De patient à directeur d’hôpital psychiatrique

mai 7, 2016 15:52, Last Updated: août 15, 2016 6:55
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Dennis Miller a tenté de tuer son père avec un couteau à beurre lorsqu’il était enfant. La maltraitance psychologique de son père en était de trop pour lui.

« J’ai toujours grandi avec le sentiment d’être orphelin, parce que je ressentais profondément que je n’avais pas de parents », déclare Miller. « Mais comment les gens auraient pu le comprendre en voyant que je vivais dans une maison avec piscine et un grand jardin ? »

L’apparence idéale de sa maison d’enfance à Carteret dans le New Jersey (États-Unis) était bien entretenue. Miller témoigne que son père se préoccupait davantage de l’aspect matériel que de ses propres enfants.

Son père était souvent assis, dans sa chambre, en train de manger des cacahuètes devant la télé. Quand il prêtait attention à ses enfants, c’était toujours pour les critiquer.

« Mon père vous aurait fait enrager, il était dans la provocation », se souvient Miller. « Il ne se préoccupait pas de savoir comment vous alliez, tout ce qui lui importait c’était lui (…) Je ne l’acceptais pas, je ne pouvais pas le supporter. »

Un couteau à beurre ne semble pas être l’arme la plus féroce mais Miller avoue que la rage aveugle que son père provoquait chez lui aurait pu en faire une arme mortelle. « Il a de la chance que je ne l’ai pas tué », raconte-t-il. « J’aurais facilement pu le tuer avec la colère qu’il provoquait en moi. »

Sa mère était attristée. Elle restait distante, résignée. Bien qu’elle ait contribué d’une certaine manière à l’environnement dépressif de leur foyer, elle a tout de même essayé d’encourager ses enfants à devenir meilleur que leur père.

La vie de Miller s’est empirée avant de devenir meilleure.

À l’âge de 20 ans, il s’est « automédiqué » avec des substances illégales pour finalement atteindre un point de rupture. « Je n’arrivais plus à gérer le fait d’être vivant », déclare-t-il. Il s’est rendu lui-même dans un hôpital psychiatrique.

C’est après un long travail sur lui-même et avec l’aide du soutien du Père Donald Gantley, qu’il a pu trouver le sens de l’estime de soi.

Ce prêtre, maintenant âgé de 90 ans est toujours ami avec Miller qui le décrit comme étant son « ange gardien ». Ce religieux l’écoutait avec compassion, il l’a soutenu de nombreuses façons, notamment pour l’aider dans sa recherche de travail.

« Il a été incroyable, un homme qui donne sans rien demander en retour », témoigne Miller.

D’employé de ménage à diplômé d’Ivy-League

Après être sorti de l’hôpital psychiatrique, il a décroché un travail pour nettoyer les sols dans un hôtel de la chaîne Ramada Inn. Mais il était déterminé à avancer.

Il n’avait pas eu de bons résultats à l’école. Ses professeurs avaient dit à sa mère qu’il aurait pu avoir des résultats excellents s’il s’y était appliqué, mais que ses troubles comportementaux provenant de la maltraitance psychologique survenaient souvent et l’en empêchaient.

Il s’est senti humilié lorsqu’il n’a pu entrer dans aucune des universités de sa région, alors que selon la loi elles étaient ouvertes à tous les candidats. Il est allé au-delà et s’est mis à étudier l’économie.

Ses consultations psychiatriques l’avaient rendu plus stable, psychologiquement et émotionnellement, ce qui lui a permis de se concentrer sur ses études comme jamais auparavant. L’université de Rutgers était sa prochaine étape, puis l’université de Colombia.

Il se rappelle le moment où il a reçu sa lettre d’acceptation à l’université de Colombia. « C’est une courrier volumineux, ça ne peut pas être une lettre de rejet », pensa-t-il. « Il n’y a qu’une feuille pour les lettres de rejet ».

« Je me suis retourné pour voir si je pouvais serrer quelqu’un dans mes bras », raconte-t-il.

De patient d’hôpital psychiatrique, Miller est passé employé de ménage à diplômé de l’université d’Ivy League, pour finir directeur du Centre médical de Somerset.

De patient d’hôpital psychiatrique, Miller est passé employé de ménage à diplômé de l’université d’Ivy League, pour finir directeur du Centre médical de Somerset, à Somerville dans le New Jersey.

