La soprano martiniquaise Christiane Eda-Pierre, très grande voix française et première cantatrice noire de l’Hexagone à faire une carrière internationale d’envergure, est décédée à l’âge de 88 ans, a indiqué sa famille à l’AFP.
Née le 24 mars 1932 à Fort de France en Martinique, Christiane Eda-Pierre, qui était également une grande pédagogue au Conservatoire de Paris, est décédée dimanche de mort naturelle dans sa maison des Deux-Sèvres, dans le centre-ouest de la France, selon ses proches.
»Elle a fui, la tourterelle »…Hommage à l’immense Christiane Eda-Pierre qui nous a quittés. Souvenir des Puritani à Marseille et de grandes soirées à l’ Opéra de Paris (Antonia, Konstanze, L’ange, Donna Anna). L’outre-mer lyrique est en deuil. https://t.co/BJXrjScj8w
— Jean-Philippe Thiellay (@jpthiellay) September 7, 2020
Les plus grandes maisons d’opéra, de Paris à New York
Celle qui a chanté dans les plus grandes maisons d’opéra, de l’Opéra de Paris à New York, en passant par Londres ou Vienne, avait notamment triomphé en 1977 dans « Les Contes d’Hoffman » d’Offenbach, mis en scène par Patrice Chéreau.
Soprano au répertoire éclectique, elle a participé à plusieurs créations, notamment le « Saint-François d’Assise » du compositeur français Olivier Messiaen.
Née dans une famille d’intellectuels martiniquais, nièce de la femme de lettres Paulette Nardal — première étudiante noire à la Sorbonne– elle apprend très jeune le solfège auprès de sa mère, professeure de piano.
Christiane Eda-Pierre (24 mars 1932 – 6 septembre 2020)https://t.co/qGg0BAly6S
— Etienne (@etprd) September 6, 2020
« Son premier contact avec l’opéra, c’était de son grand-père qui connaissait tous les airs lyriques grâce aux troupes qui faisaient des va-et-vient entre l’Europe et les Etats-Unis et qui s’arrêtaient pour se produire à Saint-Pierre ou Fort-de-France », raconte à l’AFP sa biographe Catherine Marceline, dont le livre « Christiane Eda-Pierre, une vie d’excellence », est sorti en 2019.
Première cantatrice noire française de carrière internationale
Elle arrive à Paris à la fin des années 50 pour des études de piano. Mais Charles Panzéra, grand baryton suisse, « m’a entendue, il m’a dit +je vais te présenter au Conservatoire+, j’ai ouvert de grands yeux parce que je me suis dit +moi, une noire, rentrer au Conservatoire, ce n’est pas possible+ », raconte-t-elle dans un podcast diffusé en 2013 par Qobuz.
Christiane Eda-Pierre s’en est allée.
Première cantatrice noire de France, elle reste une artiste d’une longévité hors du commun après plus de 40 ans de carrière et 47 rôles lyriques emblématiques.Elle fut une enseignante dévouée qui a formé plusieurs générations d’élèves. pic.twitter.com/moQXL0GmHn
— Kant faut y aller… (@sisyphe007) September 7, 2020
Christiane Eda-Pierre fait ses débuts à l’Opéra de Nice dans « Les pêcheurs de perles » de Bizet avec Gabriel Bacquié, baryton-basse français décédé en mai. Elle se distingue l’année suivante dans le prestigieux Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence puis enchaîne les rôles à Paris, à l’Opéra-Comique et au Palais Garnier avant de s’illustrer à l’international.
Elle était l’Ange de Messiaen pour la création de Saint François d’Assise, la soprano Christiane Eda-Pierre est morte dimanche 5 septembre à l’âge de 88 ans.https://t.co/d11UIDhwIh
— France Musique (@francemusique) September 7, 2020
Elle a été la première cantatrice noire française à faire une carrière internationale d’envergure et défendait la représentativité des artistes noirs dans tous les arts. « Elle disait que plus on les mettrait sur scène, plus ça se normaliserait », d’après la biographe.
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