Décès de Jean-Marie Le Pen, le « menhir » de la droite nationale française

Par Epoch Times avec AFP
7 janvier 2025 17:54 Mis à jour: 7 janvier 2025 23:25

Jean-Marie Le Pen, figure de l’extrême droite française et finaliste de la présidentielle de 2002, est mort mardi à l’âge de 96 ans à Garches (Hauts-de-Seine), dans un établissement où il avait été admis il y a plusieurs semaines.

« Jean-Marie Le Pen, entouré des siens, a été rappelé à Dieu ce mardi à 12h00 », a indiqué sa famille dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Engagé sous l’uniforme de l’armée française en Indochine et en Algérie, tribun du peuple à l’Assemblée nationale et au Parlement européen, il a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté », a salué sur X le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.

Marine Le Pen se trouvait mardi à la mi-journée dans un avion qui doit la ramener en métropole de Mayotte, où elle s’est rendue pour exprimer sa solidarité après le passage dévastateur du cyclone Chido.

La mort de Jean-Marie Le Pen a été annoncée alors qu’une partie de la classe politique était réunie mardi à Paris devant l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, dix ans après les attentats de janvier 2015.

« Une figure de la vie politique française »

L’Élysée a réagi dans un communiqué que Jean-Marie Le Pen était une « figure historique de l’extrême droite » française dont le « rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans (…) relève désormais du jugement de l’Histoire ». « Le président de la République exprime ses condoléances à sa famille et ses proches », a-t-on ajouté.

Le Premier ministre, François Bayrou, a reconnu « une figure de la vie politique française », au-delà « des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond ». « On savait, en le combattant, quel combattant il était. »

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau (LR), a pour sa part estimé qu’une « page de l’histoire politique française se tourne » avec la mort de celui qui « aura incontestablement marqué son époque ».

Le fondateur de Front national, devenu Rassemblement national, s’était peu à peu retiré de la vie politique à partir de 2011, lorsque sa fille Marine Le Pen avait repris la présidence du parti.

Affaibli par plusieurs accidents de santé, une expertise médicale avait constaté en juin dernier « une profonde détérioration » de son état physique et psychique, estimant qu’il n’était pas en mesure ni « d’être présent », ni de « préparer sa défense » au procès des assistants des eurodéputés FN qui s’était déroulé à Paris de septembre à novembre.

Mi-novembre, Jean-Marie Le Pen avait été hospitalisé puis admis dans une structure à Garches, à l’ouest de Paris, non loin de son domicile de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

Provocateur sulfureux

Tribun hors-pair, provocateur sulfureux, patriarche contrarié par les siens, ce Breton qui aimait à être surnommé « le menhir » avait sorti l’extrême droite française de sa marginalité au cours d’une carrière politique qui a marqué la Ve République.

Le plus emblématique de ses succès restera inachevé. Le 21 avril 2002, à 73 ans et pour sa quatrième candidature à l’Élysée, il crée la surprise en se qualifiant pour le second tour de l’élection.

Le triomphe a son revers : pendant quinze jours, des millions de personnes défilent contre le Front national. Surtout, Jean-Marie Le Pen permet la réélection facile de son ennemi juré Jacques Chirac.

Jean-Marie Le Pen, après avoir été marié avec Pierrette Lalanne, la mère de ses filles Marie-Caroline, Yann (elle-même mère de l’eurodéputée Marion Maréchal) et Marine, avait épousé en secondes noces Jany Paschos.

Celui qui a fait « du mouvement national une famille politique autonome, puissante et libre »

Sébastien Chenu, vice-président du parti, a estimé que « la disparition de Jean-Marie Le Pen est celle d’un immense patriote, visionnaire et d’une incarnation du courage ». « C’est aussi la disparition d’un homme d’une immense culture, qui a porté l’espoir de millions de Français ».

Dans un communiqué, le Rassemblement national a évoqué la mémoire de « celui qui, dans les tempêtes, tint entre ses mains la petite flamme vacillante de la nation française et qui, par une volonté et une ténacité sans limite, fit du mouvement national une famille politique autonome, puissante et libre ».

Éric Ciotti, qui s’est allié au RN lors des dernières législatives, a décrit un « homme politique au parcours jalonné de zones d’ombres, mais aussi de courage, d’intuitions puissantes et de patriotisme sincère ».

L’ex-candidat à la présidentielle de 2022 Éric Zemmour lui a également rendu hommage : « Par-delà les polémiques, par-delà les scandales, ce que nous retiendrons de lui dans les prochaines décennies, c’est qu’il fut parmi les premiers à alerter la France des menaces existentielles qui la guettaient ». « Il restera la vision d’un homme, et son courage, à une époque où les hommes courageux n’étaient pas si nombreux », a ajouté M. Zemmour.

Pour beaucoup à gauche, « un fasciste d’un autre temps s’en est allé »

« Les amis de Vichy et la torture en Algérie. Le FN fondé avec des Waffen SS, les “Durafour crématoire” et les “points de détail de l’histoire”. Un fasciste d’un autre temps s’en est allé. Mais laisse derrière lui des héritiers, très actuels », a renchéri le député François Ruffin, qui siège avec les écologistes à l’Assemblée nationale.

Après la mort de l’ex-président du Front National, « restent ses idées nauséabondes. Combattons-les, sans relâche », a pour sa part commenté le porte-parole du PCF Ian Brossat.

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