« Ils ont toqué à ma porte, et j’ai appris que je pouvais voter même en prison », raconte Dylan*, détenu à Fleury-Mérogis. Dans la plus grande maison d’arrêt d’Europe, porte-à-porte et discussions ont été organisés, avant la présidentielle, pour sensibiliser au vote.
Une semaine avant le premier tour, les personnels se mobilisent pour une nouvelle tournée des cellules. Après les formulaires administratifs, voici la distribution des professions de foi des candidats et des lettres informant les détenus inscrits de leur bon enregistrement.
Au bâtiment D1, occupé par 777 détenus dont 460 pouvant voter et près de 260 inscrits.
Lui qui pensait avoir « perdu son droit de vote » en étant emprisonné en septembre, espère aujourd’hui que sa « voix même minime » sera entendue par-delà le mur de trois kilomètres qui entoure Fleury-Mérogis et ses 3600 détenus, au sud de Paris.
Dans une autre aile du bâtiment, Amin feuillette les professions de foi. Ces feuillets, « on peut les lire plusieurs fois, alors qu’on ne peut regarder qu’une fois une émission à la télévision », sa principale source d’information en cellule.
Les programmes « vont nous aider à ne pas voter aveuglément » pour bien « penser à l’avenir », à « l’écologique et au scolaire », espère ce père de quatre enfants, qui doit sortir en 2025.
Un détenu est un citoyen en prison et quand il la quittera
« Un détenu est un citoyen pendant son temps en prison, et aussi quand il quittera la prison », insiste le directeur de la maison d’arrêt, Franck Linares, précisant qu’il est « très rare » que des détenus écopent d’une interdiction de droits civiques.
Pour voter, Amin a eu le choix entre trois modalités : la permission de sortie (si obtenue), la procuration ou le vote par correspondance organisé en prison.
Cette dernière modalité a été inaugurée en France lors du scrutin européen de 2019. Et c’est la première fois qu’elle est proposée pour la présidentielle.
Des salles de vote avec un isoloir et une urne
Quelques jours avant le premier tour, chaque bâtiment de Fleury-Mérogis disposera d’une salle avec un isoloir, une urne… La symbolique convainc Amin : « C’est une question psychologique. Même si on est enfermé, on se sent citoyen, respecté, pas oublié ».
Un sentiment partagé par la dizaine d’inscrits avec qui l’AFP a pu échanger.
Hakim disait être « juste venu pour sortir de sa cellule », mais très vite, ses questions fusent : « Notre vote, il reste secret ou pas ? Car j’aime bien ce que Valérie Pécresse propose, mais bon », «je n’ai jamais compris, c’est quoi l’extrême droite et l’extrême gauche ? »
Des cours d’histoire à l’Éducation nationale organisés pour participer au vote
Emmanuel Gandon, chef d’antenne Fleury-Mérogis du SPIP, recentre : « Vous pouvez demander un cours d’histoire à l’Éducation nationale, mais le rôle du SPIP est de vous expliquer comment participer au vote, pas de parler de politique ».
Restant un peu sur sa faim, Hakim conclut « préférer ne pas voter », car il ne veut pas « se lancer dans quelque chose qu’il ne connaît pas ». En sortant, il remplit tout de même un formulaire d’inscription.
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