Par David Kilgour
La renaissance d’une Ukraine indépendante en 1991 a été un événement majeur dans le monde de l’après « mur de Berlin ». Les dictateurs et la sévère oppression de Moscou avaient depuis longtemps privé les Ukrainiens du droit de décider de leur avenir national. Leur poète national Taras Chevtchenko a appelé l’Ukraine « notre terre qui n’est pas la nôtre ».
William Taubman a noté dans son livre sur Nikita Khrouchtchev, l’ancien dirigeant de l’Union soviétique : « Staline… a dit plus tard à Winston Churchill que la ‘majorité’ des dix millions d’agriculteurs ukrainiens avait été ‘éliminée’ pendant la grande famine de 1932-1933, une terrible catastrophe provoquée par l’homme… résultant de la collectivisation du secteur de l’agriculture. » En tant que vice-roi de Staline en Ukraine, Khrouchtchev « a présidé aux purges… En 1938 seulement, 116 119 personnes ont été arrêtées ; entre 1938 et 1940… 165 565. Selon Molotov… Khrouchtchev [avait tué] 54 000 personnes. »
Le Canada a été le premier pays à reconnaître l’indépendance de l’Ukraine après que 92 % d’Ukrainiens ont voté en faveur de l’indépendance vis-à-vis de la Russie lors de leur référendum de 1991. Environ 1,36 million de Canadiens se sont identifiés comme Ukrainiens lors du recensement de 2016. Depuis les années 1890, ils ont joué un rôle important dans tout le Canada.
En 2013-2014, la « Révolution de la dignité » ou d’EuroMaidan comprenait 90 % des habitants de la capitale ukrainienne Kiev et une grande partie de toute la population de l’Ukraine. Son succès a poussé Viktor Ianoukovitch, le président kleptocrate ukrainien, à fuir vers la Russie après avoir essayé de bloquer l’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne et de l’orienter vers la sphère eurasienne d’influence et de domination de Moscou.
En février 2014, rendu furieux par la perte de l’influence russe en Ukraine, Vladimir Poutine a lancé une guerre non déclarée. Plus de 10 000 personnes sont mortes, 25 000 ont été blessées et près de deux millions ont été déplacées à l’intérieur du pays. Les tactiques de Poutine comprenaient des cyberattaques contre des réseaux d’électricité, des assassinats ciblés, la diffamation du père de Chrystia Freeland, la ministre des Affaires étrangères du Canada, et l’occupation d’environ 7 % du territoire ukrainien. L’infrastructure des régions ukrainiennes de Donetsk et Louhansk (le Donbass) a été détruite.
« L’Ukraine occupée ou démembrée pourrait produire un effet domino en Europe centrale et orientale. »
– David Kilgour
Les unités de l’armée russe régulière représentent de 8 500 à 10 000 soldats des quelque 36 000 combattants russes et séparatistes qui continuent à terroriser l’Ukraine de l’Est, faisant face à environ 34 000 soldats ukrainiens. Les unités blindées russes sont estimées à 250 chars et 800 véhicules blindés de transport de troupes, sans compter l’artillerie, les systèmes de lance-roquettes multiples (MLRS) et des drones. Environ 70 % des pertes ukrainiennes proviendraient des frappes des MLRS et d’artillerie.
En mi-2015, Daniel Baer, ambassadeur américain auprès de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a résumé les violations de la paix en Ukraine par les Russes au cours des deux semaines précédentes : « On a des militaires russes capturés en Ukraine… des véhicules et des combattants russes avec des insignes militaires russes ont été rapportés… on a de multiples rapports sur des véhicules et des armements se déplaçant à l’intérieur de la Russie vers l’Ukraine… sur une nouvelle attaque à grande échelle des Russes et des séparatistes envers l’Ukraine. »
L’Ukraine occupée ou démembrée pourrait produire un effet domino en Europe centrale et orientale, illustrant une fois de plus le fait que si les despotes rogues ne sont pas arrêtés par la force, ils deviennent bien pires. Aujourd’hui, une stratégie de dissuasion de l’OTAN viable et, si nécessaire, une très forte réaction à l’agression sont nécessaires.
Les frontières européennes ont été violées par la force militaire, tandis que les Ukrainiens étaient persuadés que l’intégrité territoriale et la souveraineté politique de leur pays étaient inviolables, garanties par les promesses données en 1994 dans l’accord de Budapest par les États-Unis, le Royaume-Uni et, ironiquement, la Fédération de Russie en échange au renoncement de l’Ukraine à ses armes nucléaires. L’Ukraine a réussi toute seule à retenir les forces que Poutine était prêt à risquer dans son aventurisme étranger. Les gouvernements occidentaux n’ont aidé l’Ukraine qu’avec du matériel militaire non létal.
Toutefois, l’administration de Trump fournira prochainement à l’armée ukrainienne des missiles guidés antichars – 35 lance-missiles FGM-148 Javelin et 210 missiles. Joe Biden, l’ancien vice-président des États-Unis, a déclaré que cette initiative est « juste » et « sage ».
L’été dernier, le président ukrainien Petro Porochenko a demandé 1 240 Javelins, le nombre exact d’ogives nucléaires cédées par l’Ukraine en échange de garanties de sa souveraineté, violées par l’invasion de l’Ukraine orientale et l’annexion de la Crimée par la Russie.
Ihor Kozak, expert canadien dans le domaine de la défense et de la sécurité, et Lubomyr Luciuk, professeur du Collège militaire royal du Canada, ont récemment écrit : « L’armement de l’Ukraine même avec ce nombre limité de Javelins change l’équilibre militaire entre les armées rivales… Le FGM-148 Javelin… a été appelé ‘le missile américain tueur de chars que la Russie craint le plus’… Il peut être également utilisé contre les fortifications et abattre les hélicoptères volant à basse altitude… Donner à l’armée ukrainienne ce matériel avancé de riposte aux blindés russes changera les règles du jeu. »
Les Javelins devraient retenir davantage l’agression de Poutine contre l’Ukraine en lui envoyant un message clair que l’Occident ne ferme plus les yeux sur les pratiques inadmissibles. Les dommages létaux que les Javelins peuvent infliger aux véhicules blindés et à leur personnel pourraient l’arrêter. Le monde sait maintenant qu’il ne respecte que ceux qui agissent en position de force. Armer l’Ukraine avec des armes défensives pourrait apporter une importante contribution à la paix en Europe.
David Kilgour, avocat de profession, a été pendant presque 27 ans député du Parlement du Canada. Il a également servi dans le gouvernement canadien aux postes de Secrétaire d’État (Afrique et Amérique latine) et de Secrétaire d’État (Asie-Pacifique) et a été sélectionné pour le prix Nobel de la paix 2010. Il est auteur de plusieurs livres et coauteur, avec David Matas, du livre Bloody Harvest: The Killing of Falun Gong for Their Organs.
Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne reflète pas nécessairement celui d’Epoch Times.
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