Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu’il recevrait l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, auteure d’un ouvrage polémique sur le mouvement islamiste des Frères musulmans, a fait savoir jeudi son entourage auprès de l’AFP.
La chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) devait présenter ce vendredi à la célèbre université parisienne de la Sorbonne son dernier livre sur le mouvement des Frères musulmans, « Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête », paru en janvier.
Mais elle a annoncé mardi via Twitter que « la doyenne de la Faculté de Lettres de la Sorbonne avait demandé la « suspension » de sa conférence (…) pour des raisons de « sécurité ». « Il n’y a pourtant eu aucune manifestation contre l’événement », a-t-elle souligné, déplorant un « empêchement à travailler et à rendre compte de son travail ».
Je précise que j’ai reçu des soutiens d’élus de droite comme de gauche.
La liberté d’expression, de recherche et d’enseignement est défendue par tous les démocrates, c’est une cause transpartisane.
Aucune récupération possible. https://t.co/3eS06Ph9iJ— Florence Bergeaud-Blackler (@FBBlackler) May 10, 2023
Sous protection policière après des menaces de mort
Le report de la conférence a suscité mercredi en France de vives réactions, alors que Florence Bergeaud-Blackler a dû être placée sous protection policière après des menaces de mort, selon son avocat. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a indiqué mercredi à l’AFP que Mme Bergeaud-Blackler y serait reçue « prochainement », considérant « intolérable que la liberté académique puisse se voir remettre en cause par la moindre menace à son encontre ».
Un soutien « assez timide »
De son côté, la chercheuse interrogée jeudi sur Europe 1 dénonce le manque de soutien de la part des pouvoirs publics et du milieu de la recherche : « Le ministère et le CNRS ont tweeté en ma défense, mais pas de relation directe (…), je n’ai pas reçu d’appel ni de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ni du CNRS, ni de mon laboratoire. Le soutien est assez timide ».
Selon elle, « l’Université est l’une des premières cibles de l’entrisme frériste ». Le report de sa conférence est « une façon d’accréditer la thèse de mes contempteurs qui m’accusent d’islamophobie ou de racisme ». Fondé en 1928 en Égypte, le mouvement des Frères musulmans porte le projet d’un islam politique conservateur. Il est aujourd’hui considéré comme « terroriste » en Égypte.
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