La France va devoir réaliser « un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros » l’an prochain, un engagement « très considérable », sous forme « essentiellement » d’économies, nécessaire pour atteindre son objectif de déficit public de 4,6% du PIB en 2026, a annoncé dimanche le ministre de l’Économie Éric Lombard.
Le pays s’était déjà doté d’un budget pour 2025 prévoyant une cinquantaine de milliards d’euros d’efforts, renforcé cette semaine par cinq milliards supplémentaires puisés dans des crédits mis en réserve.
La France est « en état d’alerte budgétaire », a prévenu dimanche M. Lombard sur BFMTV, une situation qui n’est pas liée à l’élévation majeure des droits de douane exigée par les États-Unis mais bien aux « déficits cumulés » du pays.
Le ministre a tenu ces propos l’avant-veille d’une conférence publique convoquée par le Premier Ministre François Bayrou, destinée à sensibiliser les Français aux « pathologies » budgétaires du pays, dont la grande fragilité est exacerbée par les incertitudes liées à l’assaut protectionniste des États-Unis.
« Réduire les dépenses et maintenir la qualité des services »
L’effort de 40 milliards d’euros portera « essentiellement » sur des « économies ». Mais « ça peut être aussi une augmentation des recettes liées à la croissance », a tenu à rassurer M. Lombard.
« Avec 57% de PIB de dépenses publiques, on peut tout à fait à la fois réduire les dépenses et maintenir la qualité des services », a-t-il estimé, refusant de qualifier cette politique « d’austérité ».
En outre, il a dit « souhaiter » que la contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages les plus aisés, présentée comme temporaire et qui fixe un taux minimal d’imposition de 20%, soit « pérenne » dans « un souci d’équité », précisant que le gouvernement s’engageait à combattre la suroptimisation fiscale. Bercy travaille à transformer cette contribution « en un outil de lutte contre les suroptimisations fiscales », a précisé son cabinet à l’AFP.
« Nous avons une méthode radicalement nouvelle, avec le Premier ministre, qui est de construire ce budget dès mardi », a-t-il lancé.
« Une équation difficile », reconnaît la porte-parole du gouvernement
Réagissant rapidement après cette annonce, le leader de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a jugé que « le peuple de France est traité comme la Grèce en 2010 ». Le leader de la gauche radicale fait référence dans son message à la crise grecque qui avait provoqué une crise de toute la zone euro et obligé la Grèce à une cure d’austérité d’une rare sévérité.
« La macronie vous présente sa facture (…). L’équivalent du budget de l’Éducation nationale », écrit-il également dans un message posté sur X.
La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a admis dimanche qu’il s’agissait « d’une équation difficile ». Cependant, « le Premier ministre s’est engagé, le président de la République également, (…) à ne pas augmenter les impôts », a-t-elle rappelé au « Grand Jury » RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat.
Pour 2025, l’objectif d’un déficit à 5,4% du PIB « est une question de crédibilité sur les marchés », a-t-elle estimé, en assurant : « Nous tiendrons ces 5,4%. »
Concernant le maintien de cet objectif, Éric Lombard a de son côté suggéré qu’il était « possible » que les efforts additionnels soient supérieurs aux cinq milliards d’euros prévus. « Ça peut être plus d’économies car il est hors de question d’augmenter les impôts. »
« On a l’impression qu’on est tirés d’affaire, mais pas du tout »
Le ministre de l’Économie a été longuement questionné à propos des droits de douane américains. Le président américain Donald Trump a récemment fait volte-face et les a ramenés à 10% pendant 90 jours, ce qui reste « beaucoup trop », a rappelé le ministre.
Si ces droits de douane sont passés de 20% à 10% pour l’Union européenne, « on a l’impression qu’on est tirés d’affaire, mais pas du tout », a-t-il averti, soulignant que l’objectif était « de revenir au libre-échange ».
Interrogé sur l’introduction éventuelle d’un « quoi qu’il en coûte », comme pendant la pandémie de Covid-19, le ministre s’est montré ferme : « Nous n’en avons pas les moyens d’une part et puis, d’autre part, notre économie grâce d’ailleurs au “quoi qu’il en coûte” est solide, nos entreprises sont solides ».
Éric Lombard a toutefois dit suivre « très attentivement » la situation et notamment les « 28.000 entreprises qui exportent aux États-Unis, dont 40% (…) la moitié de leur production ». « Le temps n’est pas à distribuer de l’argent public que nous n’avons pas. Il faut trouver d’autres solutions pour soutenir nos filières industrielles », a-t-il ajouté.
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