Par peur d’essuyer des critiques, peu de Noirs américains osent dire qu’ils soutiennent Trump. Pourtant certains d’entre eux deviennent de plus en plus vocaux.
C’est le cas de Mark Fisher, un des co-fondateurs d’un groupe BLM (Black lives matter) dans l’État de Rhode Island, qui vient de publiquement soutenir l’ancien président.
« Je savais qu’il y aurait un prix à payer », confie-t-il à Epoch Times, « mais ça en vaut la peine, plutôt que jouer la carte de la sûreté. »
Il dit s’être senti obligé « d’ouvrir la voie » pour tous ceux qui pensent comme lui en secret.
Les Noirs comme lui qui soutiennent Trump sont regardés comme des traîtres à la cause noire.
La raison vient en partie des opposants à Trump qui n’ont eu de cesse de le présenter comme un raciste indigne des votes de la communauté noire. Mais cela vient aussi du fait de son appartenance à Parti républicain.
Pendant des générations, les dirigeants des communautés et des églises noires ont systématiquement poussé à soutenir les Démocrates.
Mais il se pourrait que la tendance soit en train d’évoluer. Les sondages d’opinion montrent que davantage de Noirs sont prêts à rompre le rang, à l’instar de M. Fisher.
Depuis la victoire de Trump en 2016, le soutien des Noirs à son égard a plus que triplé, dépassant désormais 20 % dans certaines enquêtes.
Les sondages semblent indiquer que les communautés noires ainsi que d’autres minorités ethniques du pays, ne semblent plus aussi anti-Trump qu’autrefois, et sont peut-être même prêtes à lui donner une seconde chance. C’est une tendance qui pourrait faire une grande différence en novembre, lors de l’élection présidentielle.
Trois facteurs semblent pousser les Afro-américains vers Trump, selon les personnes interrogées par Epoch Times : l’économie, le système de justice pénale et l’influence d’autres Noirs qui expriment publiquement leur soutien à Donald Trump.
La situation économique aux États-Unis sous Biden reste difficile. Presque tout le monde, quelle que soit sa couleur de peau, ressent le fardeau de la hausse des prix des produits alimentaires, de l’essence, du logement et d’autres produits de première nécessité ; depuis des mois, les sondages montrent qu’une vaste majorité de citoyens désapprouve la politique économique du président.
Les gens notent également que Trump est traité de manière probablement injuste par le système judiciaire – un sort que beaucoup de Noirs disent connaître.
Ils se disent : « Ce qui lui arrive me semble très familier », dit M. Fisher. « Inconsciemment, c’est puissant ».
Les Noirs déplorent également que les autorités du pays d’un côté laissent les crimes violents se propager et les immigrés clandestins entrer sans problème, et de l’autre s’en prennent à Trump pour des délits dont le caractère violent reste à prouver.
Le fait que des personnalités noires, notamment des musiciens, prennent partie pour Trump pourrait faire boule de neige et inciter d’autres personnes à faire de même.
M. Fisher voit en ces soutiens pro-Trump le signe qu’il n’est pas seul. Ces pionniers, dit-il, l’ont incité à sortir de l’ombre.
« J’ai vu d’autres Noirs s’exprimer, faire preuve de courage et d’indépendance d’esprit, ne pas avoir peur de ce que les autres pensent d’eux », a-t-il déclaré. « Et j’ai senti que ma communauté avait besoin que je fasse de même. »
Des opinions tranchées
Bien qu’il ait « essuyé beaucoup de critiques » pour avoir soutenu Trump, M. Fisher a également reçu « beaucoup de messages puissants, percutants et profonds de la part de personnes du monde entier », ainsi que des demandes d’interview émanant de pays aussi lointains que le Japon.
Trump l’a même remercié en lui passant un coup de fil surprise et en l’invitant à dîner. Certains ont critiqué l’ancien président pour avoir agi de la sorte, compte tenu des liens de M. Fisher avec BLM.
Trump et BLM se sont accusés mutuellement de semer les germes de la haine et de la violence.
