Les chiffres officiels de l’Insee sont tombés ce mardi et ils ne sont pas pour satisfaire le gouvernement. Selon l’institut, le déficit public de la France a atteint 5,5% du PIB en 2023. Certains membres de l’opposition et des économistes exhortent le gouvernement à revoir totalement sa manière de dépenser l’argent public. Mais s’il est reproché à la France de ne pas accorder suffisamment d’importance à ses finances, qu’en est-il de nos partenaires européens ? Comment dépensent-ils ? Analyse.
La France dépasse largement ses voisins sur la dépense publique
L’hexagone est de loin, le pays européen où la dépense publique est la plus élevée. Selon des statistiques de l’agence publique Eurostat, la dépense publique représentait, en France en 2022, 58,1% de son produit intérieur brut, soit quasiment 10 points au-dessus de la moyenne de l’UE (49,7%). Viennent ensuite l’Italie (56,7%), la Belgique (53,5%), la Finlande (53,4%), et la Grèce (52,5%). De son côté, la première économie européenne, l’Allemagne, consacre 49,7% de son PIB à la dépense publique. L’Irlande, la Lituanie et l’Estonie font partie des États les moins dépensiers de l’UE. Par exemple, à Dublin, l’argent public utilisé représente 21,4% du PIB.
La France est en tête du classement européen de la dépense publique, mais elle avance également à contre-courant de l’UE en matière d’évolution de ces mêmes dépenses. La plateforme des finances publiques, du budget de l’État et de la performance publique, indique dans un graphique reprenant des chiffres d’Eurostat que, si entre 2012 et 2019, c’est-à-dire avant la crise sanitaire, les dépenses publiques européennes ont nettement diminué, passant de 49,8% du PIB à 46,6%, celles de l’Hexagone n’ont fait que légèrement baisser – étant de l’équivalent de 57,1% du PIB en 2012, contre 55,4% en 2019. Autre fait révélateur de l’exception de Paris ; on note qu’en 2022, après la crise sanitaire, la dépense publique française en pourcentage de PIB était plus élevée qu’en 2012 (+1%) tandis que l’Union européenne avait presque retrouvé son niveau d’il y a 10 ans, soit 49,7%.
Moins de dépenses sociales dans le reste de l’Europe
Dans les détails de l’allocation de l’argent public dans les différents pays européens, on remarque sans surprise que la protection sociale représente la part la plus importante des dépenses publiques en France. Mais encore une fois, la France se démarque de ses voisins européens puisque le social atteindrait, selon une note de l’association Finances Publiques et Économie (FIPECO), 32,9% du produit intérieur brut français en 2022 contre 29% en Italie, 28,9% en Allemagne, 25,7% en Espagne et 23% aux Pays-Bas.
À l’exception des dépenses consacrées à la sécurité et à la justice qui sont presque similaires à celles de ses partenaires européens, la France injecte beaucoup plus d’argent dans le secteur de la santé et plus particulièrement dans les hôpitaux que les autres. Toujours selon une étude de FIPECO, les dépenses publiques hospitalières atteignent 3,7% de notre PIB, alors qu’en Italie et outre-Rhin, 2,9 et 2,8%. La moyenne de l’UE étant de 3,2%. Concernant le total des dépenses de santé, la France est à la première place (12,2%) devant l’Allemagne (11,9%) et l’Italie (8,9%).
La dette, le déficit et la contradiction française
Toutes ces fortes dépenses ne sont, par définition, pas sans conséquences sur l’état de nos finances. Ce mardi 26 mars, l’Insee officialisait un chiffre inquiétant. Le déficit public a atteint 5,5% du PIB en 2023 alors que le gouvernement avait prévu 4,9%. Déjà au troisième trimestre 2023, l’Hexagone n’avait pas réalisé une bonne performance (4,8%) se plaçant ainsi derrière la moyenne de l’Union européenne et de la zone euro (2,8%) et non loin des plus mauvais élèves de l’UE, notamment l’Italie, la Bulgarie ou encore la Hongrie.
Même chose en ce qui concerne la dette publique qui représentait 3.000 milliards d’euros soit 110,6 % du PIB à la fin de l’année dernière. La dette publique française est désormais plus importante que celles de l’Espagne (109,8 %) ou du Portugal (107, 5 %).
Des situations contradictoires avec le phénomène d’augmentation incessante des dépenses publiques en France depuis des décennies. En 1950 et 1972, elles représentaient 41,1% et 49,5% du PIB, contre 58,1 % en 2022. Une contradiction renforcée par le fait que la France soit le pays où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés au monde et par le phénomène de déliquescence des services publics.
Dans une note publiée en mai 2023 sur le site de l’État Vie Publique et intitulée « Hausse des dépenses publiques et paupérisation des services publics. Éclairages sur un paradoxe », un professeur d’économie soulignait que malgré des « dépenses publiques françaises qui n’ont jamais été aussi élevées […] la paupérisation de certains « grands services publics » du pays est bel et bien une réalité ».
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