L’écrivain royaliste, Jean Raspail, auteur notamment de « Le camp des saints », un roman imaginant avec effroi l’arrivée d’un million de migrants sur la Côte d’Azur, est décédé samedi à quelques jours de son 95e anniversaire, a-t-on appris auprès de son éditeur et de son fils.
Hospitalisé à l’hôpital Henry-Dunant à Paris, l’écrivain, catholique traditionaliste, avait reçu vendredi les derniers sacrements . Il est « mort paisiblement entouré des siens », a indiqué son fils Quentin à l’AFP.
Jean Raspail était hospitalisé depuis fin décembre et, en raison de l’épidémie de coronavirus, sa famille n’a pas pu le voir jusqu’à ces derniers jours. « Cette situation a touché beaucoup de familles et c’est vraiment horrible », a confié le fils de l’écrivain.
Admiré par les uns, décrié par les autres, l’écrivain se définissait comme « royaliste », « homme libre, jamais inféodé à un parti ». Il reconnaissait cependant être bien « ultraréactionnaire », « attaché à l’identité et au terroir » et farouchement opposé au « métissage ».
Les jours que nous vivons -pandémie mondiale, statues déboulonnées, contrition occidentale au nom de « Big Other »- ressemblent malheureusement à un roman de Jean Raspail. RIPhttps://t.co/DGmbQEXbo8
— Vincent Tremolet de Villers (@vtremolet) June 13, 2020
Auteur de plusieurs dizaines de livres, lauréat du Grand prix du roman de l’Académie française (en 1981) pour « Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie » et du prix du Livre Inter (en 1987) pour « Qui se souvient des hommes », il restera comme l’auteur du roman « Le camp des saints », un livre sans cesse rééditer depuis sa parution en 1973.
Salué comme un « roman-culte » par la mouvance nationaliste, qualifié de « raciste » par les autres, « Le camp des saints » imagine l’arrivée, une nuit, sur les côtes du sud de la France, de cent navires à bout de souffle chargés d’un million d’immigrants. Face à cela, que faire? C’est ce choc que raconte le livre, tandis que l’auteur s’interroge « y a-t-il un avenir pour l’Occident? ».
« C’est un livre surprenant. Il a été long à écrire, mais il est venu tout seul. J’arrêtais le soir, je reprenais le lendemain matin sans savoir où j’allais. Il y a une inspiration dans ce livre qui est étrangère à moi-même. Je ne dis pas qu’elle est divine, mais étrange », confiait l’écrivain au Point en 2015.
L’immense Jean #Raspail est mort. En septembre dernier, il se confiait pour l’une des dernières fois à L’Incorrect. Nous republions ce grand entretien en hommage au romancier qui aura fait rêver nos jeunesses.
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— L’Incorrect (@MagLincorrect) June 13, 2020
Cette année-là, en pleine crise migratoire en Europe, la présidente du RN, Marine Le Pen avait invité « les Français à lire ou relire le Camp des Saints ». Samedi, Marine Le Pen a qualifié sur twitter son décès d' »immense perte pour la famille nationale ».
Né en juillet 1925, Jean Raspail a d’abord connu une vie de bourlingueur avant de se consacrer à l’écriture. Outre « Le camp des saints », il a écrit plusieurs romans d’aventures et récits de voyages dont « Terre de Feu-Alaska » (1952), « Le jeu du roi » (1976) ou « Pêcheurs de lunes » (1990). Il s’était pris de passion pour la Patagonie, royaume imaginaire dans les terres australes d’Amérique du Sud dont il s’était proclamé « consul général ».
Jean Raspail – Bercoff dans tous ses états
Aujourd’hui, @andrebercoff reçoit l’écrivain et explorateur #JeanRaspail.? Lien: https://t.co/KlrgMz04Rk via @YouTube
— Sud Radio (@SudRadio) June 26, 2019
En 2019, à 94 ans, il avait publié deux romans: « Les Pikkendorff » (Albin Michel) et « La Miséricorde » (Les Equateurs), bref roman inspiré du terrible crime du curé d’Uruffe, dans les années 1950. Ce meurtre (un jeune prêtre avait assassiné sa maîtresse, enceinte, puis l’enfant qu’elle portait, non sans l’avoir préalablement baptisé) avait scandalisé la France de l’après-guerre.
Jean Raspail avait laissé cet ultime roman inachevé laissant au lecteur le soin de décider si l’auteur d’un tel crime méritait le salut.
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