Sa rencontre avec un tueur en série

Alors que son expérience de directeur d’hôpital a été le triomphe de sa vie, une ombre planait au tableau. Il a été rattrapé par une tragédie.

Un infirmier dénommé Charles Cullen travaillait à l’hôpital où Miller était directeur. Cullen a plaidé coupable en 2004 du meurtre de 13 patients et de tentative de meurtre sur deux autres, au sein de l’établissement.

C’est l’un des tueurs en série qui a fait couler le plus d’encre aux États-Unis, après avoir tué au moins 40 patients dans différents établissements hospitaliers, au cours de ses 16 années de carrière. Il empoisonnait ses victimes de façon médicamenteuse. Il a été arrêté alors qu’il travaillait à l’hôpital dirigé par Miller.

« Le cas Charles Cullen a été un épisode très difficile dans ma carrière professionnelle », témoigne Miller. « Il n’existe aucune formation pour les cadres de santé qui les préparerait à faire face à un tueur en série, est employé de votre établissement. »

Il n’existe aucune formation pour les cadres de santé qui les préparerait à faire face à un tueur en série, est employé de votre établissement.

— Dennis Miller, ancien directeur du Somerset Medical Center

« Bien que je savais que je ne portais pas la responsabilité légale de ses actes, j’étais personnellement dévasté par ce qu’il avait fait. Il a tué des patients dans notre hôpital et je me sentais très mal vis-à-vis de leur mort ainsi que des plaintes et des souffrances de leurs familles ».

Miller poursuit : « C’est l’ironie du sort, en tant que directeur de centre médical, d’avoir engagé ma propre responsabilité à rechercher un soutien psychologique pour mes problèmes mentaux, alors qu’un de nos employés en avait le plus besoin et n’en a pas eu. »

Un message d’espoir

Même si la vie de Miller n’a pas été un long fleuve tranquille, le message important qu’il en retient désormais est : « Il y a un chemin devant ».

Il répète cette phrase plusieurs fois. « Je ne peux jamais assez insister dessus », dit-il. « En dépit des circonstances de votre passé ou de votre vie actuelle, en dépit de combien elles peuvent être désespérantes, en dépit de combien c’est difficile, il y a de l’espoir, il y a un chemin devant. »

En dépit de combien c’est difficile, il y a de l’espoir, il y a un chemin devant.

— Dennis Miller

Il travaille désormais comme coach de motivation et de stratégie de direction, auprès des principales organisations à but non lucratif. Miller a récemment publié son autobiographie : Moppin’floors to CEO (De passer le balai à être directeur).

Nombreux sont ceux qui sont retenus par la peur de l’échec ou la peur de reconnaître leurs faiblesses et de demander de l’aide, observe Miller. Pour lui, chercher de l’aide « n’a pas été facile, ça a été humiliant ».

Mais cela a été le premier pas dans la construction de sa confiance en lui. Miller affirme que la confiance en soi est importante dans la vie et qu’elle se construit à travers l’atteinte de petits objectifs et des réussites croissantes.

Arrêter de se blâmer et prendre la responsabilité de ce qu’on est aussi important, selon lui.

Pardonner à ses parents

Miller en est arrivé à comprendre que son père était un homme profondément malheureux. « Il a été un être humain, d’une certaine façon il a évolué de manière tragique. C’était une honte de n’avoir jamais éprouvé de plaisir dans la vie », analyse Miller.

Beaucoup de mauvais comportements de son père provenaient de sa mère, soit la grand-mère paternelle de Miller. Il n’avait pas non plus grandi dans une atmosphère heureuse.

Ses frères et sœurs ne s’en sont pas sortis aussi bien que lui. Ils ont été en proie à l’abus de substances, à des relations abusives et d’autres difficultés. Mais ils sont tous diplômés d’université – une revanche, selon Miller, si l’on considère qu’aucun de ses parents n’avaient dépassé le collège.

Son père est mort en 2004 et sa mère en 2008. Sur le tard, son père a exprimé des regrets. Il s’est confié à l’épouse de Miller en tentant de montrer des preuves d’amour à son fils à plusieurs reprises, comme par exemple en l’aidant dans des travaux de réparation et de rénovation de sa maison.

« Ma vie est une leçon de guérison, d’avancées, de construction de nouvelle identité, pour devenir plus fort », témoigne Miller. « La vie peut changer. Je suis un homme heureux, j’apprécie la vie. Je n’aurais pas pu l’imaginer il y a 30 ans. »

Version originale : From Psychiatric Patient to Hospital CEO

 

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