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Dans l’Ukraine en guerre, des femmes « prêtes à combattre »

février 14, 2019 6:47, Last Updated: février 14, 2019 6:50
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Armées de kalachnikovs factices, une vingtaine d’Ukrainiennes se jettent au sol et actionnent les culasses: à Marioupol, près de la ligne de front de l’Est de l’Ukraine, des femmes s’entraînent à combattre mais aussi à affronter leurs peurs.

Le groupe est rassemblé dans un vaste gymnase de ce port de la mer d’Azov, dernière grande ville de l’Est restée sous le contrôle des autorités de Kiev depuis le déclenchement, il y a cinq ans, d’un conflit avec des séparatistes prorusses qui a fait près de 13.000 morts. En tenue de camouflage, un instructeur barbu répondant au nom de guerre « Kajan » (chauve-souris en ukrainien) aboie des ordres: « Tombez à genou, rechargez, visez, tombez au sol, rechargez, visez! » 

Olga Moskovtchenko, une blonde de 34 ans, est satisfaite, même si ses mains tremblent de fatigue et qu’une ecchymose est visible sur son épaule après deux heures d’entraînement avec une arme pesant plus de trois kilos.  « D’habitude, on ne donne pas aux femmes des mitraillettes juste comme ça », plaisante-t-elle cette mère de trois enfants, qui juge l’expérience « dure mais très intéressante ».

« Notre pays est en état de guerre. La population entière doit être préparée à combattre », estime pour sa part Kajan, 28 ans, un policier qui enseigne pendant ses jours de repos les bases du combat aux femmes sur la base du volontariat. Gratuits, ces cours sont organisés par des policiers et d’anciens membres du bataillon de volontaires nationalistes Azov, qui a combattu contre les séparatistes en 2014 à Marioupol, située aujourd’hui à seulement une vingtaine de kilomètres du front.

Vétérinaire, esthéticienne ou encore femme au foyer, les participantes, âgées de 18 à 40 ans, se retrouvent deux fois par semaine pour des entraînements de deux heures portant sur les rudiments du maniement des armes à feu et le combat au corps à corps. Le combat au couteau, les premiers secours et l’entraînement au tir devraient bientôt se greffer aux exercices déjà existant, en plus d’un cours d’histoire sur l’Ukraine.

« Nous ne préparons pas les femmes pour les forces spéciales, ni pour la guerre », tempère pour autant Anna Iagmourdjy, une instructrice de 20 ans qui enseigne aux participantes à se protéger au corps à corps. « Nous ne sommes pas méchantes, mais nous pouvons nous défendre et défendre nos proches », souligne cette brune à l’allure sportive, qui travaille comme videuse dans une boîte de nuit.

C’est justement l’objectif d’une des participantes, Valeria Mazourenko, qui ne sort pas de chez elle sans une bombe lacrymogène et qui espère désormais se sentir plus en sécurité. « Notre ville n’est pas sûre. Chaque fois que je sors de chez moi, j’ai peur qu’on m’attaque, par exemple, pour voler mon téléphone », confie Valeria, 18 ans.

Originaire de Donetsk, grande ville industrielle et centre régional dans l’Est, cette jeune femme menue l’a quittée avec sa famille après son passage sous contrôle rebelle. Valeria rêvait un temps de rejoindre les forces armées ukrainiennes pour combattre les séparatistes, avant de renoncer à cette idée par crainte de ne pas être « prise au sérieux ». 

« Je voulais servir dans l’armée, mais comme je suis une femme et très petite, ça n’a pas marché », explique la jeune femme, vêtue d’un t-shirt du club de football de Donetsk. Les forces armées ukrainiennes comptent 57.000 femmes, dont 26.000 militaires, selon les chiffres officiels. Près de 7.000 d’entre elles ont combattu au front contre les séparatistes, qui comptent également des femmes dans leurs rangs.

Les organisateurs des cours à Marioupol prévoient d’étendre leur programme de formation à d’autres régions en cas de demande.  « C’est la loi de la nature. Si tu te retrouves dans une situation dangereuse, il y a deux options: tu en sors victime ou vainqueur », assure Kajan. « Notre état d’esprit, c’est de sortir vainqueurs. Y compris dans cette guerre ». 

D.C avec AFP

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