Des chercheurs de Stanford ont identifié six types de dépression grâce à l’imagerie cérébrale

Par Amie Dahnke
20 juin 2024 14:05 Mis à jour: 9 juillet 2024 21:43

Une nouvelle étude a permis d’identifier six sous-types de dépression qui répondent différemment à divers traitements.

Des chercheurs de Stanford Medicine ont identifié six sous-types biologiques différents, ou « biotypes », de dépression et d’anxiété en utilisant de nouvelles techniques d’imagerie cérébrale et d’apprentissage automatique.

Ces résultats, publiés lundi dans Nature Medicine, pourraient permettre aux prestataires de soins de santé de mieux traiter les troubles mentaux.

L’auteure principal, Leeanne Williams, directrice du Stanford Center for Precision Mental Health and Wellness à la faculté de médecine de l’université de Stanford, a déclaré que de meilleures méthodes pour faire correspondre les patients aux traitements sont « absolument nécessaires », selon un communiqué de presse.

Suite au décès de son conjoint dépressif en 2015, Leeanne Williams a concentré son travail sur la psychiatrie de précision.

Les auteurs de l’étude ont évalué les images cérébrales de 801 personnes diagnostiquées comme souffrant de dépression ou d’anxiété et ont identifié six schémas d’activité cérébrale. Ils ont constaté que ces groupes d’activité cérébrale étaient associés à des réponses différentes aux médicaments et à la thérapie et qu’ils étaient déclenchés par des stimuli différents.

« L’objectif de notre travail est de déterminer comment obtenir de bons résultats dès la première fois », explique-t-elle dans le communiqué de presse. Actuellement, environ 30 % des personnes souffrant de dépression ne voient pas d’amélioration avec les médicaments pharmaceutiques, et pour deux tiers d’entre elles, les médicaments et la thérapie ne parviennent pas à ramener les symptômes à des niveaux normaux.

Selon elle, la raison tient en partie au fait que la thérapie médicamenteuse est généralement prescrite sans savoir ce qui va marcher ou ne va pas marcher. Il peut se passer des mois, voire des années, avant que ne soit trouvé le bon médicament.

« Il est très frustrant de travailler dans le domaine de la dépression et de ne pas disposer d’une meilleure alternative à cette approche unique », a-t-elle déclaré.

Identifier les sous-types de dépression

Leeanne Williams et son équipe ont utilisé une IRM fonctionnelle pour mesurer l’activité cérébrale de 801 participants. Les cerveaux des patients ont été scannés au repos et pendant qu’ils effectuaient différentes tâches pour tester leur fonctionnement cognitif et émotionnel.

L’équipe de recherche a également eu recours à l’apprentissage automatique pour identifier et regrouper les schémas en grappes.

Les six sous-types sont les suivants :

• Type A (169 patients) : connexions anormalement élevées entre les réseaux du repos, de la récompense et de l’attention.

• Type B (161 patients) : connexions anormalement faibles dans le réseau de l’attention.

• Type C (154 patients) : activation cérébrale anormalement élevée lors de l’exposition à un stimulus triste ou joyeux.

• Type D (258 patients) : activité élevée dans le cortex préfrontal, responsable de la prise de décision et de la planification des tâches.

• Type E (15 patients) : connexion et activité anormalement faibles lors de l’exposition à des visages menaçants et à des tâches cognitives.

• Type F (44 patients) : pas de dysfonctionnement substantiel du réseau cérébral.

Les patients de type A étaient lents à identifier les visages tristes et commettaient plus d’erreurs dans un test de labyrinthe, ce qui indique un dysfonctionnement de la planification et de l’organisation. Ils ont également réagi plus lentement lors d’un test d’attention.

Les patients de type B pouvaient traiter l’information rapidement mais commettaient des erreurs lors des tests d’attention. Ils pouvaient identifier rapidement un stimulus menaçant.

Les patients de type C présentaient des niveaux élevés d’anhédonie, c’est-à-dire une incapacité à éprouver du plaisir. Ils ruminent également davantage.

Les patients de type D présentaient le niveau d’anhédonie le plus élevé et ont tendance à devenir anxieux plus facilement. Ils commettent également plus d’erreurs lors d’un test évaluant la planification et l’organisation.

Les patients de type E ont tendance à moins ruminer que les autres biotypes et réagissent plus rapidement aux visages tristes.

Enfin, les patients de type F ne présentaient pas de dysfonctionnements proéminents mais étaient plus lents à réagir aux stimuli menaçants.

« À notre connaissance, c’est la première fois que nous avons pu démontrer que la dépression peut être expliquée par différentes perturbations du fonctionnement du cerveau », explique-t-elle. « Il s’agit d’une démonstration d’une approche médicale personnalisée pour la santé mentale, basée sur des mesures objectives du fonctionnement du cerveau.

Lien entre la thérapie et les types de dépression

L’équipe de recherche a également affecté, de façon aléatoire, un des trois antidépresseurs les plus couramment utilisés, ou une thérapie par la parole, à un panel de 250 participants. Les auteurs ont constaté que chaque groupe avait tendance à réagir différemment au traitement ou aux médicaments.

Les patients dont la dépression se caractérisait par une hyperactivité de certaines parties du cerveau ont mieux réagi à la venlafaxine, un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la noradrénaline couramment utilisé. Il s’agissait notamment de patients de type D présentant une activité élevée dans les régions du cerveau responsables de la planification et de la prise de décision.

Les patients de type A, dont le cerveau présente un niveau d’activité plus élevé dans trois régions associées à la dépression et à la résolution de problèmes, ont constaté que leurs symptômes étaient mieux soulagés par la thérapie par la parole. En revanche, les patients de type B, dont le cerveau présente une activité plus faible dans la partie du cerveau qui contrôle l’attention, sont moins susceptibles d’en tirer profit.

Le Dr Jun Ma, professeur de médecine à l’université de l’Illinois à Chicago et coauteur de l’étude, note que la thérapie comportementale, en particulier, aide les patients à apprendre à résoudre leurs problèmes quotidiens, ce qui peut être utile pour ceux qui ont une activité élevée dans les régions du cerveau qui s’occupent de la résolution des problèmes.

« Pour faire avancer la psychiatrie de précision, nous devons identifier les traitements les plus susceptibles d’être efficaces pour les patients et les leur faire suivre le plus rapidement possible », dit-il. « Le fait de disposer d’informations sur leur fonction cérébrale, en particulier les signatures validées que nous avons évaluées dans le cadre de cette étude, permettrait d’élaborer des traitements et des prescriptions plus précis pour les individus. »

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