Marine Le Pen a indiqué lundi avoir « déposé un amendement sur le renoncement à la désindexation des retraites » dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, dont l’adoption conduirait son groupe RN à renoncer à voter une motion de censure contre Michel Barnier.
« À charge pour le gouvernement de l’accepter ou de ne pas l’accepter », a poursuivi la cheffe des députés du Rassemblement national à l’issue d’une réunion de ses troupes, peu avant le début de l’examen du texte par l’Assemblée nationale.
Menacée par la censure mercredi, la coalition de Michel Barnier espère encore du soutien. Alors que le gouvernement fait déjà face à une dette publique considérable, plus de 3000 milliards d’euros fin 2024, le Premier ministre appelle à la responsabilité pour ne pas faire tomber le gouvernement et éviter un « chaos » politique et budgétaire.
La séance de questions au gouvernement prévue mercredi à l’Assemblée promet d’être tendue, alors que la conférence des présidents de groupe à l’Assemblée a fixé à 16 heures l’examen des motions de censure déposées par la gauche et le RN.
Celle de la gauche, qui sera votée en premier, a toutes les chances d’être adoptée puisque le RN a annoncé la soutenir. En ajoutant leurs voix, la gauche et le RN peuvent réunir autour de 330 suffrages, largement au-delà des 288 requises.
Un gouvernement au bord du gouffre
Baroud d’honneur ou tentative ultime d’éviter la chute ? Mardi soir, le Premier ministre en sursis s’invite à 20h00 sur TF1 et France 2, où il répondra aux questions d’Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau en direct depuis Matignon, ont annoncé les deux chaînes.
« La chute de Barnier est actée », a proclamé la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot. Nommé le 5 septembre, il aura tenu trois mois grâce au « soutien sans participation du RN » et, « ce qui le fera tomber, c’est justement que le RN aura cessé de le soutenir », a souligné le député PS Arthur Delaporte.
Lundi, le Premier ministre a engagé sans surprise la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), assurant avoir été « au bout du dialogue » avec les groupes politiques, y compris le Rassemblement national.
Les gestes annoncés par Michel Barnier pour répondre aux exigences du parti à la flamme – notamment sur le remboursement des médicaments – n’auront toutefois pas suffi : « Censurer ce budget est, hélas, la seule manière que nous donne la Constitution pour protéger les Français d’un budget dangereux, injuste et punitif », a justifié mardi Marine Le Pen sur X.
« C’est le RN qui a obtenu le plus de gains politiques », mais Mme Le Pen « préfère les sacrifier sur le dos des Français », déplore-t-on dans l’entourage du Premier ministre, estimant que la cheffe des députés RN « casse le pays, sans plan derrière ».
Les ministres agitent le risque du « chaos »
Mardi matin, les ministres se sont succédé sur les radios et télévisions pour agiter le risque du « chaos ». « C’est le pays qu’on met en danger », s’est inquiété le ministre de l’Économie Antoine Armand.
« Est-ce qu’on veut vraiment le chaos ? Est-ce qu’on veut une crise économique qui touchera les plus fragiles ? « , a lancé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur TF1. Le puissant locataire de Beauvau a même fait « le pari qu’avec Michel Barnier, nous parviendrons à écarter la motion de censure ».
L’adoption par l’Assemblée nationale d’une telle motion serait une première depuis le renversement du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République.
Si l’exécutif tombait, la France s’enfoncerait encore plus dans la crise politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin. Sur les marchés financiers, les taux d’intérêt auxquels emprunte la France se sont tendus face aux incertitudes sur le gouvernement et la capacité du pays à réduire les déficits.
Mais la Bourse de Paris évoluait en hausse mardi, les investisseurs se focalisant pour le moment sur les avantages d’un statu quo budgétaire en cas de censure.
Le président de la République absent
L’Élysée n’a fait aucun commentaire sur la nouvelle donne politique, alors qu’Emmanuel Macron a atterri lundi à Ryad pour une visite d’État de trois jours en Arabie saoudite. Mais c’est bien le chef de l’État qui aura rapidement la main car, si le scénario d’une censure se confirme, il devra nommer un nouveau Premier ministre.
Les spéculations vont déjà bon train sur les successeurs potentiels à Michel Barnier, du ministre des Armées Sébastien Lecornu au centriste François Bayrou dans le camp présidentiel. « Évidemment que François Bayrou est dans cette disposition d’esprit mais ce n’est pas qu’une question d’homme », a souligné mardi sur France Inter le chef de file des députés Modem Marc Fesneau.
Mais l’équation reste la même à l’Assemblée : aucune configuration ne semble promettre une majorité pour faire passer un budget pour 2025.
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