« J’ai l’impression que les racistes blancs me détestent et que les racistes noirs me détestent aussi », déplore M. Fisher. « Mais tout ce que je fais, c’est séparer le bon grain de l’ivraie. Je crée un espace sûr pour tous ceux qui veulent être du bon côté de l’histoire, qui veulent s’unir pour améliorer l’Amérique et le peuple américain. »
Un célèbre rappeur noir Waka Flocka Flame a publié sur X une photo sur laquelle on le voit poser aux côtés de Trump, suivi d’un autre post disant : « TRUMP2024 ».
La photo a été vue au moins 13,5 millions de fois et a fait polémique, le rappeur ayant par le passé tenu des propos critiques envers l’ancien président.
Selon Bruce LeVell, lui-même Afro-américain et conseiller de Trump, l’artiste avait discrètement commencé à se rapprocher de Trump, ils se sont alors rencontré pour en parler en 2022 et ont posé ensemble pour une photo.
S’informer
D’autres Noirs, célèbres ou pas, prennent conscience que les Big Tech ont travaillé main dans la main avec les agences gouvernementales du pays pour supprimer ou déformer tout ce qui touchait à Trump, que d’autres personnalités politiques ont également été la cible de ce genre d’attaques, et que certains sujets de société ont été censurés, explique Bruce LeVell.
« C’est, comme je l’appelle, ‘la saison où tout se voit' », a-t-il déclaré. « Et les grands mensonges sont en train d’être mis au grand jour ».
McKayla Rose, le pseudo qu’elle utilise sur X, abonde dans ce sens. A 36 ans Rose a accepté de parler à Epoch Times à condition que son vrai nom ne soit pas utilisé, car elle craint d’être ciblée par la suite.
Elle explique qu’à l’époque elle est « tombée la tête la première dans la propagande anti-Trump ».
« Je me disais : ‘Si tout le monde le déteste autant, c’est qu’il doit y avoir une raison' », dit-elle.
Mais les choses ont pris une autre tournure il y a environ quatre ans. Mère de deux enfants, elle s’intéresse de plus en plus aux questions qui touchent à l’éducation de ses enfants, et aux questions de politiques éducatives.
Originaire de Tampa en Floride, Rose a grandi au milieu d’un mélange de Blancs, d’Hispaniques et d’Asiatiques. Cette expérience concrète l’a convaincue que « l’Amérique n’est pas raciste », contrairement à ce que prétendent les partisans de l’extrême-gauche.
« Je sais que la majorité des gens ne sont pas racistes, et je ne pouvais pas comprendre que les gens votent pour une personne aussi manifestement ‘raciste' », dit-elle, en référence à la manière dont les médias grand public ont dépeint Trump.
Elle a donc commencé à chercher des sources d’information non filtrées. Elle a commencé à suivre le compte Twitter de Trump et à écouter ses discours publics.
Elle s’est vite rendue compte qu’il y avait un schéma qui revenait tout le temps. Elle visionnait un discours de Trump, puis regardait la couverture médiatique que la presse grand public en faisait, et se rendait compte que les gens de gauche, et les médias de façon générale, déformaient complètement les propos qu’il avait tenus.
Selon elle, c’est comme cela que d’autres personnes noires ont commencé à s’informer.
« Je pense que Trump a enduré beaucoup de choses, et je crois vraiment que beaucoup de gens se sont rapprochés de lui aujourd’hui, plus que jamais, en particulier dans la communauté noire », a-t-elle déclaré.
Elle reste néanmoins consciente que soutenir Trump quand vous êtes noir, c’est s’attendre à être ostracisé. Et c’est justement ce qui s’est passé pour elle.
Après avoir partagé ses positions pro-Trump, Rose dit avoir perdu beaucoup d’amis noirs ; on la traite parfois de « coon », d’ « oncle Tom » et de « n*** », et autres termes connus pour être insultants et rabaissants pour les Noirs.
Mais c’est l’opposition des blancs de gauche qui est la pire, dit-elle, car « ces gens sont incroyablement condescendants ».
