Des centaines de milliers de militants indépendantistes catalans sont descendus samedi dans le centre de Barcelone dans une nouvelle démonstration de masse après les violences qui avaient suivi la condamnation de dirigeants séparatistes pour avoir tenté de faire sécession de l’Espagne.
Quelque 350.000 personnes, selon la police municipale, ont répondu à l’appel des deux grandes associations Assemblée nationale catalane et Omnium cultural, pour défiler dans le calme près du parlement régional.
Brandissant des drapeaux indépendantistes, ils criaient « liberté pour les prisonniers politiques » ou « dehors les forces d’occupation » lorsqu’ils apercevaient des policiers.
« Nous manifestons pacifiquement, nous ne sommes pas violents contrairement à ce que disent les médias espagnols », a assuré Manuela Muñoz, 57 ans, employée dans une usine chimique.
Présentement à Barcelone une grande manifestation se met en branle pour dénoncer la répression de l’État espagnol exercée à l’endroit de celles et ceux qui dénoncent la condamnation des leaders indépendantistes catalans le 14 octobre dernier. #Catalognepic.twitter.com/0rnE6bb3r9
— Claude Duguay ?️ (@ClaudeDuguay2) 26 octobre 2019
Dans la soirée, les unités anti-émeutes a chargé des milliers de manifestants rassemblés près du quartier général de la police à l’appel des Comités de défense de la république (CRD), plus radicaux.
Pendant des heures, les manifestants les avaient nargués en leur lançant des balles de plastique, des canettes en métal ou des pétards, et en criant « fils de Franco », du nom du dictateur qui a gouverné l’Espagne de la guerre civile de 1936 à 1939 jusqu’à sa mort en 1975.
Au total 600 blessés en Catalogne depuis les troubles
C’est la première grande manifestation à Barcelone depuis les troubles qui ont fait au total quelque 600 blessés en Catalogne dans les jours qui ont suivi la condamnation par la Cour suprême de neuf leaders séparatistes à des peines de jusqu’à 13 ans de prison.
Au soir même de la sentence, le 14 octobre, quelque 10.000 personnes avaient tenté de paralyser l’aéroport de Barcelone, se heurtant à la police qui les a empêchés d’entrer. Puis, du mardi au vendredi, les manifestations dans les principales villes de cette région de 7,5 millions d’habitants avaient dégénéré en scènes de guérilla urbaine.
Barricades en feu, jets de pavés, de billes d’acier et de cocktails Molotov contre la police qui ripostait avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc ou en mousse: des scènes de combat de rue inédites pour un mouvement séparatiste qui s’était toujours voulu pacifique.
La tension était retombée depuis et vendredi soir quelques milliers d’étudiants avaient manifesté dans le calme à Barcelone contre « la répression policière ».
Dimanche, la rue sera aux anti-indépendantistes. Ils veulent « dire ‘ça suffit’ à la violence que nous avons vécue et à la confrontation » cherchée par le gouvernement régional séparatiste, a expliqué à l’AFP le président de l’association Societat civil catalana, Fernando Sánchez Costa.
Son organisation a déjà organisé deux grandes marches de la « majorité silencieuse » opposée à l’indépendance, après la tentative de sécession de 2017.
« C’est un message important pour la Catalogne, l’Espagne et le monde, où l’on confond souvent indépendantisme et Catalogne », alors que « nous sommes la majorité », a-t-il souligné.
Des membres du gouvernement socialiste espagnol, dont le ministre des Affaires étrangères, le catalan Josep Borrell, prochain chef de la diplomatie européenne, se joindront à la marche.
Les élus de l’opposition de droite aussi, qui réclament au gouvernement des mesures exceptionnelles contre les violences en Catalogne, à l’approche des élections législatives du 10 novembre. Le chef de l’exécutif Pedro Sánchez s’y refuse jusqu’à présent.
A Madrid, le chef du parti d’extrême droite Vox, Santiago Abascal, a dénoncé samedi devant des milliers de ses partisans brandissant des drapeaux espagnols « la trahison des socialistes » face « au séparatisme criminel ».
Son parti a pris pied au parlement en remportant 24 sièges sur 350 aux élections législatives d’avril mais plusieurs sondages récents en font la troisième force au parlement lors du prochain scrutin.
Arrivé au pouvoir en juin 2018 en partie grâce aux votes des séparatistes catalans, Pedro Sanchez avait entamé avec eux un dialogue qui a vite tourné court.
Il ignore les appels du président de la région Catalogne, l’indépendantiste Quim Torra, qui demande un « dialogue sans condition », une façon d’exiger que le gouvernement accepte une referendum d’autodétermination. Madrid considère que la Constitution ne le permet pas.
« Nous ne parlerons pas d’un droit à l’autodétermination qui n’existe pas, ni dans cette démocratie ni dans aucune autre », a déclaré samedi à la presse la numéro deux du gouvernement, Carmen Calvo.
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