L’ancien ministre Arnaud Montebourg demande mardi au gouvernement d’« interdire » le rachat par un groupe américain de la société française Segault, fournisseur pour l’industrie nucléaire française, et se dit prêt à s’en porter acquéreur grâce à une alliance avec un fonds d’investissement.
Segault, basée près de Paris et qui indique sur son site employer 80 salariés, fournit notamment à Naval Group, industriel naval de défense français, les robinetteries des chaufferies nucléaires qui équipent les sous-marins nucléaires nationaux. Sa maison mère, la société de droit canadien Velan, « s’apprête à être rachetée par OPA par Flowserve Corporation, une société multinationale américaine », indique M. Montebourg, chantre du Made in France, dans une lettre adressée au ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire en date du 31 mars, que l’AFP a pu consulter.
« Patriot Act » et risque d’espionnage
Segault « fait partie en France de ces entreprises sensibles au sein de la base industrielle et technologique de défense (BITD) ». L’entreprise « équipe tous nos bâtiments militaires à propulsion nucléaire, ses activités sont indispensables à la défense nationale », et « en outre, elle équipe toutes nos centrales de production électrique d’origine nucléaire », met en avant M. Montebourg.
« Il paraît lourdement préjudiciable aux intérêts de notre Nation » que Segault « passe sous le contrôle de Flowserve Corporation (…) Nous ne pouvons accepter que des informations concernant les technologies utilisées par nos sous-marins nucléaires soient potentiellement transmissibles à un gouvernement étranger », écrit-il, faisant référence au « Patriot Act ». Cette loi américaine « permet au gouvernement américain de demander à toute entreprise américaine, sans aucune autorisation judiciaire ni la moindre motivation, n’importe quelle information dans le cadre d’enquêtes unilatérales et hors de tout contrôle, effectuées par ses services de renseignement extérieurs, relevant notamment de l’activité d’espionnage », indique M. Montebourg.
Un fond dédié à la souveraineté industrielle et agricole
Il précise que sa propre entreprise fondée en 2015, « Les Équipes du Made in France« , et la société d’investissement Otium Capital, « se sont associées pour lancer un projet de fonds, le Fonds Souverain Privé pour l’Industrie et l’Agriculture » dédié à la souveraineté industrielle et agricole. « Si à ce stade » cette nouvelle société est encore « en cours de constitution », « un rachat par Otium – en avance de phase sur notre Fonds Souverain Privé pour l’Industrie et l’Agriculture – nous paraît hautement préférable pour les intérêts souverains de la France. (…) Nous sommes donc tout à fait en mesure de financer l’acquisition de Segault sur la base des informations actuellement disponibles », affirme-t-il.
Une telle opération ne serait réalisable « qu’à la condition que » le ministère de l’Économie et des Finances « applique à la cession de Segault les dispositions du décret » réglementant les investissements étrangers dans les secteurs jugés stratégiques.
M. Montebourg demande ainsi à Bercy de « notifier sans délai une interdiction d’acquisition de la société Segault » à Flowserve. Dès « cette interdiction notifiée, nous entrerons immédiatement en négociation avec les actuels propriétaires afin de présenter notre candidature au rachat », ajoute-t-il.
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