De nombreux ménages « ne mangent pas pendant une journée entière ou davantage », alerte le Secours catholique

Par Emmanuelle Bourdy
22 novembre 2021 21:09 Mis à jour: 22 novembre 2021 21:09

Selon le rapport annuel du Secours catholique sur l’état de la pauvreté en France, la situation est « alarmante » car environ un quart des personnes sondées dans cette enquête « souffrent d’une insécurité alimentaire grave ».

Un rapport annuel du Secours catholique sur l’état de la pauvreté en France, dévoilé ce jeudi 18 novembre 2021, montre que 27 % des personnes bénéficiant de l’aide alimentaire de cette association caritative « ne mangent pas pendant une journée entière ou davantage, de manière régulière », rapporte France info. Par ailleurs, afin de se sacrifier pour leurs enfants, 53 % des bénéficiaires de cette aide sautent fréquemment un repas. L’association explique en effet que lorsque les revenus sont insuffisants, les ménages concernés rognent « sur la partie variable des dépenses, à commencer par l’alimentation et le chauffage ».

Ces chiffres s’appuient sur une enquête menée auprès de 1 088 ménages bénéficiant de l’aide du Secours catholique – à savoir des chèques-services pouvant être utilisés dans la plupart des supermarchés – réalisée entre mai et juin 2021. Le rapport révèle en outre que les personnes les plus touchées par cette précarité sont principalement « les familles avec enfants », et notamment « les ménages sans ressources, les parents isolés », mais aussi « les personnes seules », et surtout « les jeunes de moins de 25 ans ».

La faute à la crise sanitaire !

Il est évident que cette précarité est l’un des dommages collatéraux de la crise sanitaire et ce, en raison de plusieurs facteurs. En effet, lors du premier confinement où l’activité économique tournait au ralenti, trois ménages sur dix ont déclaré avoir « subi une perte de revenus », pointe l’association. La fermeture des établissements scolaires, et en l’occurrence des cantines, a également impacté 60 % des familles, celles-ci ayant dû assurer des dépenses supplémentaires en termes de repas, précise encore France info.

Le rapport montre encore que parmi les personnes sondées, les ressources mensuelles de la moitié des ménages sont inférieures à 235 €, à savoir « très en deçà du seuil d’extrême pauvreté », dont le chiffre est de 739 €. De plus, certains ménages, qui pourraient prétendre à des aides telles que le RSA ou les allocations familiales, n’en bénéficient pas.

À noter qu’en 2020, 57 % des bénéficiaires des chèques-services du Secours catholique ont eu recours à cette aide pour la première fois. « La pandémie a souvent aggravé l’intensité de la pauvreté déjà vécue », déplore l’association caritative.

Une diminution de la quantité, mais aussi de la qualité de l’alimentation

Par ailleurs, la baisse du niveau de vie de ces ménages a engendré une diminution non seulement de la quantité, mais aussi de la qualité de leur alimentation et huit ménages sondés sur dix se disent « préoccupés » par ce problème, estimant que cela joue très défavorablement sur leur santé.

« Beaucoup de familles changent de régime alimentaire et s’orientent vers des produits de moindre qualité qui sont source de problèmes de santé (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires associées). On a longtemps pensé que les produits low-cost étaient la solution pour les ménages précarisés […] Or, ce n’est pas une solution, car cela rend les gens malades », a signalé au Secours catholique, Olivier De Schutter, le rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté, ainsi que le souligne France info. Un constat qui d’ailleurs ne concerne pas uniquement les bénéficiaires d’aides alimentaires.

À l’approche de l’élection présidentielle de 2022, le Secours catholique tire la sonnette d’alarme auprès des politiques et réclame que leurs choix s’orientent vers davantage de fraternité.


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