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Découverte par des plongeurs d’une villa romaine immergée en Italie – voici pourquoi elle a été engloutie

septembre 25, 2024 23:45, Last Updated: septembre 25, 2024 23:45
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La ville de Baïes était une ville portuaire où les Romains menaient une vie exubérante. (Avec l’aimable autorisation du Parc archéologique de Campi Flegrei)

Le savaient-ils ? Les Romains qui vivaient dans le luxe – buvant et dînant à l’excès sur les sols en marbre de leurs extravagantes villas de Baïes – savaient-ils que leurs précieuses demeures seraient submergées sous le golfe de Pouzzoles à cause d’un volcan ? Probablement pas.

Aujourd’hui, nous le savons car l’un des sols en marbre de l’époque romaine a émergé des décombres du fond marin dans ce qui est désormais un vaste site de ruines submergées appelé le parc archéologique sous-marin de Baïes, au large de la côte de l’Italie méridionale. Des mosaïques magnifiquement conservées et d’autres vestiges anciens y ont été découverts.

Les archéologues sous-marins ont observé un style de sol en marbre incrusté appelé opus sectile sur une surface d’environ 250,8 m2 à Baïes. Composé d’un plan basilical avec une abside, le style est typique de la période comprise entre le IIIe et le Ve siècle après J.-C., selon le Parc archéologique des Champs Phlégréens.

Sol en marbre coloré incrusté, dans un style appelé opus sectile, dans le golfe de Pouzzoles, au sud de l’Italie. (Avec l’aimable autorisation d’Edoardo Ruspantini/Parc archéologique de Campi Flegrei)
Le sol en marbre est constitué de plaques de marbre méticuleusement taillées et disposées de manière à former des motifs géométriques complexes. (Avec l’aimable autorisation d’Edoardo Ruspantini/Parc archéologique de Campi Flegrei)

Formant un quadrillage d’une vingtaine de carrés de large et d’une trentaine de carrés de long, le sol compte environ 600 carrés au total. Chacun mesure environ 60 cm sur 60 cm, soit deux pieds romains. Bien que fragmenté, un motif clair présente des dalles de différentes couleurs.

Chaque grand carré contient un plus petit carré d’une teinte différente. Un octogone est placé à l’intérieur. À l’intérieur de chaque octogone, un cercle plus petit est incrusté dans une teinte plus claire. Au coin de chaque grand carré, une étoile à quatre branches se forme à l’endroit où les quatre coins se rejoignent.

À en juger par l’épaisseur variable des dalles, les chercheurs ont estimé qu’il s’agissait de morceaux « de seconde main » recyclés à partir d’autres structures, avec des milliers de formes compliquées constituant un dessin d’ensemble d’une « géométrie très complexe ». Ils ont mis à jour des marbres de qualités et de couleurs différentes.

La ville de Baïes était une ville portuaire où les Romains menaient une vie exubérante. (Avec l’aimable autorisation du Parc archéologique de Campi Flegrei)
Le sol en marbre ferait partie d’une villa romaine qui a coulé à cause de l’activité volcanique locale. (Avec l’aimable autorisation du Parc archéologique de Campi Flegrei)

De petites portions du sol ont été aperçues pour la première fois après une tempête en 2012, mais en raison de la difficulté d’intervention, la restauration directe n’a commencé qu’en mai 2024. La fragmentation initiale du sol, ainsi que l’action du fond marin, ont détaché les dalles incrustées du fond de l’océan.

« Ce sol, par petits morceaux, était connu depuis longtemps, mais il était difficile d’intervenir en raison de l’état très fragmentaire des vestiges », explique Enrico Gallocchio, du parc archéologique des Champs Phlégréens, à Newsweek. « Grâce à un vaste projet de restauration, il a été possible de commencer à travailler sur les parties les plus exposées, moins recouvertes par le sable du fond marin. Il ne s’agit donc pas vraiment d’une nouvelle découverte, mais comprendre sa conception a été une découverte, car nous n’en connaissions pas la forme géométrique. »

Un carré réassemblé du sol en marbre. (Avec l’aimable autorisation du Parc archéologique de Campi Flegrei)

« Cette découverte nous renseigne sur ce qui se passait à [Baïes] », explique M. Gallocchio, « quelques années avant son naufrage ».

Célèbre pour être le « Las Vegas » de la Rome antique, Baïes était un port de villégiature où l’on s’adonnait pleinement aux loisirs et à la licence morale. Le philosophe Sénèque, contemporain de cet événement, exprime le mépris du sage pour ce lieu : « Baïes est devenu le lieu de plaisance de tous les vices. Là, le plaisir se permet plus de choses qu’ailleurs ; là, comme si c’était une convenance même du lieu, il se met plus à l’aise. […] Avoir le spectacle de l’ivresse errante sur ces rivages, de l’orgie qui passe en gondoles, des concerts de voix qui résonnent sur le lac, et de tous les excès d’une débauche comme affranchie de toute loi, qui fait le mal et le fait avec ostentation, est-ce là une nécessité ? »

Ruines d’un bain romain sur le site actuel de Bacoli, près des Champs Phlégréens. (Shutterstock/ auralaura)

En grec, le nom Champs Phlégréens signifie « terre brûlante ». Ils se trouvent à l’intérieur d’une caldeira volcanique formée par le golfe de Naples, près de Baïes, et font partie de l’arc volcanique campanien, un point chaud pour l’activité magmatique.

Les Romains de l’époque le savaient peut-être. Mais ils n’auraient probablement pas pu prédire l’éruption du mont Vésuve au-dessus de Pompéi en 79 après J.-C. et l’activité volcanique qui a provoqué une inondation progressive. Le magma remonte à la surface selon un processus appelé bradyséisme. Ce phénomène a progressivement submergé la station balnéaire romaine de Baïes. Des ruines d’autres habitations englouties et des mosaïques de sol ont également été découvertes à Baïes.

Morceaux du sol en marbre provenant d’une villa romaine dans les Champs Phlégréens. (Avec l’aimable autorisation du Parc archéologique de Campi Flegrei)
Des poissons nagent là où les Romains menaient autrefois des vies extravagantes. (Avec l’aimable autorisation du Parc archéologique de Campi Flegrei)

En examinant les ruines de la villa, les chercheurs pensent qu’elle s’est effondrée avant ou immédiatement après avoir sombré. Ils ont remarqué que du plâtre et des morceaux d’architecture provenant des murs effondrés étaient tombés sur le sol en marbre d’une manière qui indique une telle progression.

Les plongeurs se sont efforcés de limiter la fragmentation des dalles. Ils ont utilisé un mortier spécial dont les couleurs étaient assorties au sol en marbre. Les morceaux jugés trop hétérogènes ou trop fragiles pour être réintégrés ont été recueillis dans des boîtes et ramenés à la surface pour être dessalés dans de l’eau douce.

« Avec ces éléments, on tente de recomposer un ou plusieurs modules carrés qui seront consolidés et exposés dans un musée à l’avenir », précisent les responsables du parc. Aujourd’hui recouvert, le sol en marbre attend d’être restauré en septembre, mais les plongeurs n’ont pas manqué de prendre de nombreuses photos avant.

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