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Des ambulanciers à la Concorde pour défendre leur métier, une ambulance brûlée devant l’Assemblée nationale

décembre 4, 2018 13:34, Last Updated: décembre 4, 2018 13:34
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Six cents ambulances ont bloqué toute la journée de lundi certains accès à la place de la Concorde pour obtenir la suspension d’une réforme du transport sanitaire qui, selon eux, menace directement leur métier, un mouvement commencé début novembre qu’ils veulent maintenir séparé de celui des « gilets jaunes ».

Quelque 800 manifestants avec 600 véhicules, selon la préfecture de police, se sont retrouvés tôt près de l’Assemblée nationale où se tenait le vote solennel du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2019. Sur les ambulances, des messages comme « Macron, nous prend pas pour des cons » et « ambulanciers en colère », a constaté l’Agence France Presse (AFP).

Avec également une dizaine de taxis, ils ont bloqué le pont de la Concorde et l’accès à la place depuis la rue de Rivoli. Ils ont été délogés de la rue de Rivoli par les forces de l’ordre à la mi-journée à l’aide notamment de gaz lacrymogènes.

Selon Rachid Soukhmani, président de l’association pour la défense des transporteurs sanitaires (ADTS) à l’origine du mouvement, les ambulanciers ont rejoint la place Vauban (7e arrondissement) non loin du ministère de la Santé en début de soirée. « On nous a dit que la ministre Agnès Buzyn nous attendait mais que la condition sine qua non était de libérer la place de la Concorde », a-t-il dit à l’AFP.

« Et comme par hasard, elle a eu une réunion en urgence à l’Élysée » et les ambulanciers n’ont pas pu être reçus, a-t-il poursuivi.

Le ministère de la Santé a confirmé que la ministre avait dû renoncer les voir, en raison d’une réunion interministérielle sur la crise des « gilets jaunes ».

Selon M. Soukhmani, « une petite centaine » de véhicules sont donc revenus vers 21H00 stationner devant l’Assemblée nationale et sur le pont reliant à la place de la Concorde.

« On n’a pas de limite, (on reste) jusqu’à ce qu’on se fasse déloger », a-t-il assuré à l’AFP.

Les manifestants, gérants ou employés de petites et moyennes entreprises de transport sanitaire, protestent contre l’article 80 du projet de budget de la sécurité sociale 2017, entré en vigueur le 1er octobre 2018.

Cette mesure a renversé les règles des transports entre établissements de santé : désormais, hôpitaux et cliniques choisissent leurs ambulances par appel d’offres et en assument directement le coût, y compris les ambulances privées, auparavant réservées par les patients.

À la tête d’une société d’ambulances des Hauts-de-Seine, Hakim regrette que depuis le passage de l’article 80, « Keolis (filiale de la SNCF, ndlr) a acheté deux sociétés ». Il rappelle que « plusieurs artisans ont acheté des structures, des autorisations de mise en service jusqu’à 200 000 euros, ils vont tout perdre ».

Venu de Charny, dans l’Yonne, Mickaël Giacommazzi assure perdre entre « 10 et 15% de chiffre d’affaires » dans sa société bicéphale taxis/ambulances qui emploie neuf personnes en plus de son associé. « C’est comme si on perdait un poste« , avance-t-il, « pour le moment on essaie de compenser mais sur le long terme ça va être compliqué ».

Pour Pierrick Jean, gérant de deux sociétés d’ambulances en Lozère et en Avignon, ce mouvement qui a commencé en région parisienne début novembre est différent de celui des « gilets jaunes ». « On nous associe aux « gilets jaunes » mais leurs revendications, c’est pas les nôtres. On défend un métier », prévient-il.

D’ailleurs, quand les forces de l’ordre ont repoussé les manifestants de la rue de Rivoli avec des gaz lacrymogènes, « c’était léger », assure Xavier Larcher, gérant d’une société à Boulogne. « On est gentils, nous ! », ironise-t-il après les violences de samedi.

Alors que le ministère de la Santé négocie avec les fédérations de transport sanitaire de plus grande taille, Mme Buzyn a invité lundi matin les manifestants à « ne pas s’inquiéter pour leur avenir ».

La fédération hospitalière de France (FHF, hôpitaux publics) a soutenu dans un communiqué l’opposition à l’article 80, « une réforme calamiteuse » dont elle demande « la suppression ». « Les hôpitaux publics refusent d’être une fois de plus la variable d’ajustement du système de santé », a déclaré son président Frédéric Valletoux.

D. S avec AFP

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