Elle raconte qu’ils lui demandent parfois : « Comment pouvez-vous voter pour quelqu’un qui vous déteste ? Vous savez qu’il déteste votre peuple, n’est-ce pas ? »
Et ils lui disent aussi : « Vous n’êtes vraiment pas intelligente, vous ne savez pas ce qu’il y a de mieux pour vous ».
« Et ils me disent en gros que, parce que je suis noire, je suis obligée d’être Démocrate – et que si je soutiens Trump, c’est probablement que je me déteste moi-même », dit-elle.
Sachant qu’ils s’exposeraient à des réactions similaires s’ils exprimaient leur soutien à Trump, « beaucoup de Noirs se cachent encore », dit-elle.
« Ils se taisent parce qu’ils veulent continuer à être invités au barbecue du dimanche », ajoute-t-elle. « Si vous êtes noir et que vous soutenez Trump, vous êtes en quelque sorte désavoué par votre propre famille, et par la communauté noire ».
Ni Biden ni Trump ?
Marv Neal, un Noir de 52 ans qui anime une émission de radio hebdomadaire sur la station « Urban Heat » à Boston, reconnaît que les Noirs sont réticents à avouer qu’ils n’aiment pas Joe Biden et ne sont pas convaincus par sa politique.
M. Neal a déclaré aux journalistes d’Epoch Times qu’il y a un désenchantement généralisé parmi la population noire à l’égard des candidats des deux grands partis.
C’est d’ailleurs ce qui ressort d’une enquête de GenForward qui a rapporté le 12 décembre qu’environ 20 à 25 % des minorités toutes confondues auraient voté pour « quelqu’un d’autre que » Trump ou Biden si l’élection avait eu lieu le mois précédent.
M. Neal estime lui-même que ce n’est pas parce qu’il est Démocrate que le parti obtiendra son vote.
Pourtant, il n’a pas toujours pensé ainsi.
« J’ai été élevé en tant que Démocrate et tout était démocrate… il fallait voter démocrate, démocrate, démocrate, démocrate », dit-il.
Mais il explique que c’est Larry Higginbottom, un autre animateur noir de la même station de radio, qui a changé sa façon de voir les choses.
Comme le dit Larry : « Votez pour vos intérêts ou pour celui qui parle de vos intérêts. Peu importe qu’il soit Démocrate ou Républicain ».
Jusqu’à présent, les politiques de Biden ne vont pas vraiment dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des « citoyens américains ordinaires », dit M. Neal.
Les refuges pour sans-abri à Boston sont « pleins à craquer » et les locaux peinent à bénéficier des services qui leur sont dus car l’argent est dépensé pour aider les immigrés ou les pays étrangers, déplore-t-il. Les chambres d’hôtel sont utilisées pour loger les immigrés, de sorte que les tarifs des chambres vacantes ont elles-aussi augmenté en flèche, dit-il.
Au départ, il n’aimait pas la façon dont Trump traitait l’immigration illégale. « Je me disais : Pourquoi est-ce qu’il se comporte comme ça? Pourquoi est-ce qu’il ne veut pas tout simplement aider ces gens ? »
Mais il se rend compte désormais qu’une politique de contrôle stricte des frontières va dans le sens de la protection des citoyens américains.
Pour autant, il ne se considère pas vraiment pro-Trump. Il estime d’ailleurs que les poursuites pénales contre l’ancien président sont justifiées. Mais ce qui le gêne, comme beaucoup d’autres, c’est qu’il y a en réalité peu de chance que Trump soit reconnu coupable de quoi que ce soit. Il estime que ces poursuites sont une perte de temps, et un gaspillage d’argent, contrairement à Rose pour qui ces procès sont de simples manœuvres politiques et qui estime que Trump est la cible d’attaques injustes.
Face à la question de savoir si la famille Biden a bel et bien bénéficié de millions de dollars en provenance de l’étranger, M. Neal n’est pas particulièrement choqué. « Ce genre de chose fait partie de la culture », dit-il. Les hommes politiques « se font des faveurs les uns aux autres… cela fait partie du jeu qu’ils jouent », ajoute-il.
