Dans le sud de la France, les cultures d’eucalyptus saignées par des voleurs au sécateur

Par Epochtimes.fr avec AFP
21 septembre 2019 15:05 Mis à jour: 21 septembre 2019 15:13

Sur la côte d’Azur, l’eucalyptus, cultivé pour l’ornement des bouquets, attire la convoitise de voleurs qui viennent la nuit tombée ou à l’aube en couper des brassées, à l’origine d’un véritable trafic. 

Sur les collines de Tanneron, à l’ouest de Cannes, « c’est plus que récurrent et un sacré trafic » depuis une dizaine d’années, explique à l’AFP le chef de la police municipale Robert Tisseyre.

« C’est assez important pour qu’on patrouille tous les jours sauf l’été », en lien avec la gendarmerie qui a mis en réseau la soixantaine d’horticulteurs du village, priés d’appeler au moindre soupçon. Les communes de Pégomas et de Roquebrune-sur-Argens sont aussi visées.

Dans la dernière affaire en date traitée par la justice, les voleurs, condamnés jeudi à six mois de prison avec sursis, étaient deux cousins de 20 et 24 ans, originaires de Moldavie et Roumanie, et venus de San Remo en Italie où ils ont affirmé vouloir revendre la marchandise pour leur propre compte 80 centimes le kilos.

-Des tonnes voire des dizaines de tonnes volées par an-

« Il y a des commanditaires qui doivent gagner beaucoup là-dessus! », estime Paul-Nicolas Mandrea, exploitant et ancien dirigeant du syndicat agricole local. Selon la variété, le prix au kg peut monter jusqu’à 15 euros, dit-il: « Nous n’avons aucune preuve mais nous soupçonnons que ça vient de bandes organisées. On parle de tonnes voire des dizaines de tonnes volées par an ».

A l’arrivée des gendarmes, les deux hommes, qui ne parlaient pas français, avaient déjà confectionné une douzaine de ballots et chargé dans leur Fiat un butin d’environ 200 kg de feuillage. Quelqu’un avait crevé les pneus de leur camionnette pour les empêcher de fuir et les faire interpeller en flagrant délit en plein après-midi, selon la procédure lue à l’audience jeudi. C’était le 4 mai. Une scie, deux sécateurs et de la ficelle avaient été retrouvés à proximité.

« C’est la triple peine: on perd la récolte, on est en concurrence sur les marchés avec un produit qui est le nôtre et que des gens ont eu pour pas cher, et il faut aussi retailler et nettoyer tout le champ! », s’exclame M. Mandrea. Depuis le village a connu un calme relatif: même pour les voleurs, il fait trop chaud l’été pour tailler.

-Tanneron un fief pour l’eucalyptus-

Célèbre pour la culture du mimosa depuis plusieurs générations, Tanneron est devenu un fief pour l’eucalyptus à partir des années 1960, profitant des qualités du sol sablonneux et acide, qui donne au feuillage une belle couleur bleu-grise appréciée par les grossistes hollandais.

A l’entrée du village, un panneau rappelle aux visiteurs de ne pas ramasser les châtaignes ni cueillir le mimosa, l’or jaune local qui rentre dans la composition de parfums.

« Le mimosa c’est pour le touriste et ça dure deux mois, alors que l’eucalyptus se cultive toute l’année », reprend le policier municipal. Les voleurs « viennent dans la nuit ou tôt le matin », dit-il et la méfiance est de mise « dès qu’on voit tourner une camionnette italienne ».

« Si le fléau de Saint-Tropez l’été, c’est l’arrachage de montres de luxe, celui de Tanneron en Provence verte, c’est la coupe illégale de plantes protégées », a dénoncé la représentante du parquet lors du procès des voleurs jeudi.

« On est plus vigilant », poursuit Benoît Augier, mimosiste dont le grand-père est le premier à avoir tester l’eucalyptus: « On récolte en premier ce qui peut être volé, c’est-à-dire au bord des routes ». 

 

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