Distributeurs de billets: des maires prêts à payer pour assurer leur présence en ville

Par Epoch Times avec AFP
22 novembre 2022 16:10 Mis à jour: 22 novembre 2022 16:58

De plus en plus de maires sont prêts à verser plusieurs dizaines de milliers d’euros à des transporteurs de fonds pour installer des distributeurs automatiques de billets (DAB) dans leur commune, afin de suppléer à la fermeture d’agences bancaires ou soutenir les commerces de certains quartiers.

Lorsque le bureau de poste situé dans le quartier du Plateau de Viry-Châtillon, en Essonne, a fermé il y a quelques années, « les gens l’ont pris comme une désertion », raconte à l’AFP le maire Jean-Marie Vilain (UDI).

Un an et demi après, c’est l’agence bancaire de ce quartier classé prioritaire par la politique de la ville qui disparait, le groupe préférant en ouvrir une au centre-ville, où d’autres enseignes sont déjà présentes, privant ainsi ce quartier de tout moyen de retirer de l’argent liquide.

Si le distributeur le plus proche n’est pas très éloigné à vol d’oiseau, il faut toutefois traverser l’autoroute, signale le maire.

Après avoir sollicité plusieurs banques sans succès, le maire a fait appel à la société suédoise Loomis pour mettre à disposition, contre rémunération de la commune, l’un de ses distributeurs de billets, qui devrait être opérationnel d’ici à la fin de l’année et pourrait être utilisé par 8000 personnes.

Coût de l’opération pour la municipalité : plus de 70.000 euros pour les travaux d’installation, l’automate nécessitant la construction d’un local technique, et 1600 euros par mois pour les frais d’entretien et de gestion de la machine, un tarif qui peut diminuer avec l’augmentation du nombre de retraits.

Par chance, la commune a pu bénéficier d’une subvention de la métropole du Grand Paris équivalant à 50% de la facture.

Un nombre de distributeurs en baisse

Aujourd’hui, la société Loomis, qui a débuté cette activité en 2021, a installé 136 automates en France et vise un total de 300 à fin 2023.

Ces DAB indépendants de tout réseau bancaire « ont affiché une forte dynamique de croissance en 2021 », soulignait la Banque de France dans un rapport en juillet. « Le parc a presque triplé entre 2020 et 2021, atteignant plus de 300 automates ».

En parallèle, le nombre total de distributeurs, tous types confondus, a baissé de près d’un millier sur la même période, passant de 48.831 à 47.853, un recul de 2% et même de près de 10% par rapport à 2018.

Sollicitée par l’AFP, la Fédération bancaire française précise cependant que 200 DAB ont ouvert dans des communes de moins de 500 habitants en 2021 et que la France compte près du tiers des agences bancaires de la zone euro.

Si la banque centrale rappelle régulièrement que plus de 99% de la population est à moins de 15 minutes en voiture d’un distributeur, cette distance n’est pas anodine pour tous.

Des distributeurs qui bénéficient aux commerçants

« Le besoin de distributeur existe encore, en dépit du (paiement) sans contact », devenu le mode de règlement privilégié des Français depuis la crise sanitaire, et pas seulement dans les zones rurales, défend M. Vilain. Surtout pour des populations vulnérables qui surveillent de près leurs dépenses.

Les campagnes ont été les premières à solliciter les transporteurs de fonds mais aujourd’hui « ce besoin (d’un DAB) est redevenu prioritaire pour dynamiser les quartiers en périphérie des grandes villes », souligne Pierre-Yves Locatelli, directeur commercial chez Loomis France.

« Les personnes vont en général faire leurs courses autour du distributeur », ce qui profite aux commerçants, renchérit Stéphanie Courtois, directrice marketing, communication et RSE de Brink’s France, autre acteur important du DAB indépendant en France, avec Loomis et Euronet.

Les revenus tirés de cette activité sont encore dérisoires pour ces entreprises, qui gèrent déjà au quotidien des dizaines de milliers de distributeurs pour le compte des banques, mais cela leur permet de sécuriser leur activité principale, dépendante de l’utilisation du cash.

Depuis plusieurs années, les banques ont externalisé la gestion des espèces, et le groupe BPCE a même vendu son réseau de DAB à Brink’s.

Prochaine étape à partir de début 2023 : la mise en commun des distributeurs de BNP Paribas, Crédit Mutuel et Société Générale, qui représentent environ 40% de l’offre d’accès aux automates.

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