Des cours « d’éducation à la puberté » qui se révèlent être des cours de « sexualisation » de jeunes enfants

Par Sarita Modmesaïb
4 novembre 2023 12:34 Mis à jour: 4 novembre 2023 12:34

Dans un reportage publié le 2 novembre, le journaliste Armel Joubert des Ouches a enquêté sur le phénomène de sexualisation des élèves dès l’école primaire.

Le journaliste du magazine Nexus a interrogé des parents dont les enfants ont vécu des cours « d’éducation à la puberté » donnés par l’infirmière scolaire.

À Montpellier, Benoît témoigne des réactions de sa fille de 11 ans après avoir suivi ce cours. « Elle est clairement choquée », déplore ce père de famille, décrivant l’état de sa fille Elia après avoir suivi ce cours au mois de mars 2023. « C’était présenté comme un cours d’éducation à la puberté, mais en fait, il n’y a rien de puberté, c’est un cours d’éducation sexuelle, et c’est carrément parler de sexe.

« Une erreur d’appréciation »

Déplorant que les parents n’aient pas été mis au courant de ces « cours », le père a donc interrogé son enfant et reporte des phrases dites par l’infirmière : « Chez les garçons, pour faire plaisir aux garçons, on presse, on presse, on presse, et le sperme, il sort » ou encore « les capotes, il faut qu’elles soient humidifiées, sinon, ça accrochait au corps de la personne ».

À Saint-Étienne, Stella rapporte qu’en janvier 2023, son fils Thibault est revenu perturbé de l’école après avoir aussi subi l’un de ces cours. « Pour le plaisir, une fille pouvait sucer le pénis d’un garçon », aurait affirmé l’infirmière. Cette professionnelle de la santé scolaire aurait également abordé le changement de sexe, affirmant « pour bloquer les poils et la barbe, on peut prendre des médicaments ».

Quelques parents d’élèves ont dénoncé ces faits, faisant la une des médias et conduisant le rectorat à reconnaître « une erreur d’appréciation ».

« Une incitation pornographique assumée »

Pourtant, Armel Joubert des Ouches rappelle que ces informations sont déjà disponibles en ligne et destinés aux jeunes. Sur le site Onsexprime.fr, publication de Santé Publique France, et référencé par le site Eduscol, masturbation, fellation, sodomie et autres positions sexuelles sont très largement décrites avec « images enfantines » à l’appui.

« Nous sommes très clairement ici dans une incitation pornographique assumée. Avec de telles références, professeurs et infirmières ne peuvent qu’être entraînés à donner des cours, non plus d’éducation sexuelle comme on le prétend, mais à donner des cours d’incitation à la perversion sexuelle », déplore le journaliste.

Pour Armel Joubert des Ouches, l’origine de ces pratiques « d’éducation sexuelle » remonte à Alfred Kinsey, professeur de zoologie américain devenu ensuite « la référence mondiale en matière de sexologie », dans les années 60. Mais l’homme s’est révélé être surtout « un pervers pédophile sexuel » qui a « fait campagne pour l’abrogation de toute législation restreignant la liberté sexuelle, estimant que les gens ne seraient libres et épanouis qu’une fois levées les contraintes de la moralité judéo-chrétienne », estime Armel Joubert des Ouches.

« Pas capable, psychologiquement, d’entendre des propos aussi crus »

Afin d’en savoir plus sur les effets de tels « cours » sur de jeunes enfants, Cécile Edel, psychologue clinicienne spécialiste de l’enfance, explique : « En primaire, le développement psycho-affectif, le développement cognitif, le développement intellectuel de l’enfant n’est pas du tout abouti. L’enfant est très immature psychologiquement, il n’est pas capable, psychologiquement, d’entendre des propos aussi crus, de pouvoir les intégrer, de pouvoir les intérioriser et de pouvoir prendre le recul nécessaire. Donc, quand un enfant entend des propos qui ont un tel impact, cela fait l’effet d’un trauma, un traumatisme psychique. L’enfant n’est pas du tout prêt…Il est en début de maturation… à 9, 10 ans, il est tout au début de sa puberté, donc il n’a pas tous les mécanismes de défense, tous les moyens d’intégrer ce genre d’information, surtout au niveau de la sexualité. »

La psychologue ajoute ainsi que l’enfant, « face à un traumatisme, n’est plus capable d’élaborer psychologiquement, n’est plus capable de faire marcher son intellect. Il y a une sorte de mutisme, de sidération mentale. […] Donner des réponses à des enfants sur la sexualité avant même qu’ils aient posé la question, cela peut être très grave. »

En outre, si les spécialistes de l’enfance s’accordent à dire que « la sexualité est une pulsion qu’on ne peut pas éveiller trop tôt, il ne faut pas s’étonner qu’après, il y ait des troubles du comportement, avec des pulsions très fortes, de la violence même ».

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