Mais pour M. LeVell, qui officie en tant que coordinateur de la diversité auprès de Trump, les gens commencent à soupçonner que Biden s’est « compromis ».
Il estime que quand les Noirs comparent leur situation à celle de Biden, ils se disent : « Ce type fait des affaires juteuses, et moi j’ai du mal à joindre les deux bouts – et voilà maintenant que toute sa famille en profite ».
Et en même temps, tout un tas d’éléments nouveaux arrivent aux oreilles des Noirs américains, qui mettent à mal « le récit » anti-Trump qu’on leur a servi depuis si longtemps, dit M. LeVell.
Lui-même bénévole et non rémunéré, il dresse la liste de toutes les politiques promulguées par Trump quand il était président, qui ont soutenu l’emploi des Noirs, leurs commerces et entreprises ainsi que les collèges et universités historiquement noirs.
Ce sont même politiques que M. Fisher, l’activiste de BLM, a citées lorsqu’il a expliqué pourquoi il soutenait Trump.
Mais M. LeVell déplore qu’il ait fallu tant de temps pour faire comprendre aux Noirs l’intérêt qu’ont ces politiques pour leur communauté, tant ceux-ci sont imprégnés d’idées déformées sur Trump.
Un taux de participation record ?
Biden conserve une certaine influence auprès de nombreux électeurs noirs, en partie parce qu’il a été vice-président du premier président noir du pays, Barack Obama. De plus, la vice-présidente Kamala Harris est elle-même une femme de couleur.
En outre, « les électeurs noirs sont ceux qui penchent le plus systématiquement vers le Parti démocrate » parmi les électeurs de toutes origines raciales, selon Catalist, une société qui revendique de ne communiquer ses statistiques électorales qu’ « aux Démocrates et aux progressistes ».
Les Noirs, qui représentent environ 13 % des électeurs inscrits, ont voté à 88 % pour des candidats démocrates aux élections législatives de 2022. Ce chiffre montre que les Démocrates bénéficient toujours d’un soutien massif de la part des Noirs. Mais c’est tout de même 3 % de moins qu’en 2020, selon Catalist.
Plusieurs stratèges du Parti démocrate ont déclaré percevoir que le soutien dont bénéficie l’actuel président est en train de se réduire de façon spectaculaire parmi les personnes non-blanches.
M. LeVell ose même une prédiction audacieuse pour la présidentielle de novembre 2024.
« Je dis que cette élection va tout simplement battre un record », a-t-il déclaré, et il prévoit que 44 % des Noirs soutiendront l’ancien président. « Le nombre de Noirs qui se rendront aux urnes et voteront pour Donald Trump laissera les gens bouche bée, » pense-t-il.
Ce chiffre a surpris, après que Trump l’ait partagé avec son public lors d’un discours prononcé le 11 octobre à West Palm Beach, en Floride.
Le sondeur Rich Baris, connu sous le nom de « The People’s Pundit », estime que ces projections sont trop optimistes.
Le Big Data Poll de M. Baris et le sondage de l’Emerson College indiquent tous deux que les Noirs soutiennent Trump à hauteur de 19 %.
Pourtant M. LeVell ne pense pas que l’objectif des 44% soit irréaliste, si l’on en croit les gains réalisés par Trump auprès des électeurs noirs.
Il est vrai que les personnes non blanches « persuadables » pourraient jouer un rôle important dans le choix du vainqueur de cette élection, a déclaré M. Baris, les personnes blanches qui soutiennent Biden ou Trump restant fermement ancrées « dans leurs camps respectifs ».
Des opinions et des votes qui changent
Il y a sept ans, quelques mois après le début de sa première campagne présidentielle, les sondages montraient que le candidat Trump n’obtenait le soutien que d’environ 1 % des Noirs.
Mais lorsqu’il a remporté la présidence en 2016, les sondeurs se sont rendu compte qu’il avait obtenu le soutien de 6 % d’entre eux.
