles qui peuvent atteindre Copenhague. Ceci est bien sûr un risque majeur. »

Washington a expliqué cet envoi par le besoin de faire face aux menaces russes et de garantir que l’Europe reste « intègre, libre, prospère et en paix ».

Le 20 décembre dernier, le rapport annuel de la Défense danoise sur les risques de sécurité nationale pointe la Russie, à laquelle il donne une place prépondérante : « La Russie poursuit sa modernisation militaire et sa croissance à l’Ouest du pays et dans la région de la mer Baltique, qui cristallise les tensions entre Russie et OTAN », indique le rapport cité par le quotidien danois The Local. Bien que la Russie ne semble pas prévoir d’attaque à court terme, « le risque augmente cependant du fait du manque de confiance entre la Russie et l’OTAN, et de la volonté de la Russie de prendre plus de risques. » La plupart des pays baltes ont d’ailleurs déjà demandé la protection de l’OTAN en envisageant un nouveau scénario d’invasion sur le modèle ukrainien.

Dans le même entretien, Frederiksen indique que le Danemark pourrait prochainement faire face à des cyberattaques coordonnées lancées par la Russie pour « interférer avec nos processus démocratiques », de la même façon que cela s’est produit pour les élections américaines. Cette menace informatique par l’État russe dépasse, d’après lui, celles de tous les autres hackers : « Les groupes russes soutenus par l’État sont prêts à attaquer nos hôpitaux, nos infrastructures, notre alimentation électrique, en piratant nos systèmes informatiques. »

Un investissement des forces militaires

Symboliquement, le ministre a annoncé le déploiement de 200 soldats danois dans la force de réponse rapide de l’OTAN en Europe de l’Est : « Ce n’est évidemment pas que nous pensons que 200 soldats puissent stopper l’armée russe. Mais ils doivent savoir que la défense territoriale commence là, et que la solidarité des pays de l’OTAN s’applique. »

Dans le même temps, le ministre indique que seule une augmentation significative des dépenses militaires pourra protéger le Danemark, avec comme ambition d’atteindre les 2% du PIB, conformément aux recommandations de l’OTAN : « Nous avons besoin d’un nouveau plan économique, mais je ne suis plus ministre des Finances, je n’ai donc pas les derniers chiffres. Il faut cependant que la population danoise comprenne que nous faisons face à des dangers très concrets que nous ne pouvons ignorer ».

Le déploiement de nouveaux missiles russes à Kaliningrad, proche de la frontière polonaise, est, d’après les autorités russes, une réponse à l’accroissement de la présence de l’OTAN de l’autre côté de cette même frontière. Début janvier, l’Allemagne a reçu des centaines de tanks américains, qui vont avec des troupes additionnelles se positionner aux frontières orientales de la Pologne. Washington a expliqué cet envoi par le besoin de faire face aux menaces russes et de garantir que l’Europe reste « intègre, libre, prospère et en paix ». Plus de 4 000 hommes supplémentaires ont également été affectés en Pologne. Berlin, qui a été la première chancellerie à accuser nommément les autorités russes en 2015, après le piratage du réseau informatique du Bundestag, n’a pas hésité à déclarer en décembre dernier craindre que la Russie tente d’interférer avec les élections parlementaires allemandes en 2017. En France, par contre, le monde politique reste discret sur l’existence, ou pas, d’un danger russe, les seules accusations se concentrant sur l’aide financière apportée à Marine Le Pen par des banques contrôlées par le Kremlin. Verra-t-on au printemps un réveil des inquiétudes, ou certains candidats à la présidentielle victimes de cybercampagnes ?

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