De Gaulle, acclamé le 14 juin 1944 en Normandie mais indésirable pour les alliés

Par Epoch Times avec AFP
12 juin 2024 03:01 Mis à jour: 12 juin 2024 11:28

Après quatre longues années sans fouler le sol de la France métropolitaine, le 14 juin 1944, Charles de Gaulle est heureux: la foule l’acclame lors de son premier discours à Bayeux. Il s’impose comme le représentant de la France libre, au grand dam des Alliés qui veulent se débarrasser de lui.

« Nous sommes tous émus en nous retrouvant ensemble, dans l’une des premières villes libérées », déclare le général sur la place du château à Bayeux, noire de monde, une semaine après le Débarquement des alliés en Normandie.

Quatre-vingts ans plus tard, la sous-préfecture du Calvados lui rend hommage vendredi en marchant sur ses pas jusqu’à cette place rebaptisée en 1946 Charles-de-Gaulle.

Tout le monde l’attendait

Selon l’historien François Kersaudy, « cette visite lui a permis de retrouver les Français et de voir comment ils allaient réagir. Il a en tête qu’en avril 44, le maréchal Pétain était encore acclamé par les Parisiens. Autres problèmes pour lui: les Etats-Unis allaient-ils installer une administration américaine? Qu’en était-il des communistes? »

« Il a été soulagé quand il est arrivé à Bayeux, il était extrêmement populaire, tout le monde l’attendait. Grâce (au général américain) Eisenhower, il a réussi à s’imposer mais le chemin ne fut pas simple face à l’hostilité de Roosevelt, atteint de +gaullophobie+ aigüe », poursuit l’auteur de plusieurs livres sur Winston Churchill et Charles de Gaulle.

Preuve de ces relations tendues, le Premier ministre britannique ne le prévient que la veille, le 4 juin, de la date du débarquement, finalement reporté d’un jour en raison de la météo.

Une grosse dispute s’ensuit avec Churchill, qui soutient le président américain Roosevelt pour mettre en place l’Amgot (Allied Military Government of Occupied Territories), un gouvernement militaire avec des préfets venus des Etats-Unis et une monnaie basée sur le dollar.

Pour se venger, Churchill refuse qu’il l’accompagne le 12 juin en Normandie. De Gaulle finit par quitter Portsmouth (Angleterre) deux jours plus tard à bord du navire des Forces navales françaises libres La Combattante.

Arrivé face à Courseulles-sur-Mer, il pose le pied dans la commune limitrophe de Graye-sur-mer, selon Philippe Parisse, qui a comparé pour son livre « 14 juin 1944. De Gaulle une journée historique », photos et films afin de déterminer le lieu où il a débarqué, le doute ayant subsisté depuis des décennies.

Le général Montgomery, commandant des forces terrestres, ne l’accueille pas sur la plage. « Ce sera bien assez pour lui d’arriver à notre quartier général », lui écrit Churchill dans un télégramme le 13 juin.

Le lendemain, s’adressant au président américain, Churchill indique qu’il « pourrait être autorisé à aller à Bayeux », sans faire de discours, seulement un communiqué à son retour susceptible d’être censuré.

De Gaulle n’en a que faire.

Sur la plage de Juno Beach où ont débarqué les Canadiens, seules trois personnes étaient autorisées à descendre du bateau, elles seront finalement 19. Le général est conduit en Jeep au QG de Montgomery à Creully.

Une journée marque un tournant dans la Libération

A Bayeux, ville libérée par les Britanniques, de Gaulle s’adresse aux Français, expérience qu’il réitérera le 16 juin 1946 avec son célèbre discours posant les bases de la future Ve République. Le général poursuit sa route en secteur américain, ovationné à Isigny-sur-mer et Grandcamp.

Avec ces entorses au programme anglais, il arrive trop tard pour repartir le soir même en Angleterre, le torpilleur ayant ordre de ne pas naviguer la nuit.

Cette journée marque un tournant dans la Libération. Plébiscité par les Français, de Gaulle réussit avec l’aide du général Eisenhower à imposer le nouveau Gouvernement provisoire de la République française, reconnu par les Alliés seulement en octobre. La France échappe ainsi à la tutelle américaine.

Le 7 juin dernier, le président Emmanuel Macron rappelait à Bayeux ce rôle du général de Gaulle, lui qui refusait de participer aux commémorations d’un débarquement dont il avait été exclu.

« La France renaît à Bayeux autour de ce qui nous fonde comme Nation: une histoire millénaire, l’indépendance du pays, la souveraineté du peuple, l’autorité de l’Etat », déclarait M. Macron trois jours avant de dissoudre l’Assemblée nationale, comme l’avait fait de Gaulle en 1962 et 1968.

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