Depuis l’ouverture du parc éolien de Nozay, 200 vaches sont mortes et les éleveurs sont au bord de l’asphyxie financière

29 mars 2019 15:44 Mis à jour: 29 mars 2019 15:45

Depuis l’implantation d’un parc éolien en 2012 à Nozay, entre Nantes et Rennes, les vaches meurent, les humains sont malades et deux exploitations sont au bord de la faillite. La coïncidence chronologique avec l’installation de ces machines est plus que troublant.

Depuis plus de 6 ans, les 8 éoliennes implantées sur les communes de Nozay, Abbaretz, Puceul et Saffré dans les Pays de la Loire produisent de l’électricité. Didier et Murielle Potiron ont une exploitation agricole située à Puceul et sont producteurs du lait. À partir d’octobre 2012, date de la mise en route du parc éolien, l’exploitation a commencé à rencontrer des problèmes : la production laitière a fortement chuté et la santé de leur bétail s’est beaucoup dégradée. En 6 ans, plus de 200 bovins sont morts, une sur-mortalité très importante qui n’a pas d’explications médicales ou sanitaires.

Selon eux, c’est l’eau souterraine, qui passe sous leur exploitation, qui pourrait propager des champs magnétiques perturbateurs pour les animaux, des ondes qui ont leur origine dans les câbles enterrés au pied des éoliennes. À côté de leur exploitation, 8 turbines tournent à pleine vitesse. Du côté de la préfecture de la Loire-Atlantique, on concède, par la voix de son secrétaire général, Serge Boulanger, « [qu’]on est devant une situation atypique, pour laquelle on se doit de trouver des explications ».

Une situation similaire à Saffré

Des problèmes identiques se présentent pour Céline Bouvet, son exploitation à Saffré est également touchée par des phénomènes similaires. « On va crever dans tous les sens du terme, financièrement ou au niveau de notre santé », s’alarme l’éleveuse.

« Chez nous, raconte Céline Bouvet, cela a commencé par des problèmes de mammites [inflammation de la mamelle des vaches]. On est obligé de jeter le lait, car il est rempli de caille et de grumeaux. Après, ça a été l’explosion : les vaches refusent parfois de monter dans les salles de traite, ou font demi-tour à l’approche des éoliennes, comme s’il y avait une barrière électrique invisible. Au niveau fécondité, c’est aussi devenu une catastrophe », dit-elle.

Une offre au départ alléchante d’un fonds d’investissements allemand

Fin 2009, l’entreprise toulousaine ABO Wind vend aux deux exploitants un projet de champ éolien, exploité par KGAL, un énorme fonds d’investissements allemand. L’argumentaire marketing est alléchant : « Ça sera tout bénéfice pour vous » et vous toucherez plusieurs milliers d’euros annuels pour le fonctionnement du parc éolien à côté de vos terres. C’est depuis les travaux en 2012 et la mise en route des éoliennes en 2013 que les ennuis ont commencé à arriver pour les deux exploitants.

Une dizaine d’expertises a été réalisée dans le cadre du GPSE (Groupe permanent pour la sécurité électrique en milieu agricole) au printemps 2015. « La coïncidence chronologique avec les travaux de construction puis la mise en route de l’éolienne est suffisamment troublante pour justifier des investigations complémentaires (…) Elles sont absolument indispensables pour essayer de comprendre ce qui se passe dans ces élevages », conclut son auteure, la professeure émérite Arlette Laval de l’Oniris (École vétérinaire de Nantes).

Sur les terres de Didier Potiron, où pâturent près de 75 bêtes, la perte financière a été évaluée par un cabinet indépendant à 93 000 euros sur une seule année. « Il faut une gestion extrêmement rigoureuse pour arriver à s’en sortir. On fait zéro investissement, on est toujours à la limite. C’est révoltant, parce que, depuis le début, on est transparents et au bout de six ans, on en est toujours au stade des expertises. Pour moi, le dossier a été bâclé par les services de l’État », dit-il. Cette accumulation de problèmes a poussé les deux agriculteurs — et une dizaine de riverains, nous y reviendrons — à déposer plainte contre la ferme éolienne des Quatre Seigneurs dès l’été 2014 puis, à nouveau, en 2017.

Selon Reporterre, l’exploitant allemand KGAL n’a jamais répondu à nos sollicitations et semble ralentir toutes les procédures. Le fabricant du parc, la société toulousaine Abo Wind, s’explique a répondu en ces termes : «Nous avons toujours porté une attention particulière aux problèmes évoqués par les riverains. Ceci est toujours le cas durant la phase de développement, mais également durant la phase post-implantation. Ce n’est pas pour autant que le parc éolien n’est pas conforme aux normes et réglementations en vigueur… » Une fin de non-recevoir qui ne satisfait évidemment personne.

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