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Dernières confessions d’un monstre sacré : « Je n’ai jamais joué de ma vie, je vis mes rôles » affirmait Alain Delon

août 18, 2024 10:20, Last Updated: août 18, 2024 15:39
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Quelques larmes et des anecdotes : honoré à Cannes au printemps 2019 et distingué par une Palme d’or d’honneur, le monstre sacré du cinéma Alain Delon, décédé dimanche à l’âge de 88 ans, en profita pour revenir sur sa longue carrière, lors d’une masterclass riche en émotions.

En 1957, Alain Delon, qui n’avait aucune formation de comédien, tourne son premier film, Quand la femme s’en mêle d’Yves Allégret.

« Avant la première scène du premier jour, il m’a dit “je voudrais te voir deux minutes dans la loge, je voudrais te dire quelque chose”. Et il me dit ceci, qui m’a marqué pour toute ma vie, qui a été d’une importance capitale : “Écoute moi bien: ne joue pas, regarde comme tu regardes, parle comme tu parles, écoute comme tu écoutes, fais tout comme tu le fais, sois toi, ne joue pas, vis” », raconte-t-il.

« Comme je l’ai dit plus tard, je n’ai jamais joué de ma vie, dans tous les films que j’ai faits. Je vis mes rôles ».

En 1960, Alain Delon devient une star grâce à Plein soleil de René Clément, son premier grand film, pour lequel il réussit à convaincre le cinéaste de jouer le rôle principal, celui du criminel Tom Ripley, plutôt que celui du fils de milliardaire prévu pour lui.

« Ça s’est passé un soir », dit-il. « Il y avait les deux producteurs, les frères Hakim, et René Clément. Ça se passait chez lui et il y avait sa femme, Bella, qui était tout pour René Clément, et qui le contrôlait et le surveillait toujours et en qui il avait une énorme confiance. Et puis les producteurs commencent à me parler, et je dis ce que je pense gentiment, “écoutez ce n’est pas pour moi” », se souvient-il.

« Le metteur en scène s’énerve un peu (…) Et à ce moment là, un silence se fait. Il y avait Mme René Clément qui était au fond de la cuisine en train d’essuyer sa vaisselle, et qui dit “René chéri, le petit a raison”. Ça a été fini ».

« Vous êtes Rocco »

Après la diffusion d’un extrait de Rocco et ses frères (1960) de Luchino Visconti, dans lequel il joue aux côtés d’Annie Girardot, Alain Delon ne peut retenir ses larmes. « Je n’étais pas venu ici pour chialer », lance, ému, l’acteur, alors âgé de 83 ans.

« De voir Annie comme je l’ai vue là, ça m’a tué. Elle est magnifique », ajoute-t-il, chaleureusement applaudi, après avoir évoqué sa rencontre avec Luchino Visconti : « Il m’a dit “vous êtes Rocco. J’ai vu ‘Plein soleil’, Rocco ce sera vous, sauf si vous le refusez” ».

Alain Delon évoque sa rencontre avec Jean-Pierre Melville pour le premier des trois films qu’ils ont tournés ensemble, Le Samouraï (1967).

« Melville commence à me raconter l’histoire. Je suis là assis, et au bout de 4-5 minutes, Jef Costello (son personnage, ndlr) n’avait pas encore dit un mot. Et je l’arrête et je lui dis “Jean-Pierre, ça fait cinq minutes que vous me racontez l’histoire, et je n’ai pas encore dit un mot”. Il me dit “non pas encore, ça viendra plus tard”. Je lui dit : “alors c’est pas la peine d’aller plus loin, je fais le film” ».

Il raconte ensuite comment le tournage du film, dans lequel son personnage possède un oiseau en cage, a été perturbé par l’incendie des studios de Melville à Paris. « Je fonce aux studios », se rappelle-t-il.

« Là, je vois Melville avec son Stetson, sa robe de chambre, sa femme, sa secrétaire, qui regardait brûler sa vie », dit-il. « À un moment, il me dit : “mon coco, notre oiseau. Notre oiseau”. Toute sa carrière brûlait, tout était foutu et il pensait à notre piaf qui était en train de griller, et rien d’autre ».

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