Lorsqu’il a officialisé sa candidature à la réélection en 2020, Trump recueillait environ 12 % des intentions de vote de ce groupe démographique.
Cet été, le sondage Messenger/Harris a fait couler encore plus d’encre en indiquant que, selon leurs calculs, Trump obtiendrait 25 % du vote noir dans le cadre d’un match retour contre Biden.
C’est plus de deux fois plus qu’en 2020, mais bien loin des projections de 44 % de M. LeVell pour 2024.
M. LeVell pense que tous les taux de soutien à Trump au sein des minorités seraient plus élevés « s’il était traité de manière équitable, et si l’information circulait librement » dans l’arène publique.
« Dieu merci, nous parvenons enfin à contourner tous les blocages des chaînes d’information et des réseaux sociaux […] », dit-il. « C’est un peu comme si la mer s’ouvrait devant nous ».
Par exemple, de nombreux Noirs ignorent encore que « Trump est venu dans les États du Sud à l’automne 2020 et qu’il a apporté à la communauté noire des ressources d’une valeur d’un demi-milliard de dollars » dans le cadre du « Plan Platine », rappelle M. LeVell.
Ce plan comprenait la création d’emplois et la réforme de la justice pénale, mais il n’a jamais été pleinement mis en œuvre parce que M. Trump a quitté ses fonctions en 2021.
« Le clouer au sol »
De nombreux Noirs américains estiment toujours que tous les changements que Trump voulait mettre en place sont nécessaires, selon « Silk », du célèbre duo pro-Trump « Diamond and Silk ».
Ironie du sort, tous ces procès intentés à l’ancien président, pour un total de 91 chefs d’inculpation, soulignent la nécessité d’une réforme de la justice pénale, a déclaré Silk à Epoch Times, de son vrai nom Herneitha Richardson.
« Le fait d’épingler toutes ces accusations différentes sur un seul homme pour voir laquelle va coller, c’est la norme au sein de la communauté noire », dit-elle.
« C’est ce même système biaisé et raciste qui tente de clouer Trump au sol ».
Alors que l’ancien président se rendait à la prison du comté de Fulton à Atlanta pour faire sa photo d’identité judiciaire le 24 août suite à son inculpation, des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des Noirs en train de l’acclamer au passage de son cortège. Certains criaient « Free Trump ! » (Libérez Trump !).
Des sentiments similaires ont été exprimés sur les réseaux sociaux.
« Trump, c’est un ‘frère’ maintenant. Je suis désolé, vous allez en prison dans la zone 6, à Atlanta, vous êtes un ‘frère' », a déclaré un homme noir non identifié dans une vidéo postée sur X.
Lors de la comparution de Trump à la prison d’Atlanta, quelques manifestants anti-Trump, dont certains noirs, étaient présents, mais un nombre plus important de personnes étaient venues pour lui manifester leur soutien.
Lors d’entretiens avec Epoch Times, un petit nombre de Noirs de la banlieue d’Atlanta se sont dits plus enclins à envisager un vote en faveur de Trump que par le passé. Mais d’autres restent et demeurent catégoriquement opposés à l’idée de voter pour lui.
En mai 2020, environ un quart des Noirs étaient d’accord avec la phrase controversée de Joe Biden, alors candidat, selon laquelle « vous n’êtes pas noir » si, en tant que Noir, vous votez pour Trump, comme le rapporte un sondage de Rasmussen Reports.
Biden, alors candidat à l’investiture démocrate pour la présidence, avait par ailleurs attribué sa victoire aux élections primaires de Caroline du Sud cette année-là au soutien des électeurs noirs. Cette victoire a « revitalisé sa candidature [qui était] en perte de vitesse », selon Rasmussen.
Mais depuis lors, selon un sondeur démocrate, Terrance Woodbury, Trump et les Républicains sont en train de récolter les fruits de leurs efforts de séduction des électeurs noirs.
« Ce n’est pas le fait de Joe Biden […]. C’est un problème auquel les Démocrates ont été confrontés tout au long du scrutin : les Républicains ont cherché à attirer les votes des Noirs, et cela a été efficace », a déclaré M. Woodbury lors du podcast politique FiveThirtyEight du 11 septembre.
