Deux des plus grandes entreprises chinoises d’État spécialisées dans l’énergie nucléaire prévoient de fusionner, offrant ainsi au régime de Pékin une force de frappe lui permettant de construire et de gérer des installations nucléaires dans d’autres pays.
Chaque entreprise apporte sa contribution en vue de la fusion. State Nuclear Power Technology Corp. maîtrise la construction des réacteurs nucléaires modernes de troisième génération. Quant à China Power Investment Corp., elle est l’une des trois seules entreprises du pays à posséder une licence de construction et d’exploitation de centrales nucléaires.
Après la fusion des deux entreprises, la nouvelle entité deviendra incontournable pour quiconque veut acheter, construire ou exploiter des centrales nucléaires.
Selon Le Quotidien du Peuple, l’organe officiel du Parti communiste chinois au pouvoir, le Conseil d’État chinois annoncera «bientôt» la fusion des deux entreprises.
Plusieurs sources de l’industrie auraient confié anonymement au journal que ce mouvement pourrait «déclencher plusieurs partenariats à l’étranger…»
Toujours d’après Le Quotidien, Wang Binghua, président de State Nuclear Power Technology Corp., aurait déclaré lors d’un forum sur l’énergie nucléaire en Afrique du Sud le 17 mars, qu’après la fusion, la nouvelle entité s’appellera State Power Investment Group.
Elle disposera d’un actif de plus de 113 milliards de dollars, pour des ventes annuelles de plus de 32 milliards de dollars, poursuit le rapport.
Les centrales chinoises
Selon le site de l’Association nucléaire mondiale, «l’ambition de la Chine est de pénétrer les marchés du monde entier, grâce à l’exportation de sa technologie nucléaire, y compris celle des composants lourds de la chaîne d’approvisionnement».
La clé du royaume serait, pour ainsi dire, leur réacteur nucléaire de troisième génération l’AP1000. Le régime chinois travaille déjà avec plusieurs pays – de l’Afrique du Sud au Royaume-Uni – pour construire et exploiter leurs puissantes centrales nucléaires.
Le régime de Pékin a réussi à développer ce réacteur nucléaire moderne AP1000 par le truchement d’un accord de co-développement obtenu avec l’américain Westinghouse Electric Corp, en 2008.
Le Quotidien du Peuple rapporte que d’ici à 2030, l’Afrique du Sud prévoit de dépenser 93 milliards de dollars pour acquérir six réacteurs nucléaires. Les entreprises chinoises ainsi que l’entreprise russe Rosatom sont les mieux placées pour remporter ces contrats.
Lors de sa récente visite, Wang a voulu convaincre ses auditeurs que le réacteur AP1000 et la fusion devraient remporter le marché sud-africain offrant au régime chinois plus de crédit pour exporter sa technologie nucléaire de troisième génération en Afrique du Sud.
Les ambitions du régime chinois d’exportation de son énergie nucléaire suscitent de vives inquiétudes non seulement auprès des autres pays sur le marché de l’énergie nucléaire – particulièrement les États-Unis, la Russie et le Japon – mais aussi celles des 48 autres États membres du Groupe des fournisseurs nucléaires (GFN), qui luttent contre la prolifération nucléaire.
Les directives des États membres du GFN interdisent la vente de technologie nucléaire aux pays non signataires du Traité de non-prolifération nucléaire. Epoch Times révélait le 9 février dernier que le régime chinois était actuellement en conflit avec le GFN à cause de l’engagement de Pékin à construire au moins six centrales nucléaires au Pakistan.
La question de la sécurité
En juin 2014, le Premier ministre chinois Li Keqiang signait un accord avec le gouvernement britannique, accordant au régime chinois la fabrication et la gestion des centrales nucléaires du Royaume-Uni.
L’accord a déclenché une avalanche de controverses, en particulier avec le projet Hinkley Point C dans le Somerset, au Sud-Ouest de l’Angleterre. Ce projet donnerait naissance à la première nouvelle centrale nucléaire au Royaume-Uni depuis une génération.
China General Nuclear Power Corp et China National Nuclear Corp figurent parmi les partenaires potentiels pour le projet nucléaire Hinkley Point C. Ces deux entreprises pourraient rafler 30 à 40% du projet, selon un rapport du 20 juin 2014, d’Enerdata, cabinet d’études et de conseil indépendant spécialisé dans le secteur de l’énergie.
Le Daily Mail révélait, peu de temps après la signature de l’accord, «qu’un certain nombre de spécialistes ont déconseillé de laisser à la Chine le contrôle de l’industrie nucléaire anglaise, pour des raisons de sécurité nationale, avertissant que la Grande-Bretagne se retrouverait à la merci du régime communiste».
The Independent cite des dirigeants syndicaux du Royaume-Uni pour qui, confier la gestion des installations nucléaires britanniques au régime chinois, revient à lui donner le pouvoir de «faire la pluie et le beau temps».
En plus des craintes liées à la sécurité, une autre pierre d’achoppement dans le débat, portait sur la situation des droits de l’homme.
Selon The Independant, Paul Flynn, député anti-nucléaire travailliste de Newport West, aurait déclaré à la Chambre des Communes en juin 2014: «Cette Chambre… au vu des effroyables violations des droits de l’homme, estime qu’accepter que l’argent de la Banque chinoise d’Investissement d’État serve à financer de nouvelles centrales nucléaires au Royaume-Uni, revient à accepter de l’argent sale, souillé de sang».
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