Le dispositif est en test « expérimental » depuis le 6 mai.
Afin de préparer le déconfinement, dans la station Châtelet-Les Halles à Paris, six caméras utilisant un logiciel de reconnaissance automatique ont été installées depuis le 6 mai dernier. Ces dernières observeront les voyageurs qui portent des masques ou non. Ce dispositif restera de manière « expérimental » pendant trois mois a expliqué Datakalac à Franceinfo, la start-up française d’intelligence artificielle qui est à l’origine du système permettant ce calcul.
Alors que le port du masque sera obligatoire dans tous les transports en commun à partir du 11 mai, Xavier Fisher, directeur général de Datakalab assure que les observations ne serviront pas à surveiller ni a à verbaliser les voyageurs.
Dans la station de métro et de RER, ces caméras sont reliées à un système informatique contenant un algorithme qui compte le nombre de personnes qui passent à un point donné, celles qui portent un masque et celles qui n’en portent pas. À terme, douze caméras y seront reliées.
Des caméras de reconnaissance de masques dans le métro parisien ! https://t.co/MlFf0x6oQX
— Thierry Vallat (@MeThierryVallat) May 7, 2020
« Si la caméra était volée, on ne pourrait rien y trouver »
L’algorithme qui analyse les pixels des images, arrive à percevoir si les voyageurs portent des masques ou pas, mais ne peut reconnaître les individus. Il envoie ses calculs sous forme d’infographies aux opérateurs de la RATP et à Datakalac. La start-up précise, selon les premiers tests, que leur taux de fiabilité est de 90%. « L’ordinateur n’a pas d’écran et on n’a volontairement aucun accès possible techniquement pour visualiser ce qui se passe. L’ordinateur traite le flux et compte le nombre de gens qui ont un masque ou qui n’ont pas de masque », explique Xavier Fisher.
M. Fisher a transmis les éléments juridiques à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) et assure que « personne ne voit les images, elles ne sont pas stockées, elle n’ont pas de durée de vie. Personne de la RATP et personne de chez Datakalab ne peut avoir accès à tout ça. On ne veut surtout pas collecter de quelque manière que ce soit une information qui est une donnée personnelle », confie-t-il à Francinfo.
« Tout le traitement se fait au niveau de la caméra : aucune image n’est transmise, seule une statistique est envoyée, et l’analyse se fait en mémoire vive, ce qui fait que même si la caméra était volée, on ne pourrait rien y trouver », rajoute-t-il. De plus, les données récoltées sont envoyées toutes les 15 minutes, ce qui rend difficile une verbalisation des usagers des transports qui ne porteraient pas de masque.
De son côté, la RATP s’engage à ne pas mettre plus d’agents là où le masque serait le moins porté. Par contre, si elle constate que le masque est très peu porté, elle pourrait en augmenter la prévention.
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« Une façon d’habituer les gens à être surveillés »
Invitée le 8 mai sur Franceinfo, Maryse Artiguelong, vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme, responsable du pôle Liberté et TIC a déclaré que si ce « dispositif paraît tout à fait bienveillant, ce dispositif ne va servir à rien ».
Pour Mme Artiguelong, « s’il faut faire de la pédagogie, faisons-là tout de suite. Ça fait deux mois qu’on a de la pédagogie sur toutes les radios, toutes les télés », lance-t-elle. « C’est aussi une façon d’habituer les gens à être surveillés. C’est une atteinte à la vie privée parce que c’est une atteinte à la liberté de circuler sans être surveillé ».
« Profiter de la peur »
Elle dénonce également un « engrenage ». « Le numérique n’est pas l’outil parfait que veulent nous faire croire nos dirigeants. Pour nous, c’est profiter aussi de la peur. Avant c’était la peur du terrorisme, maintenant, c’est la peur pour sa santé et celles de ses concitoyens », indique la responsable du pôle Liberté et TIC.
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