POLITIQUE

Des collaborateurs de la BPI soupçonnés de prise illégale d’intérêts

juillet 26, 2023 16:00, Last Updated: juillet 26, 2023 21:44
By

L’hebdomadaire Marianne a révélé dans un article publié le 17 juillet que 200 collaborateurs de la Banque publique d’investissement (Bpifrance), dont le Directeur général Nicolas Dufourcq, ont investi massivement dans un fonds apparemment lucratif lancé par la banque publique en 2020. Mais l’opération financière a éveillé les soupçons de la Cour des comptes. Nicolas Dufourcq et la BPI ont réagi quelques jours plus tard.

Le lucratif fonds BE1 

Reprenant un rapport de la Cour des comptes sur les activités d’investissement de Bpifrance datant du 12 juin 2023, Marianne nous apprend que le Directeur général et quelque 200 employés ont investi dans un fonds nommé « Bpifrance Entreprises 1 » ou « BE1 ». Ce fonds d’investissement avait été lancé en pleine crise sanitaire sur demande du ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Lemaire, pour permettre aux Français « d’investir plus facilement leurs économies dans les entreprises françaises », dans le cadre de la loi Pacte.

L’hebdomadaire raconte que « les investisseurs ont doublé leur mise en moins de deux ans et demi, soit un gain d’un peu plus de 100 millions d’euros », ajoutant que le prix d’entrée de ce « fonds commun de placement à risque » était fixé à 5000 euros.

Les soupçons de la Cour des comptes et le signalement 

Dans la conclusion intermédiaire du même rapport, les magistrats de la juridiction financière ont souligné les « questions déontologiques » soulevées par l’investissement massif des collaborateurs, « dont les dirigeants » dans le fonds BE1, et ont notamment appelé dans les recommandations, à « maintenir un cadre déontologique rigoureux s’appliquant aux salariés de Bpifrance pour la gestion des fonds BE, BE2 et des autres fonds de même nature qui viendraient à être créés ».

La Cour des comptes a confirmé à l’AFP lundi 17 juillet « qu’aucun délit n’avait été constaté » à l’issue de son examen de la situation, avant d’ajouter qu’elle a eu « accès aux analyses de l’Autorité des marchés financiers (AMF) ainsi qu’à des documents internes à l’administration examinant le risque de conflit d’intérêts et le caractère déontologique de ces investissements ». La Cour a aussi souligné que « les réserves exprimées par les actionnaires ont amené Bpifrance à interdire (par lettre individuelle) aux membres des conseils d’administration, aux membres du comité de management général de Bpifrance et des membres de l’équipe projet, de souscrire au fonds successeur BE2 ».

Elle a toutefois adressé le mercredi de la même semaine un signalement au parquet national financier (PNF) sur de possibles conflits d’intérêts liés à l’investissement en question. Selon une source judiciaire, le signalement est actuellement analysé par le PNF. Le procureur général de la Cour des comptes « n’a pas de commentaire à formuler sur un dossier qu’il a transmis au PNF » a aussi indiqué la juridiction financière.

Les réactions de Nicolas Dufourcq et de la BPI

Le Directeur général de la Banque publique d’investissement n’a pas tardé à réagir. Dans un post publié sur le réseau social LinkedIn, peu de temps après les révélations de Marianne, Nicolas Dufourcq a indiqué que la BPI « s’inscrit en faux contre ces accusations ». « Il n’y a pas eu de prise illégale d’intérêt, pas d’information privilégiée et encore moins de braderie », a-t-il poursuivi. De son côté, Bpifrance a affirmé vendredi 21 juillet à l’AFP avoir été « informée par voie de presse » de la procédure, et que le fonds Bpifrance Entreprises 1 « a fait l’objet de l’ensemble des contrôles internes et externes en vigueur ». Enfin, la BPI a annoncé qu’elle « répondra naturellement à toutes les questions du PNF ».

Si l’affaire s’envenime, elle peut impacter le pouvoir en place. Comme le rappelle Marianne, Nicolas Dufourcq est un proche d’Emmanuel Macron.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER