« Premier axe » d’économies identifié pour le budget 2024, la santé est dans le viseur du gouvernement, qui vient d’annoncer un coup de rabot sur les soins dentaires et envisage d’autres restrictions sur les médicaments et les arrêts de travail.
Cure de rigueur en vue pour l’Assurance-maladie. Le prochain budget de la Sécurité sociale ne sera présenté que dans trois mois, mais l’exécutif prépare déjà les esprits.
Bruno Le Maire en fait même le « premier axe » de son plan présenté lundi pour réduire le déficit public. Le ministre de l’Économie cible en particulier le « chantier » des arrêts-maladie, dont le coût (hors Covid-19) a dépassé 14 milliards d’euros l’an dernier. « Il y a des gens qui (en) abusent », a-t-il insisté mardi sur France 2, déplorant cet « argent jeté par les fenêtres » et estimant le gain potentiel à « plusieurs centaines de millions d’euros » par an.
Les médecins auront des objectifs
L’offensive a en réalité commencé depuis plusieurs jours. Son collègue des Comptes publics Gabriel Attal en a fait une priorité de son « plan fraude » dévoilé fin mai, promettant de s’attaquer aux « faux arrêts du lundi » et annonçant une « campagne de contrôle » des principaux prescripteurs.
Un tiers des médecins généralistes sont concernés, dont un millier vont se voir proposer une « mise sous objectif » par l’Assurance-maladie. Leurs syndicats s’y opposent vivement : MG France y voit une volonté « d’intimidation des professionnels de santé », tandis que la CSMF dénonce « un jeu dangereux ».
Le sujet inquiète aussi le patronat, qui refuse de mettre la main à la poche avec de nouveaux jours de carence. « Ce n’est pas la bonne méthode », a mis en garde Geoffroy Roux de Bézieux mardi, soulignant que « beaucoup d’entreprises » paient déjà les trois premiers jours non indemnisés par la Sécurisé sociale – pour les salariés du privé.
Pointant « un problème d’arrêts de travail de complaisance », le président du Medef s’est cependant dit favorable à une « mesure d’ordre public » sous la forme d’un « jour de carence qui ne pourrait être remboursé par personne ». La CPME vise de son côté les fonctionnaires, qui n’ont « qu’un seul jour de carence » et réclame « un nombre de jours identique entre tous les salariés ».
Face à cette levée de boucliers, Bercy temporise et assure qu’il n’y a « pas de solution unique », le but étant d’abord « que les acteurs concernés s’en saisissent ».
Un enjeu de centaines de millions d’euros
Même prudence sur les médicaments, autre « chantier » mentionné par Bruno Le Maire, qui juge que leur « quasi-gratuité peut conduire à déresponsabiliser le patient » et souhaite être « plus strict » pour « mettre fin aux dérives ».
Des propos qui font ressurgir la piste d’une hausse des franchises médicales à la charge des malades. Créées en 2008, leur montant n’a pas bougé depuis quinze ans : 50 centimes par boite de médicaments et par acte paramédical (infirmier, kiné), 2 euros par transport sanitaire (ambulances, taxis), avec un plafond de 50 euros par an.
L’enjeu se chiffre là aussi en centaines de millions d’euros, mais « ce n’est pas la seule solution pour responsabiliser les acteurs », nuance Bercy, conscient du coût politique potentiel d’une hausse des franchises qui ne pourrait pas être transféré aux mutuelles.
Tout l’inverse des soins dentaires, dont le remboursement par la Sécurité sociale passera de 70% à 60% au 1er octobre, la part des complémentaires santé augmentant dans la même proportion, pour un montant de 500 millions d’euros en année pleine.
Une « approche comptable »
Une décision « unilatérale » annoncée la semaine dernière aux complémentaires, qui ont regretté une « approche comptable et de court terme ». Le gouvernement a justifié ce choix par un « renforcement de la prévention » dans le cadre des discussions en cours entre l’Assurance-maladie et les dentistes.
Sauf que le syndicat CDF, le plus susceptible de signer un accord, a vu dans ce « désengagement majeur de l’État » un « très mauvais signal à moins d’un mois de la fin des négociations ».
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