Une opération de police a été menée mercredi soir dans un quartier sensible de Grenoble, après la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos mettant en scène des hommes cagoulés et lourdement armés autour d’un point de deal, qui ont suscité l’indignation de Gérald Darmanin.
Cette opération, entamée en début de soirée par une quarantaine de policiers dans le quartier Mistral, visait à assurer que « l’État s’imposera face à l’ensauvagement d’une minorité de la société », a écrit le ministre de l’Intérieur sur Twitter.
Des policiers étaient toujours postés à l’une des entrées du quartier après l’opération, achevée peu après 21h00, ont constaté des journalistes de l’AFP. Le bilan est resté maigre avec une cinquantaine de contrôles, mais aucune interpellation ni saisie à signaler, a indiqué la préfecture à l’AFP.
Sur mon instruction directe, une opération de police est en cours dans le Mistral, à #Grenoble. Merci aux effectifs mobilisés pour imposer l’ordre républicain, le seul qui protège.Aucun doute ne doit subsister: l’Etat s’imposera face à l’ensauvagement d’une minorité de la société
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) August 26, 2020
Toutefois, selon le préfet de l’Isère Lionel Beffre, « il était important de réaffirmer l’autorité de l’Etat sur ce territoire » après la diffusion des vidéos.
« Il n’appartient pas à quelque groupe que ce soit de faire la loi, ça appartient aux forces de l’ordre », qui seules « ont la capacité d’être armées dans l’espace public et sur la voie publique », a-t-il assuré sur place au micro de BFM TV.
Dans le quartier du Mistral à #Grenoble, les narcotrafiquants vendent leur drogue sous la protection d’hommes lourdement armés.
Mais @GDarmanin préfère s’occuper de mettre des amendes pour les masques. pic.twitter.com/eE2oyQIT6t— Damien Rieu (@DamienRieu) August 24, 2020
Le parquet de Grenoble a ouvert une enquête après la diffusion en début de semaine de vidéos tournées dans le quartier Mistral, très touché par le trafic de stupéfiants.
La première, devenue virale comme la seconde depuis lundi, met en scène sept hommes, cagoulés et parfois munis d’armes en apparence réelles, faisant le guet autour d’un point de deal, près d’une aire de jeux, où se dirige un homme s’apparentant à un consommateur.
À Grenoble, @GDarmanin a ordonné une opération de police dans le quartier Mistral :
• 0 interpellation
• 0 saisie
• 0 réponse concrèteLes tweets et les opérations de communication avec les caméras des journalistes ne suffiront pas pour assurer la sécurité des Français … pic.twitter.com/CX58A6wUGd
— Tancrède ن (@Tancrede_Crptrs) August 27, 2020
Le quartier est qualifié dans l’autre vidéo de « capital (sic) du stup »: on y voit cinq hommes autour d’une table couverte de paquets de friandises qui pourraient contenir des produits stupéfiants.
Des images « inadmissibles », avait réagi lundi sur Twitter le procureur de la République à Grenoble, Éric Vaillant. Cela « renforce, si besoin est, la détermination du parquet de Grenoble à lutter contre les trafiquants de stupéfiants », ajoutait-il.
Pour le magistrat, il est « probable que ces images aient pour objectif d’impressionner d’éventuels ennemis ou clans rivaux qui ambitionneraient de s’approprier ce point de deal dans la guerre de territoires et de pouvoir qui opposent les trafiquants actuellement », a-t-il expliqué au quotidien régional Le Dauphiné Libéré.
Un coup de comm’ pour le maire de Grenoble
Le maire Eric Piolle (EELV) a dénoncé jeudi un coup de communication du gouvernement à Grenoble, où une opération de police a été menée la veille dans un quartier sensible après la diffusion en ligne de vidéos mettant en scène des hommes armés sur un point de deal.
#Grenoble Bilan opération police quartier #mistral : 50 consommateurs de drogue contrôlés et 2 scooters saisis selon @Prefet38 pic.twitter.com/L64oRhtGq0
— France 3 Alpes (@f3Alpes) August 26, 2020
« Je regrette fortement que le ministre (Gérald Darmanin, ndlr) s’engage dans cette logique où on pointe du doigt un quartier de telle ou telle ville », a-t-il ajouté, assurant que le quartier Mistral n’était pas une zone de non-droit.
La ville avait demandé à l’Etat des renforts en effectifs policiers, « parce que nous savions que le confinement allait créer des tensions », a-t-il assuré. Une demande restée sans réponse, selon l’édile. « Par contre, nous avons cette opération de communication, une demi-heure, pas d’arrestation : c’est vraiment de la com’ ! », s’est-il indigné.
Le bilan de l’opération de mercredi soir est en effet resté maigre avec une cinquantaine de contrôles, mais ni interpellation ni saisie à signaler.
Pour le préfet, « ce n’est pas en augmentant les effectifs de la police que vous empêcherez les règlements de compte ». Si, mercredi, des interpellations avaient pu avoir lieu, « la police n’aurait pas hésité à le faire », a-t-il ajouté.Le préfet a expliqué qu’au-delà de cette opération ponctuelle, l’implication des forces de l’ordre au quotidien, notamment dans ce quartier Mistral, était « opiniâtre, discrète, mais néanmoins efficace ».
Selon les chiffres de la préfecture, 160 interpellations y ont été effectuées depuis janvier.
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