L’ancien maire de Lyon Gérard Collomb, ex-ministre de l’Intérieur du premier gouvernement Macron, est décédé samedi soir à l’âge de 76 ans, selon les mots de son épouse Caroline. Atteint d’un cancer, le décès du baron lyonnais a suscité une pluie d’hommage.
Le président Macron et son épouse ont salué dans un communiqué « un ami cher », « un maire qui voua ses talents exceptionnels de dialogue et d’imagination pour bâtir une ville à son image », un « homme d’État qui incarnait l’ascension et l’autorité républicaines ». Atteint d’un cancer de l’estomac, son état de santé s’était considérablement dégradé ces derniers jours et il avait été pris en charge par le service d’oncologie de l’hôpital de Lyon Sud.
Né le 20 juin 1947 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), d’un père ouvrier-métallurgiste et syndicaliste CGT et d’une mère femme de ménage, Gérard Collomb est resté une des figures politiques emblématiques de la capitale des Gaules dont il a été le maire de 2001 à 2017 puis de 2018 à 2020 après un bref passage place Beauvau. Élu maire en 2001 avec le soutien de Raymond Barre après deux tentatives infructueuses qui l’avait laissé sur les bancs de l’opposition municipale, il avait quitté son poste pour devenir ministre de l’Intérieur et ministre d’État dans le gouvernement d’Édouard Philippe.
Il fut en effet un « soutien de la première heure » et un « artisan de la victoire » remportée en 2017 par Emmanuel Macron, comme l’a rappelé le chef de l’État dans son message samedi. Le Sénat lui a rendu hommage samedi soir en observant un moment de recueillement.
De vivre « côte à côte » à vivre « face à face »
À l’annonce de sa mort, qui survient au lendemain du meurtre sauvage de Thomas à Crépol (Drôme), un jeune de 16 ans, sans histoire, qui participait au bal de son village, de nombreux élus n’ont pas manqué de reprendre les propos de l’ancien maire et ministre de l’Intérieur sur l’échec de la mixité sociale. D’après les dernières informations, sur les neuf personnes interpellées hier, l’un des principaux suspects du meurtre de Thomas serait un certain Chaïd A., 20 ans, vivant à Romans-sur-Isère, à une vingtaine de kilomètres du lieu du drame.
Le 3 octobre 2018, lors de sa passation de pouvoir avec le Premier ministre Édouard Philippe, l’élu dénonçait la situation « très dégradée » dans les quartiers où il s’était rendu. Il avait visité plusieurs quartiers à la périphérie de grandes villes, comme Toulouse Montmirail ou encore Aulnay-sous-Bois (93). « Je suis allé dans tous ces quartiers : la situation est très dégradée. » Il appelait à demi-mot le futur Premier ministre à poursuivre ce qu’il avait entamé, à savoir la création d’une trentaine de « quartiers de reconquête républicaine ». Il insistait sur la nécessité d’adopter une « vision d’ensemble » pour réussir à « recréer de la mixité sociale » et déplorait un travail isolé, « commune par commune ». « Aujourd’hui, on vit côte à côte (…). Je crains que demain, on vive face à face », des propos qualifiés aujourd’hui par beaucoup de « prophétiques » au lendemain de plusieurs crimes haineux.
Gérard Collomb « je crains que demain on vive face à face »
Au service de l’intérêt général à Paris comme à Lyon.
Il a démissionné faute d’être écouté, il a été ostracisé pour avoir rompu le pacte de déni de réalité.
Sa prophétie s’est réalisée à #Crepol comme à #RomansSurIsere pic.twitter.com/i92CSvVHPK
— Dubief Marc (@DubiefMarc) November 25, 2023
En froid avec la Macronie
Affaibli politiquement par l’affaire Benalla « difficile à vivre », selon lui, ce « fidèle parmi les fidèles » avait démissionné avec fracas en octobre 2018 pour reprendre ses fonctions à Lyon qu’il avait cédées à deux de ses lieutenants. Ces lieutenants partent en dissidence, son camp se déchire et lui-même cède à la colère – il n’a jamais supporté que l’on s’émancipe.
« Cette ville, j’ai mis vingt ans à la conquérir, vingt ans à la transformer, on ne la quitte pas comme ça », dit-il en 2020 pendant une campagne électorale marquée par son alliance avec la droite entre les deux tours.
En froid avec la Macronie dont il dénonce le « manque d’humilité », critiqué à gauche où on l’accuse de dérive droitière pour sa loi antiterroriste et son projet de loi asile/immigration, il se voit finalement repoussé sur les bancs de l’opposition municipale par les Verts qui remportent à la fois la mairie et la métropole, le véritable siège du pouvoir lyonnais.
Le baron lyonnais avait disparu de la scène politique locale depuis qu’il avait lui même annoncé son cancer de l’estomac sur son compte X (ex-Twitter) le 16 septembre 2022, suscitant soutien et encouragements de la sphère politique lyonnaise.
À la tête de Lyon, cet ancien professeur agrégé de lettres classiques a transformé la ville avec l’aménagement des berges du Rhône, des quais de la Saône, la construction de l’éco-quartier de La Confluence, situé au sud de la ville. Les Lyonnais lui doivent également le Musée des Confluences et la « Skyline » de la ville avec les tours Incity et Oxygène. Mais aussi Les Nuits sonores, festival musical incontournable de la scène électronique ainsi que les illuminations de la traditionnelle Fête des Lumières.
Il fut élu député du Rhône (1981-88) au moment de la vague rose portée par François Mitterrand. Il fut aussi maire du 9e arrondissement lyonnais (1995-2001), conseiller régional (1992-1999), sénateur (1999-2017, un mois en 2018) et premier président de la Métropole lyonnaise (2015-2017).
Marié depuis 2001 à son épouse Caroline, il laisse cinq enfants dont trois de deux précédentes unions.
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