« La raison pour laquelle je pense que Trump attire ces électeurs (…) est que son message, selon lequel le système est cassé, attire les gens qui sont les plus en détresse », a-t-il dit.
« Et le message de Trump, c’est justement ça : le système est cassé, il faut assécher le marais [en référence aux politiciens de Washington D.C.], le problème, c’est la politique et les politiciens ».
Il a fait remarquer qu’Obama avait également fait campagne en promettant de réformer le système. Mais Obama et Trump ont des visions très différentes de la manière de « réparer » les choses.
Aujourd’hui, « la défense de la démocratie » est l’un des principaux messages » des Démocrates, dit-il. Mais il est difficile de mobiliser les électeurs sur quelque chose comme la « défense de la démocratie ».
Le 25 septembre, le Morning Consult a publié une enquête selon laquelle « la part des électeurs noirs qui pensent que le Parti démocrate se soucie des gens comme eux a chuté de 71 % à 64 % depuis 2016. »
« Conjugués à la notoriété grandissante de Trump […], les chiffres montrent une situation difficile pour le président sortant et pour son parti, qui a longtemps essayé de s’associer à l’Américain moyen », a écrit le Morning Consult.
Une tradition qui pourrait bien se perdre
Si Trump a des qualités, elles ne commencent qu’à peine à devenir visible pour une grande partie de la communauté noire.
Bien avant qu’il ne décide de se présenter à l’élection présidentielle, Donald Trump était connu de tous les Américains. Ils « connaissaient » bien l’homme, en raison de sa réputation d’homme d’affaires new-yorkais et en tant que vedette des émissions télévisées « The Apprentice » et « The Celebrity Apprentice ».
En 2015, Silk a déclaré qu’elle et sa sœur Diamond (Ineitha Hardaway), décédée en janvier de l’année dernière, ont été les premières femmes noires de premier plan à soutenir ouvertement le candidat Trump, « à une époque où c’était impopulaire ».
Toutes deux aimaient son franc-parler et ses idées conservatrices.
Les deux femmes, qui étaient incontournables sur Fox News pendant un certain temps, ont exhorté les gens à monter dans le « train Trump » et à « faire campagne pour Trump ».
Silk a déclaré qu’elles s’étaient libérées du moule.
Aujourd’hui, des personnes « de toute race, de toute croyance et de toute couleur comparent l’Amérique de Trump à l’Amérique de Biden », dit-elle. Et ils voient clairement que « Trump représente la prospérité et Biden la pauvreté ».
C’est une grande joie de voir la communauté noire commencer à se réveiller », a-t-elle déclaré.
Pendant des années, les électeurs noirs ont été nombreux à ne pas vouloir écouter ce que ce milliardaire devenu homme politique avait à dire, explique M. LeVell, parce que la « machine » du Parti démocrate est parvenu à s’assurer la loyauté de l’électorat noir.
Les Démocrates financent un grand nombre d’églises et de groupes civiques noirs, et les hommes politiques du parti « reviennent tous les quatre ans pour demander à nouveau de voter pour eux », dit-il.
Lors d’un rassemblement dans le Michigan au cours de l’été 2016, Trump, alors candidat, a suggéré aux Noirs d’arrêter de voter pour les Démocrates et de voter pour lui à la place, et leur a lancé: « Qu’avez-vous donc à perdre ? »
Cette remarque est restée gravée dans la mémoire de M. LeVell. C’était pour lui un moment décisif.
« Aucun dirigeant ne s’était jamais exprimé aussi librement et aussi franchement que Trump, en s’adressant directement à la culture noire… et en disant : ‘Regardez la situation de vos communautés. Regardez vos rues. Regardez vos écoles. Pourquoi continuer à voter de la même manière ? Essayez quelque chose de différent' », a déclaré M. LeVell.
« Et c’est une question légitime que de plus en plus de gens se posent ».
Dan M. Berger a contribué à cet article.
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